Entre prairies inondables et forêts luxuriantes, le Grand Ried alsacien est un trésor de biodiversité, que Pierre Hieber explore sans relâche depuis une quinzaine d'années. Il propose des sorties nature à la découverte de la faune et de la flore, et notamment du chevreuil, que l'on peut observer de mai à fin septembre.
Il n'est pas très grand, entre 57 et 67 cm au garrot, pas très lourd, entre 17 et 25 kg, mais il court vite, avec des pointes à 100 km/h. "Le chevreuil est finalement assez farouche, et il faut avoir beaucoup d'humilité pour l'observer" confie Pierre Hieber. Cela fait 15 ans que cet habitant du Ried, dans le centre Alsace, est guide nature, depuis qu'il est à la retraite. Il a même suivi une formation spécifique auprès d'Alsace Nature. Et depuis, il propose à des petits groupes de prendre un grand bol d'air frais, parfois pour observer les oiseaux, parfois pour parler des arbres ou des plantes.... Mais aussi, pour aller à la rencontre de ce cervidé qu'il affectionne tout particulièrement.
On estime qu'il y a près de deux millions de chevreuils en France, et en particulier dans le grand Ried. "Ils y trouvent le gite et le couvert" s'amuse Pierre Hieber. La nourriture, car ils peuvent à loisir brouter les herbages des vastes prairies, et un abri car en cas de danger, il peut très rapidement se mettre à couvert dans la forêt galerie. Mais à vrai dire, les prédateurs n'existent plus. Il ne reste plus guère qu'une espèce "le bipède" cite Pierre Hieber. "Un bipède qui prend la forme du chasseur, et qui est aujourd'hui le seul à réguler l'espèce".
S'intéresser au chevreuil, c'est aussi s'attacher à son environnement. Et à rebours des idées reçues, le guide nature voit du mieux. "Il y a une évolution dans le bon sens dans les mentalités et les pratiques" affirme-t-il. D'abord, la majorité des agriculteurs du secteurs sont sous convention de fauche tardive. Cela veut dire qu'ils attendent fin juin, et non plus début mai pour faucher, et pour le cycle de vie de la faune sauvage c'est important".
Les agriculteurs ne sont pas les seuls à prendre en compte ces impératifs. "Aujourd'hui, par rapport à il y a dix ans, on voit moins de quads et de motos tout terrain sillonner le secteur, au mépris de l'environnement" ajoute-t-il. Tout ça est en train de se mettre en place, mais c'est encore fragile.
Un écosysteme préservé
Pierre Hieber organise également des sorties nature axées sur les arbres ou les plantes. Quels sont les végétaux comestibles? Comment identifier les plantes thérapeutiques ? Des thématiques qu'il aborde avec précaution. "Il faut faire attention aux plantes que l'on utilise, le dosage est important, précise-t-il, et les interactions avec d'autres médicaments peuvent être dangereuses."
Il faut de la patience et de la retenue pour comprendre la nature et respecter son équilibre. Sur les traces du chevreuil dans le grand Ried, l'itinéraire passe par une source de la nappe phréatique. C'est une résurgence des eaux souterraines sous la pression des bancs d'argile. "Une merveille, d'une limpidité extraordinaire, s'extasie le guide. Les gens savent que cette source existe, mais il ne la localisent pas forcément, et c'est tant mieux, dit-il. On échappe aux hordes de touristes en autocar." Evidemment, ça briserait quelque peu la magie du site. Lui, limite les groupes qu'il emmène à une dizaine de personnes. Prochaine sortie fin septembre, sauf en cas de pluie.