Alsace : immersion dans une ferme biologique, à la découverte du woofing

Pour découvrir le monde à moindre coût, de plus en plus de personnes choisissent le woofing : travailler bénévolement dans une ferme, en échange du gîte et du couvert. En Alsace, une dizaine d'agriculteurs leur ouvrent les portes. C'est le cas de Jean-Daniel Steib, à Horbourg-Wihr (Haut-Rhin). Immersion.

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Le jour ne s'est pas encore levé qu'Haruka Furuse s'active déjà en salle de traite. Dans le silence, elle évolue avec entrain au milieu des vaches. La Japonaise de 21 ans n'a déjà plus de conseil à recevoir de Jean-Daniel Steib, l'agriculteur chez qui elle est venue poser ses valises pour une semaine. C'est pourtant la première fois qu'elle côtoie ce type de bêtes.

"Je suis originaire de Tokyo, j'ai toujours vécu en ville. Tout ici est une découverte pour moi", sourit-elle. Chaque jour, elle est fidèle au poste, à six heures du matin. La jeune femme, arrivée à Lille en septembre 2021 pour ses études, veut apprendre autant que possible, comprendre comment travaille un agriculteur en France.

"J’étudie les sciences politiques, je m’intéresse tout particulièrement aux politiques alimentaires et notamment aux différences entre le Japon et la France. Donc j’avais envie de voir comment fonctionne l’agriculture ici, confie-t-elle. J'étais attirée par l'Alsace, j'ai trouvé Jean-Daniel sur le site de woofing, je l'ai sollicité et il a accepté ma venue."

Changer le regard sur les agriculteurs

Jean-Daniel Steib explique, montre, commente. Passionnément. S'il a décidé fin 2020 de recevoir des woofeurs, c'est bien sûr pour trouver de la main d'œuvre bénévole mais aussi pour faire connaître son métier.

"Je trouve que nous avons un gros problème de communication, affirme-t-il. Accueillir des gens permet de changer la vision qu'ils ont des agriculteurs, ils se rendent compte de notre travail. Ça ne va pas tout révolutionner du jour au lendemain, mais si chacun peut faire évoluer un peu les choses à son niveau...".

La charte du woofing suggère une participation de cinq demi-journées par semaine aux travaux de la ferme. Une organisation très libre, pas de contrat, pas de signature. "En hiver, l'activité est plus calme, on peut plus facilement consacrer du temps aux woofeurs, poursuit Jean-Daniel Steib. En été, c'est parfois plus compliqué, car même si leur aide lors de la traite est vraiment bienvenue, on ne peut pas les comparer à un salarié. Il faut souvent tout leur apprendre. Alors, parfois, on les envoie visiter les environs pour avancer efficacement".

Un voyage réciproque

Quand il a fini de décrire à ses woofeurs comment donner le foin aux vaches, conduire le tracteur ou travailler dans les champs, l'agriculteur d'Horbourg-Wihr les emmène aussi lui-même faire du tourisme. Dans la petite chapelle accolée à la ferme, par exemple. Elle offre une vue imprenable sur les Vosges d'un côté, sur la Forêt-Noire de l'autre.

Haruka Furuse apprécie. C'est ce qu'elle attend également du woofing : découvrir des cultures et des lieux auxquels elle n'aurait pas accès autrement. Avec Doris, la femme de Jean-Daniel, elle goûte aux spécialités alsaciennes : le fromage blanc, le munster... "Vous utilisez de l'ail aussi au Japon ?". "Oui, oui, beaucoup". L'échange est réciproque, le voyage partagé. Car les woofeurs mangent et dorment chez le couple.

"On a accueilli une dame du Salvador, une Chinoise, des Allemands, des Suisses, des gens de partout en France, un Brésilien s'est manifesté... C'est très intéressant de les écouter raconter comment ils vivent chez eux", raconte Doris Steib. Son mari complète : "En tant qu’éleveur de vaches et d’animaux, on doit constamment être chez soi. C’est bien plus facile d’accueillir une Japonaise pendant 10 jours que de prendre 10 jours pour aller au Japon."

Le woofing existe aux quatre coins du monde. L'Australie et la Nouvelle-Zélande sont des destinations particulièrement prisées, notamment par des jeunes, qui se déplacent de ferme en ferme pour gagner de l'argent pendant leur road trip. Mais l'aventure est ouverte à tous les âges. En France, plus de 2.000 agriculteurs sont prêts à recevoir des hôtes.  

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