Rund Um. Bouxwiller vient d'entrer dans la grande famille des "Petites cités de caractère". Pas de chèque à la clé mais cette distinction lui permettra de profiter des idées innovantes mises en place par d'autres communes de France pour dynamiser leurs centres-villes et attirer une nouvelle population. La crise du covid pourrait d'ailleurs les y aider.
Bouxwiller (Bas-Rhin) c'est 3000 habitants, 4000 si l'on compte les communes associées. Mais chaque année, elle perd des dizaines d'habitants. Le constat est sans appel, la commune n'attire pas.
Danièle Acker a elle aussi fait ce constat depuis bien longtemps. Cette fleuriste installée à Bouxwiller depuis 37 ans a vu les clients déserter le centre-ville. "Avant, je préparais des jardinières au printemps pour les personnes âgées qui habitaient autour du magasin. Ces personnes sont décédées et personnes ne les a remplacées. Dernièrement, le cabinet de masseurs qui se trouvait un peu plus haut dans la rue a déménagé dans une zone d'activité privée en bordure de ville. Avant, les patients qui s'y rendaient achetaient de temps à autre un petit bouquet. Là c'est fini. Ajoutez à cela la crise, ça devient très compliqué. Je vais bientôt prendre ma retraite mais je ne sais pas si l'une de mes employées va pouvoir reprendre l'enseigne. Je ne sais pas si ça peut rester rentable".
Danièle Acker est également élue au conseil municipal: "il faut changer les choses c'est sûr, attirer des touristes, installer des jeunes et surtout arrêter de déplacer les commerces en périphérie. Les commerces du centre-ville doivent rester en centre-ville, sinon, ça ne marchera pas". La commerçante en a presque les larmes aux yeux.
Derrière les magnifiques maisons à colombage du centre-ville, derrière les belles façades restaurées, on découvre bien souvent des maisons abandonnées ou aux murs fissurés. Des vitrines vides se succèdent. Mais la ville a également bien des atouts.
Des commerces sont là et restent là: boulangeries, salons de thé, pharmacie, agence immobilière, librairie, coiffeurs...Certains sont même florissants comme ce pâtissier-antiquaire qui a ouvert un salon de thé dans une maison alsacienne: "au début j'étais sceptique", explique Pascal Roth. "Mais je dois dire que ça marche très bien. Certains jours, nous ne désemplissons pas. Et nous sommes ouverts le dimanche. Nos clients réservent pour avoir une chance d'avoir une place. Il y a du potentiel ici mais il faut les commerçants s'entendent et se serrent les coudes".
Attirer de nouveaux commerçants, telle est la tâche de l'élu chargé du patrimoine, Freddy Staath. "L'ancienne municipalité a installé de jeunes ébénistes dans le centre-ville. Quand vous passez devant la vitrine, vous pouvez les voir travailler. Nous sommes vraiment fiers de cela. Il faudrait que nous puissions attirer d'autres jeunes artisans comme eux".
L'adhésion récente de Bouxwiller au réseau des "Petites cités de caractère" permet d'échanger avec d'autres communes du même gabarit. "Nous avons échangé avec elles, avec Joinville notamment. Nous avons pu constater que le patrimoine pouvait devenir un élément d'attractivité et plus seulement une charge financière pour la commune. Des communes du réseau ont réussi, par de grandes actions qui s'adossent au patrimoine, à attirer de nouveaux habitants. Et avec le covid et l'envie des gens de sortir des villes, Bouxwiller pourrait être une solution en or pour eux. Ville moyenne, avec des commerces, des écoles, collège, lycées. Nous avons un musée, un théâtre...Tout est là". Prochain chantier: la végétalisation de la place du château, vide et minérale. "Nous allons y installer un kiosque et une terrasse de café", explique Freddy Staath.
Bouxwiller devient la seule "petite cité de caractère" d'Alsace. Elle a également été choisie pour entrer dans le programme national des "petites villes de demain". Bouxwiller s'engage tous azymuts dans tous les dispositifs disponibles et espèrent bien, trouver là, les moyens de remettre de la vie en centre-ville.