Alsace : les agriculteurs commencent les moissons avec inquiétude, "on ne sait pas trop où on va"

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Les moissons 2022 ont débuté dès la mi-juin en Alsace. Les orges ont ouvert le bal, suivis par le colza. Dans une année difficile sur les plans climatique et financier, les céréaliers alsaciens font grise mine avant de récolter les blés.

2022 restera une année précoce pour les agriculteurs alsaciens. Les récoltes d'orge ont commencé dès la mi-juin, et les premiers épis de blé devraient être fauchés début juillet. Les céréaliers abordent l'été avec crainte, eux qui ont vu leurs charges exploser depuis plusieurs mois.

En 2021, la pluie était l'invitée surprise de l'été. Elle avait poussé les agriculteurs à retarder les récoltes, eux qui s'étaient habitués depuis plusieurs années à les avancer en raison des sécheresses et des canicules : "Des bouts de parcelles n'avaient même pas pu être récoltés. On avait même dû moissonner avec des chenilles", se souvient Jean-Louis Galais, de la Chambre d'agriculture d'Alsace.

Un an plus tard, les moissons débutent beaucoup plus tôt : "Les orges sont toujours plus précoces. Des champs ont commencé à être coupés dans les secteurs de Sainte-Croix-en-Plaine ou autour de Sélestat. Ce ne sont pas les meilleures parcelles, alors forcément, les résultats ne sont pas excellents."

Trop tôt pour faire un premier bilan

Un constat que partage Nicolas Dieterich, secrétaire général des Jeunes agriculteurs du Haut-Rhin et éleveur dans le Sundgau, où la récolte des colzas a elle aussi débuté : "Des seuls retours que j'ai eu, ce n'est pas bon du tout. Après, c'est surtout dans les parcelles avec beaucoup de cailloux, c'est là que ça a séché le plus vite. On verra ce que ça donne dans les bonnes terres, là c'est trop tôt."

Mais s'il y a bien quelque chose dont les agriculteurs sont certains, c'est qu'il aura fait chaud et sec au printemps : "Dans les secteurs où on ne peut pas arroser, le coup de sec qu'on a eu se voit beaucoup plus. En mai et juin, on n'a presque pas eu de pluie. Certaines parcelles sont dans de très mauvaises conditions", analyse Jean-Louis Galais. "La dernière semaine était de trop", ajoute Nicolas Dieterich.

On ne sait pas trop où on va.

Nicolas Dieterich

Secrétaire générale des Jeunes agriculteurs du Haut-Rhin

Résultat, le moral des professionnels en a pris un coup : "On ne sait pas trop où on va, avoue l'éleveur. Alors oui, le prix des céréales est en hausse, mais s'il n'y a pas de kilos dans la benne, il n'y a pas de kilos!"

S'ajoute à cela une augmentation des charges, dans un contexte d'inflation galopante : "Le gazole explose, on ne sait pas comment on va finir l'année ! Tous les jours, on se demande à quel prix le voisin a eu son gazole. Ça peut monter à 1,50€ le litre", témoigne Nicolas Dieterich.

C'est dans ce contexte d'inquiétude et de crainte pour l'avenir que l'épisode 2022 des moissons commence. Pour ne pas ajouter au stress, les agriculteurs demandent du respect aux automobilistes qui suivent ou croisent tracteurs et moissonneuses-batteuses : "Tous les jours, on se fait klaxonner. Nous aussi, on aimerait bien aller plus vite!" Patience donc.

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