Le risque de tensions sur le réseau électrique français en janvier est qualifié d'"élevé" par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité. En cas de situation critique, des coupures tournantes sont prévues. Olivier de La Chapelle, directeur régional d'Enedis en Champagne-Ardenne, nous explique comment cela va se passer.
En janvier 2023, il manquerait au moins un tiers de notre capacité nucléaire. Alors pour éviter la panne générale, les techniciens se préparent. Parmi les solutions possibles pour éviter le grand noir généralisé celle de couper le courant pendant deux heures est envisagée. Secteur par secteur pour soulager le réseau. Eclairages publics, entreprises, particuliers, tout le monde pourrait être touché. Avec des exceptions, comme les hôpitaux, les prisons ou les sites de l'Armée. Le réseau téléphonique, lui, ne serait pas protégé.
Risque-t-on des coupures cet hiver en Champagne-Ardenne ?
Olivier de La Chapelle, directeur régional d'Enedis en Champagne-Ardenne : Nous sommes confrontés aujourd'hui à un déséquilibre potentiel entre la production d'énergie et la consommation des Français cet hiver. Donc potentiellement, en fonction de la température en particulier, on pourrait être amené à couper l'énergie en France et en particulier en Champagne-Ardenne.
Pourquoi est-ce qu'on en arrive là ? Comment est-ce que ça va se passer ? Ce sont des questions que tout le monde se pose. Elles sont légitimes, parce que forcément, c'est assez inédit. En Champagne-Ardenne, on se prépare à cette opération. On a 850 collègues qui sont sur le terrain et qui sont mobilisés à préparer cette potentialité.
La difficulté va être réellement en fonction de la température que nous allons avoir. On sait, avec nos statistiques, qu'un degré de moins va nécessiter à l'échelle du pays la consommation d'à peu près une ville comme Paris.
On coupera seulement dans des créneaux de deux heures
Olivier de La Chapelle, Enedis
Face à cette situation, il y a un risque, il n'y a pas assez d'énergie aujourd'hui en France et donc s'il y a trop de consommation et pas assez de production, on va rentrer dans un déséquilibre. Et si ce déséquilibre existe, RTE, le réseau de transport d'énergie, va être en capacité de nous demander de couper, pour éviter un blackout en France.
Ça, c'est vraiment nouveau, on ne l'a jamais vécu. Je ne suis pas Madame Soleil, donc je ne peux pas vous dire aujourd'hui effectivement si nous allons avoir une coupure ou non. Par contre, on se prépare parce qu'il y a effectivement un risque et RTE nous l'a rappelé encore la semaine dernière.
Comment seront organisées ces coupures ?
L'idée est d'écraser la pointe. Nous avons effectivement plus de consommation le matin, c'est-à-dire de 8h jusqu'à 13h, et puis le soir de 18h à 21h. Donc sur ces deux périodes, on va essayer de faire en sorte d'avoir moins de consommation et de couper les clients.
Globalement, on va couper à peu près tous les clients, sauf les prioritaires que sont les établissements de santé, les hôpitaux, tout ce qui est lié à la sûreté. On va couper une ligne pendant deux heures, puis une seconde ligne, puis une troisième ligne. On coupera seulement dans des créneaux de deux heures.
À la veille du délestage, à partir de 21h30, tous les Français pourront savoir au travers d'un site internet qui s'appelle monecowatt.fr, en fonction de leur commune, de leur rue, si à telle heure le lendemain, ils seront coupés ou non.
Sur le territoire, nous avons une agence de conduite régionale qui se trouve à Rethel [dans les Ardennes, ndlr] dans laquelle les collègues gèrent l'ensemble du réseau. C'est-à-dire qu'ils sont en capacité de couper ou de remettre les lignes et l'électricité dans notre réseau.
Cette petite équipe est très mobilisée. Avec les pouvoirs publics, les collectivités locales, nous faisons depuis plusieurs semaines différents exercices de crise qui nous permettent aujourd'hui d'appréhender techniquement comment ça va se passer.
Lorsque RTE nous demandera de couper, nous serons prêts pour faire en sorte que ça se passe de la manière la plus fluide.
Tout le monde sera-t-il concerné ?
Vraiment tout le monde est concerné. Il faut que tous les clients soient coupés de façon identique, sauf bien entendu les clients prioritaires. C'est le préfet qui a décidé avec ses services quels étaient les clients prioritaires et c'est une liste que nous devons respecter.
La réussite de cette opération, c'est d'apporter le plus d'informations, le plus de communication. Si nous coupons, c'est parce qu'il y a une situation qui est inédite et on veut faire en sorte que ça se passe au mieux. C'est légitime que l'ensemble des Français, en tout cas ceux qui seront coupés, soient au courant. Donc, on va faire en sorte de les accompagner dans cette opération un peu nouvelle.