Depuis quelques années, la "skincare coréenne" est partout sur les réseaux sociaux. Mais depuis quelques mois, ces produits de beauté tendance s'invitent aussi dans les boutiques physiques. À Strasbourg, deux nouveaux points de vente ont émergé en 2024 et à Mulhouse, une boutique y est entièrement dédiée depuis fin 2024. Reportage.
Des rayonnages où il ne reste que les testeurs, des produits soldés écoulés en moins de deux jours... Voilà ce que connaît ce grand magasin de Strasbourg depuis qu'il a commencé à commercialiser des cosmétiques sud-coréens à l'automne 2024. Au rayon beauté, il s'en vend désormais plus que les marques occidentales.
Ces soins, rendus populaires sur TikTok ou Instagram, ont envahi l'Alsace ces derniers mois. Parapharmacies, enseignes de déstockage, corners éphémères ou encore boutiques dédiées, comme à Mulhouse (Haut-Rhin) où deux Alsaciennes ont lancé leur affaire en décembre 2024 : la "skincare" (comprenez : soins de la peau) coréenne est partout.
Des prix imbattables
La raison de ce succès ? L'essor des routines de soin de la peau chez les adolescents et jeunes adultes. Mais surtout, des produits bien plus abordables que leurs homologues occidentaux.
Dans le rayon beauté de ce grand magasin, le produit le plus cher est une crème pour le contour des yeux aux sécrétions d'escargot, vendue à 36 euros. Un prix équivalent aux produits les moins chers des grandes marques occidentales.
"En France, le soin c'est super cher," déplore Sarah-Estelle, 21 ans, croisée devant le rayon sud-coréen. "En fait, si on veut avoir une belle peau, il faut avoir de l'argent."
Omri, un jeune homme de 20 ans abonde dans ce sens : "Ah oui, l'avantage, c'est d'abord le prix."
Car les acheteurs sont avant tout des jeunes adultes ou des adolescents, qui ont découvert la tendance sur les réseaux sociaux. Dans une parapharmacie du sud de Strasbourg, Isabelle, vendeuse, s'en amuse : "Au début du mois, [quand ils ont reçu leur argent de poche], les jeunes viennent et font leur petit package de produits coréens. Même si on remarque que les mamans s'y mettent de plus en plus aussi."
Des produits qui doivent se conformer aux normes européennes
L'autre principal argument de vente de la skincare coréenne, c'est sa qualité. "Environ 90% des produits sont testés par des dermatologues," affirme Mathilde, vendeuse dans une grande enseigne. "Et les gens sont convaincus aussi parce qu'en Corée, la technologie est avancée de dix ans par rapport aux marchés occidentaux."
Seule différence, ces produits n'étant pas fabriqués en Europe, ils ne bénéficient pas des normes EN qui protègent les consommateurs.
Nous avons donc voulu tester leur qualité. Sur cinq produits coréens scannés via l'application Yuka, trois obtenaient une note excellente de plus de 85 sur 100, un était jugé "médiocre" et un dernier obtenait un zéro pointé.
"Les produits coréens, ce n'est ni plus ni moins que ce qu'on connaît depuis longtemps, mais avec beaucoup de publicité," estime Catherine Gaucher, membre du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues de France. "Il y a dedans des produits qui sont naturels, mais il est probable qu'ils en mettent en plus grande concentration."
Avant de tout changer pour une routine 100% coréenne, mieux vaut donc consulter un professionnel de la peau, en particulier pour les plus jeunes. "Ce qui se passe là, c'est que les jeunes filles écoutent les conseils d'influenceuses qui ne sont pas du tout des professionnelles. Alors que la première chose à faire, ce serait consulter un dermatologue ou si elles ne sont pas malades, au moins aller voir une esthéticienne. Il y a des peaux qui n'ont pas besoin de tout ça, en tout cas pas deux fois par jour," avertit Catherine Gaucher.
La référence beauté de demain ?
Selon nos différents interlocuteurs, l'essor de la skincare coréenne n'en serait qu'à ses débuts.
"Pour l'instant, on a l'exclusivité mais dans six mois, c'est fini," est persuadée Isabelle. "On voit déjà des délégués de vente des laboratoires qui commencent à en balancer dans d'autres parapharmacies."
Après un premier mois plutôt encourageant pour la boutique spécialisée de Mulhouse, les deux associées pensent aussi au futur : "On se laisse quelques mois mais un de nos projets, ce serait d'ouvrir une deuxième boutique à Strasbourg."
Et vous, vous laisserez-vous gagner par cette tendance ?