La préfecture de l'Aube a fait officiellement savoir, ce mardi 04 février 2025, que le sanglier Rillette voit son existence officiellement régularisée. L'affaire Rillette avait ému le pays tout entier et beaucoup mobilisé. Sa maîtresse et son avocat se réjouissent de cette fin heureuse.
Jusqu'à ce mardi 04 février 2025, ce n'était qu'officieux. Mais c'est désormais officiel : Rillette le sanglier (ou plutôt la laie, c'est une femelle) peut rester chez sa maîtresse Élodie Cappé.
C'est cette dernière, gérante de l'élevage équin de Saint-Clair à Chaource (Aube), qui l'a annoncé sur son compte Facebook. Elle y proclame une "victoire définitive", et "tout ça grâce à vous" (voir sa publication ci-dessous).
"Je suis tellement heureuse et soulagée", confie l'éleveuse (de chevaux, pas de sangliers : Rillette est stérilisée) à France 3 Champagne-Ardenne, tard le soir du mardi 04 février. "Il m'était évidemment inconcevable de me séparer d'elle : elle fait partie de ma famille."
Elle fait partie de ma famille.
Élodie Cappé, maîtresse de la laie Rillette
Joint par France 3 Champagne-Ardenne dans la matinée du mercredi 05 février, l'avocat Karl Burger est fier du travail accompli. "La préfecture de l'Aube a pris en compte l'ordonnance rendue par le juge du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. La situation était régularisable : ils ont régularisé. La conception de 'l'animal illicite' qu'on nous opposait à chaque fois est tombée, puisqu'elle n'a aucun fondement juridique." Il loue le caractère "complet" de l'arrêté préfectoral enfin rendu la veille : "ses mentions vont de soi".
Une résolution de l'affaire saluée par l'avocat
Pour aller dans les détails, "la décision d'opposition a été suspendue, avec une injonction de réexamen. Ça veut dire que le juge administratif invite la préfecture à se repencher sur le dossier, tout en ayant évoqué la régularisation possible de cette situation."
"Ma cliente a reçu un courrier qui lui accorde le récépissé qu'elle sollicitait suite à la déclaration de détention du sanglier." Elle l'a attendu pendant une année entière, et il lui avait été sans cesse refusé. "Ça veut dire que la préfecture de l'Aube a tenu compte de nos arguments, et surtout" de l'ordonnance émise par le juge administratif.
Ma cliente a reçu un courrier qui lui accorde le récépissé qu'elle sollicitait suite à la déclaration de détention du sanglier.
Maître Karl Burger, avocat d'Élodie Cappé
"Des conditions sont fixées dans l'arrêté préfectoral. Elles sont là à titre pédagogique, puisqu'en réalité, l'ensemble de ces conditions est l'expression des dispositions de l'arrêté de 2018. On évoquait déjà qu'on était en conformité." Le conseil de Madame Cappé rappelle d'ailleurs que "l'animal doit être contenu dans un enclos. Maintenant, il faut savoir que Rillette dispose d'un enclos de 1 000 m²." La "preuve" de la stérilisation et des vaccinations, ainsi que les détails techniques de l'enclos (électrification, dimensions), ont été apportés devant le tribunal administratif.
"La suite du contentieux n'a pas encore été évoquée avec Madame Cappé. Dans tous les cas, dans la mesure où l'administration a pris une nouvelle décision, il faut qu'on se base dessus. En l'état, nous en sommes satisfaits. À l'heure actuelle, Rillette restera chez elle, le récépissé a été délivré et la situation est régularisée."
Un ensemble de conditions
Déjà, lors de son passage devant le juge administratif au début du mois de janvier 2025, Élodie Cappé avait promis de se battre jusqu'au bout. Il lui avait été ensuite permis de garder le suidé, mais c'était une décision rendue en référé, et aucun document régularisant la situation n'avait encore été émis. Élodie Cappé évoque auprès de France 3 un "dénouement merveilleux".
La préfecture de l'Aube a communiqué tard, ce mardi 04 février, au sujet de cette situation. Preuve de la complexité de l'affaire, il est long de plusieurs pages et renvoie vers de nombreuses normes et textes administratifs.
Elle en a profité pour émettre un certain nombre de consignes pour la détention d'un animal sauvage comme dans le cas de Rillette : obligations sanitaires, superficie d'enclos, etc. Si elles ne sont pas respectées, la permission pourrait être révoquée (lire la réglementation envoyée ci-dessous).
Comme l'éleveuse équine tient à respecter les conditions à la lettre, elle ne peut pas autoriser les gens à venir voir Rillette. "Il y a énormément de monde [qui demande]; mais ils comprennent que ce n'est pas possible." Conséquence inattendue qui fait le bonheur du facteur : "elle reçoit toujours autant de courrier et de cadeaux. Hier, elle a reçu un colis de Boston."
Une histoire émouvante
Élodie Cappé, éleveuse équine de Chaource (Aube), a recueilli dans ses poubelles une toute petite laie. En la sauvant, elle l'a apprivoisée de fait, ce que la loi ne permet pas. Elle a tenté de se mettre en régularité à ce sujet, sans succès (voir la carte ci-dessous).
Depuis le mois de décembre, l'affaire est devenue nationale, notamment par le rôle joué par Julien Courbet et les médias, et le soutien de Brigitte Bardot. De son côté, la préfecture a tenté de se justifier et la justice s'est emparée de l'affaire.
Une proposition de solution a été formulée en début d'année, mais a indigné les associations de protection animale. Pendant ce temps, Élodie Cappé a continué à engranger les marques de soutien, et participé à une grande marche de ralliement, juste avant un passage remarqué devant le tribunal, suivi d'une autorisation d'abord officieuse.
En Champagne-Ardenne, l'affaire rappelle évidemment le précédent Toto. L'histoire s'était bien terminée.
Retrouvez tous nos articles sur le sanglier Rillette :
- 10 décembre 2024 : début de l'affaire
- 16 décembre 2024 : soutien de Brigitte Bardot
- 17 décembre 2024 : la préfecture communique
- 03 janvier 2025 : piste de l'association d'élevage de cinéma
- 11 janvier 2025 : importante manifestation de soutien
- 13 janvier 2025 : l'affaire mise en délibéré
- 16 janvier 2025 : permission officieuse de garder Rillette