C’est une petite révolution pour les particuliers comme pour les professionnels. A Sedan, le centre Leclerc dispose depuis mi-novembre 2021 d’un équipement qui allie écologie et économie. Cette technologie permet de traiter tous les biodéchets. De quoi intéresser de nombreuses collectivités.
Le compostage se développe, mais la plupart du temps, les bacs n’accueillent que des résidus de fruits et de légumes. L’Ardennais David Mulot, a voulu aller plus loin. Ancien technicien en sécurité en risques chimiques et animé par la volonté de réduire le gaspillage alimentaire et de valoriser les déchets, il a mis au point cette machine, le déshydrateur qui "retire l’eau des déchets" pour les transformer en matière sèche. Il a rencontré Damien Foulon, président de Geb solutions, et ensemble, ils ont amélioré et développé le concept.
Cela n'existait pas dans le monde. Je suis le premier à le mettre en place.
David Mulot, créateur du déshydrateur
"J’ai trouvé le système ingénieux, raconte Damien Foulon. On résout les problèmes de biodéchets d’un seul coup. On peut traiter jusqu’à 10 tonnes de déchets par mois et avec tous produits". En effet, en plus des fruits et des légumes, dans le déshydrateur, on peut traiter des gâteaux, des côtelettes, des cartons qui absorbent les graisses. Tout ce qui est naturel, peut y être transformé en un substrat qui, à terme, pourrait être utilisé comme engrais. "Un amendement qui évite les produits chimiques", souligne Damien Foulon.
Une économie pour les collectivités
Jean-Christian Legue est le directeur du centre Leclerc de Sedan. "Cette machine représente un changement de vie dans le traitement des déchets. On avait des bennes de plus en plus conséquentes, et cela a un coût. Nous avons intérêt à le réduire.
Cette solution, que nous testons depuis mi-novembre, nous a fait passer de cinq à deux bennes par semaine. On est passé d’un déshydrateur qui pouvait traiter 200 kilos de déchets à une machine qui en prend 300 kilos. Il y a moins de rotations de bennes. En deux mois, c’est 50% de déchets en moins".
Sébastien Marczak se montre sensible à ces arguments. Il est responsable du service biodiversité, nature en ville, à la mairie de Charleville-Mézières. "On réfléchit à toutes les nouvelles technologies permettant de réduire les déchets. Celle-ci semble révolutionnaire. Avec Ardenne Métropole, on s’y intéresse de près". Les atouts de ce déshydrateur vont être présentés aux élus. La cuisine centrale, mais également les déchets issus de l’herbe de tonte des espaces verts pourraient finir dans la machine, et allier ainsi écologie et économie.
Jusqu’à 10 tonnes par mois
Le déshydrateur, mis au pont dans le département des Ardennes, existe en plusieurs gabaries. Un particulier peut choisir une machine traitant deux kilos de déchets. Pour les professionnels un modèle peut accepter 1,3 tonnes de résidus organiques. Actuellement David Mulot et Damien Foulon prospectent le marché. Les Ehpad, les grandes surfaces, les hôpitaux récupèreraient rapidement leur investissement.
Ainsi, le déshydrateur installé au centre Leclerc de Sedan, d’un coût de 93.000 euros sera vite amorti. Cet hypermarché dépense 70.000 euros par an pour le traitement de ses déchets. Avec cet équipement, il économise 25 à 30.000 euros par an. L’amortissement est réalisé en moins de trois ans.
Un cycle complet de 22 heures
Il suffit d’appuyer sur le bouton. Le contenu de la machine est chauffé à 80 degrés, malaxé, broyé, puis refroidi. Après un cycle complet de 22 heures, on peut récupérer le substrat, qui ressemble à du marc de café. Pour l’instant, il est réutilisé en méthanisation, mais avec un nouveau processus, ce substrat pourrait être revendu pour être épandu dans les jardins, comme engrais.
Comme il est possible de récupérer les 2% d’eau restant après traitement des déchets, cette eau pourrait être utilisée pour laver les sols. Une nouvelle source d’économie.
"Cela n’existait pas dans le monde, clame avec fierté David Mulot. Je suis le premier à le mettre en place. On divise le volume des déchets par 8 ou 9. C’est une solution de valorisation des déchets, et si ça peut permettre de s’en sortir mieux sur le plan économique, c’est une bonne chose." Autant d’arguments qui semblent promettre un bel avenir à cette innovation ardennaise !