Plongés dans le noir quasi total pendant 50 minutes, on est ressorti déroutés de cette première mondiale, "Noirs comme l'ébène" de la compagnie Pseudonymo. Une franche bousculade des codes du conte de Blanche-Neige pour une parfaite maîtrise de l'ombre et de la lumière, au propre comme au figuré.
Il fait sombre, très sombre dans l'auditorium de la médiathèque Voyelles. Les personnages apparaissent dans une lumière pâle, qu'ils soient de chair, de chiffon ou de papier mâché. Une comédienne chante la lithanie de la reine-mère jalouse, un prince susurre à l'oreille de Blanche-neige inanimée, de par sa nature et dans le récit.
Les tableaux sont somptueux, les jeux de lumière maîtrisés, l'illusion parfaite. Les personnages évoluent et se transforment sans que l'oeil ne puisse y faire grand chose, dans une danse onirique parfaite portée tout au long par une harpe enlevée.
Blanche-Neige évolue, confondue avec sa marâtre parfois, loin de son prince, souvent, qui ne fait que vieillir à mesure que le temps passe. "Dans sa mise en scène, David Girondin Moab confronte ce conte traditionnel au champ du fantastique et met en lumière les failles de l'humain", nous dit la plaquette de présentation.
Pas sûr que les quatre classes de collégiens présentes l'aient vu et entendu de cette oreille, mais ce qui est certain, c'est qu'un imperceptible soupir de soulagement a parcouru la salle quand enfin le prince se penche sur le cercueil de verre et embrasse la belle.
On ne change pas d'un seul coup des décennies, voire des siècles, de baiser salvateur d'un coup de baguette magique, si marionnettique soit-elle. Le reste, en revanche, nous a soufflé.