Strasbourg : les Compagnons du devoir ouvrent leurs portes les 14 et 15 janvier 2023

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Rund Um. Comme partout en France, les Compagnons du devoir de Strasbourg organisent un week-end portes ouvertes les 14 et 15 janvier prochains. L'occasion de rappeler les spécificités des formations proposées par cette association française depuis 1941.

Chez les Compagnons du devoir, les jeunes peuvent apprendre un métier artisanal. La palette est vaste, plus d'une trentaine, et s'inscrit dans quatre catégories : les métiers du goût (boulanger, charcutier…), ceux liés au bâtiment et à l'aménagement (charpentier, carreleur, plâtrier, plombier…), ceux des technologies de l'industrie (mécanicien, carrossier, chaudronnier…) et ceux utilisant des matériaux souples (maroquinier, tapissier…)

Les formations, en alternance, s'adressent principalement aux jeunes de moins de 25 ans. Ceux qui sortent du collège à 15 ans révolus, qui peuvent préparer un CAP en deux ans ou un bac pro en 3 ans. Mais également des jeunes titulaires d'un baccalauréat général, ou déjà formés à un métier, mais qui souhaitent se perfectionner.  Des formations continues sont également proposées aux personnes de plus de 25 ans.

"On a des jeunes qui sortent du collège comme des jeunes qui ont déjà fait des études, sont partis à la fac et qui choisissent ensuite de rentrer dans une filière manuelle" précise Florian Guehl, le jeune prévôt (directeur) de la Maison de Strasbourg. "On a vraiment différents univers, même religieux et culturels. Ça permet un métissage qui profite à tout le monde."

L'une des principales spécificités des Compagnons est aussi la possibilité de faire un Tour de France durant une période de trois à cinq ans – dont une année à l'international. Le principe est de changer d'entreprise tous les six mois, tout en continuant à parfaire sa formation, et passer des examens. 

La Maison des Compagnons de Strasbourg

Dans la capitale alsacienne, la Maison des Compagnons héberge environ 170 jeunes d'autres régions, en train de faire leur Tour de France, et généralement présents dans la région pour une demi-année. D'autres internats de ce type se trouvent à Colmar et Mulhouse.

Mais le site strasbourgeois comprend également un CFA (centre de formation des apprentis) avec salles de classe et ateliers. C'est pourquoi, au réfectoire, les internes du Tour de France se mêlent aux jeunes Alsaciens qui viennent régulièrement pour deux semaines de cours.

Alexis Ensminger, de Wingen (Bas-Rhin), en première année de CAP plomberie, retourne chez lui chaque soir. Il part à 6h40 le matin, et ne rentre que vers 19h30. Les journées sont longues, mais moins que durant ses semaines en entreprise à Mundolsheim, d'où le trajet, en voiture cette fois, est encore plus long et "plus fatigant." Pourtant, aucun regret d'avoir choisi les Compagnons pour son apprentissage : "C'est une bonne école, on apprend bien, et ça me plaît."

Son ami Romain Simon, lui, est originaire de Reichshoffen (Bas-Rhin). Durant ses semaines au CFA, il préfère rester sur place, en internat : "Je dors ici pour pouvoir mieux étudier" explique-t-il. "J'aime être ici." Il avoue qu' "au début c'était dur (…) Quitter la maison, dormir ailleurs… Mais maintenant, ça va."

Il s'est fait des copains. "On mange ensemble le soir. Et si on a besoin d'aide, il y a toujours quelqu'un de disponible. Et tout le monde s'entend bien."

Leurs semaines strasbourgeoises sont partagées entre des journées de cours théoriques et des formations en atelier. "On dit que c'est l'excellence" résume Romain Simon. "Et ce sera un plus sur le diplôme. La formation de Compagnon donne une meilleure image, et par la suite, on se fait rapidement embaucher." 

Un rythme d'alternance spécifique

Pour les apprentis qui ont choisi la filière des Compagnons du devoir, les périodes en entreprise ont aussi une spécificité : elles sont beaucoup plus longues que celles d'un apprentissage "classique".

"Je suis en moyenne un mois et demi à deux mois en entreprise, et après deux semaines en cours à Strasbourg" précise Lola Steiner. En première année de CAP boulangerie, elle travaille dans une boulangerie de La Walck (Val-de-Moder). Et apprécie "d'être beaucoup plus dans l'entreprise."

"Pour moi, un compagnon est plus intéressant car il passe plus de temps dans la boulangerie qu'à l'école" renchérit Sylvain Bruder, boulanger à Kaltenhouse, qui accueille un autre apprenti, Mathéo Hohmann. "Dans un cursus d'apprentissage 'normal', ils ne sont jamais chez nous une semaine complète, ce qui me dérange."

"On progresse bien mieux avec un jeune garçon, ou une jeune fille, si on travaille toujours ensemble, sans être incessamment séparés par des journées de cours (…) Le jeune apprend aussi à mieux nous connaître. C'est mieux pour les deux parties."

Ce que Mathéo confirme : "Le rythme de six semaines en entreprise me plaît beaucoup. Car un rythme d'apprentissage avec deux jours de cours par semaine, c'est compliqué à prendre."

Mais il a surtout choisi la formation sous l'égide des Compagnons pour la perspective du Tour de France : "Voyager, c'est un truc que j'aimerais bien faire, tout en travaillant en même temps" reconnaît-il. "Je trouve ça très enrichissant, de voir les spécialités de toutes les boulangeries de toutes les régions."

Savoir-faire et savoir-être

Au-delà de la formation à un métier, les Compagnons du Devoir promettent également un "épanouissement professionnel et humain." Les jeunes hébergés dans la soixantaine de leurs Maisons à travers toute la France acquièrent vite des responsabilités. A table, chacun sert, débarrasse, nettoie. Dans les chambres, chacun fait son lit, change ses draps et repasse ses chemises.

"Leurs compétences évoluent sans même qu'ils s'en rendent compte" résume Florian Guehl. Lui-même n'a pas encore 25 ans, mais dirige déjà la Maison de Strasbourg. "C'est fréquent d'évoluer rapidement au sein des Maisons" explique-t-il. "Par les règles de la vie en communauté, et en entreprise, l'acclimatation et les prises de responsabilité se font tout naturellement."

Le CAP ou le Bac pro en poche, beaucoup de jeunes cherchent directement un emploi. D'autres s'arrêtent au milieu de leurs années de Tour de France, pour raisons personnelles, ou parce qu'un chef d'entreprise leur propose un CDI alléchant. 

Mais pour l'association des Compagnons du Devoir, la finalité est d'inciter un maximum de jeunes à aller jusqu'au bout. C'est à dire terminer leur Tour de France, puis réaliser leur chef d'œuvre, une pièce de maîtrise qui concentre tout leur savoir-faire et nécessite de 300 à 500 heures de travail. Ce n'est qu'après que le jeune est véritablement reconnu Compagnon. 

"Le fait de rester à vie n'est pas une obligation" précise Florian Guehl. "Mais un jeune qui se sent bien chez les Compagnons a envie de transmettre ses connaissances et de rester dans la structure. Il est alors intégré dans une vraie famille." Sur les 12.000 jeunes en formation à travers toute la France, dont 12% de femmes, seuls deux cents par an environ obtiennent le titre de Compagnon du Devoir.

Ce week-end portes-ouvertes des 14 et 15 janvier prochain aura lieu au même moment dans toute la France. Dans le Grand Est, il concerne le site de Strasbourg, au 2 rue de Wasselonne, ainsi que ceux de Nancy, Muizon près de Reims, et Troyes.

 

 

 

 

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