Pour la première fois, la SNCF installe des tuiles photovoltaïques sur l’une de ces gares. Celle de Sedan (Ardennes) devrait ainsi être en autoconsommation à 60%. Elle produira aussi une énergie plus verte tout en gardant un aspect proche de son état d’origine.
Depuis septembre, la gare de Sedan (Ardennes) a disparu sous un échafaudage. Sur le toit une dizaine d’ouvriers couvreurs se relaient à la réfection de la toiture, inchangée, pour l’aile droite, depuis 1907. Cependant sur les 1 290 m2 de couverture, 890 ne seront plus en ardoises naturelles, mais en tuiles photovoltaïques. Une première pour une gare SNCF.
« À Sedan il y avait un double enjeu de rénovation et de production d’énergie durable, explique Jean-Pierre Lévy, référent photovoltaïque Grand Est pour SNCF Gares et Connexions. Le bâtiment étant remarquable, il fallait trouver une solution pour que la technologie photovoltaïque s’intègre parfaitement dans le paysage urbain. »
Sur le toit, le carré technologique fait en effet parfaitement illusion. « Les tuiles ressemblent à des ardoises de 40 cm par 40 cm losangées, confirme Benjamin Le Bras, à la tête de l’entreprise de couverture chargée du chantier. Ça reprend une ancienne forme d'ardoise, ce qui se fond mieux avec le patrimoine. »
Pour l’entreprise lorraine, travailler avec cette tuile est aussi une première. Après avoir participé à la reconstruction de la flèche de Notre Dame, le chantier sedanais représente lui aussi un défi. « C’est un nouveau procédé pour nous, continue Benjamin Le Bras. On a dû se former à cette technologie innovante qu’on ne connaissait pas. Jusqu’ici, on travaillait qu’avec des panneaux classiques ».
Couvrir 25% des besoins de la gare
C’est l’entreprise SunStyle qui développe ces tuiles photovoltaïques depuis 15 ans. « Ce sont les mêmes cellules que des panneaux photovoltaïques classiques, présente Stéphane Garson, directeur de l’entreprise. La tuile permet de couvrir une plus grande surface que le panneau, mais comme c’est aussi un matériel de couverture, à part entière, son verre est plus épais que celui d’un panneau classique, avec un moins bon rendement. » Les tuiles ont quand même été privilégiées par la SNCF, puisque des travaux de rénovation de la toiture devaient être effectués et qu’elles étaient plus adaptées à la charpente de l’édifice historique.
1 000 tuiles vont ainsi être installées sur l’ensemble des toitures des ailes gauche et droite et sur la partie arrière du bâtiment principal. « L’objectif est que l’on produise 95 mégawattheures par an », indique Jean-Pierre Lévy, référent photovoltaïque Grand Est pour SNCF Gares et Connexions. Le dispositif devrait permettre de subvenir à 25% des besoins de la gare (chauffage, climatisation, ordinateur…) dont 60% en autoconsommation. L’excédent sera lui réinjecté dans le réseau de la ville. La production devrait débuter dans quelques mois, au printemps 2025.
Le procédé a déjà fait ses preuves en France, mais aussi aux Etats-Unis où SunStyle a installé 80 000 tuiles au Google Campus de San Francisco. Chaque tuile permet la production de 115 watts lorsque le soleil donne au maximum. Sedan n’étant pourtant pas la ville la plus ensoleillée de France, l’installation d’une telle technologie, à cet endroit, pourrait faire sourire. « La gare de Sedan est parfaitement exposée, rétorque Jean-Pierre Lévy. Il s’agit d’un investissement dans le cadre de la feuille de route, décidée en 2020, sur l’engagement énergétique de la SNCF, partout en France, et le développement d’une énergie durable. »
La gare de Sedan a valeur de test et sera particulièrement scrutée par l’entreprise de transport française qui espère que l’investissement sera rentable. D’autres gares, ayant exactement la même configuration architecturale que celle de Sedan, pourraient alors se voir elles aussi équipées de ces tuiles solaires, comme celle de Longwy en Meurthe-et-Moselle.