L'affaire du sanglier Rillette a été mise en délibéré ce lundi 13 janvier 2025. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a examiné un référé pour empêcher une laie, apprivoisée de fait, d'être confisquée voire euthanasiée par les autorités. Elle a été recueillie à l'état de marcassin par sa maîtresse, une éleveuse équine de Chaource (Aube).
L'affaire Rillette le sanglier (ou plutôt la laie) s'accélère. Ce lundi 13 janvier 2025, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne), compétent pour toute la région Champagne-Ardenne, a examiné un référé.
L'audience s'est tenue plutôt rapidement, devant un public clairsemé, a pu constater France 3 Champagne-Ardenne présente sur place. Elle a démarré à 10h30 et n'a duré qu'une petite demi-heure, à l'arrière du palais de justice châlonnais qui accueille toutes les juridictions du secteur (civile, commerciale, etc.).
Maître Karl Burger, qui défend Élodie Cappé, l'éleveuse équine de Chaource (Aube), entame son propos en décrivant cette affaire comme "une histoire de coeur". La laie a été trouvée dans ses poubelles, toute jeune, et s'est retrouvée "imprégnée", sans espoir de retour à la vie sauvage, quand sa désormais maîtresse lui a porté secours.
L'animal faisait deux kilos à l'époque; plus de 100 désormais. On le compare parfois à "un chien", au côté desquels il a été de facto éduqué.

Certains des arguments de l'expert sont techniques. Il évoque notamment la hauteur de la clôture - près de deux mètres - et son électrification "en deux points" (la législation n'en demande qu'un seul). Ceci pour éviter que "d'autres animaux ou tiers" entrent en contact avec la laie, par ailleurs "vaccinée et stérilisée". Il précise expressément que sa cliente ne cherche pas à entamer un élevage de suidés...
Le propos de l'avocat de la préfecture, prononcé avec rapidité mais peu d'entrain, est plus difficile à saisir pour le public : il s'attarde sur le distingo entre demande d'autorisation et demande de déclaration pour accueillir un animal théoriquement sauvage, faisant ouvrir de grands yeux à madame Cappé et son conseil. Le président de la séance prend de nombreuses notes et fronce les sourcils à l'énoncé des différents articles que vient enchaîner l'avocat. C'est tout : la décision du tribunal a été mise en délibéré. Réponse de la juridiction administrative d'ici "deux à trois jours".
Il faut encore attendre
Dans la salle des pas perdus, qui s'est remplie en un instant, maître Karl Burger, conseil de madame Cappé, résume la situation aux journalistes (douze, contre dix membres du comité de soutien, selon notre décompte). "On a présenté nos arguments; maintenant on va attendre quelques jours."
Le principal d'entre eux est le "caractère illicite de l'animal. Je n'ai pas manqué de rappeler en audience que cet argument constitue une erreur de droit au sens de l'arrêté du 8 octobre 2018. Il faut en prendre conscience : madame Cappé remplit l'intégralité des conditions."
Aussi, et "surtout, c'est son enclos. Elle a une bauge (abri; ndlr), tout le confort. L'aspect physiologique de l'animal, point essentiel de l'arrêté, est bien respecté." On a "des jurisprudences sur ces questions", affirme-t-il en complément. "Comment expliquer que certaines préfectures délivrent des récépissés à des personnes qui respectent les critères, et d'autres préfectures non ?"
On a des jurisprudences sur ces questions.
Karl Burger, avocat d'Élodie Cappé
Élodie Cappé, qui s'est esquivée un moment, revient sur le devant de la scène, parvient à sourire, et poursuit. "Je regarde quelle caméra ?" Entre celles de France 3, France Bleu, et L'Union, il y a de quoi faire tourner les têtes. "On nous a demandé de faire des choses, et on les a respectées. Et aujourd'hui, j'ai montré ma ténacité à me battre. Et je vais continuer. On me reproche de ne pas avoir fait les choses en amont. Excusez-moi, je ne pouvais pas prévoir que j'allais trouver Rillette un matin en me levant."
"On espère un dénouement joyeux, mais si ce n'est pas le cas, on va continuer. Si j'abandonne maintenant, d'autres personnes derrière moi, dans l'ombre, doivent pouvoir continuer à compter sur moi. Je suis seule à parler", mais pas la seule à qui cette histoire arrive. Elle confie avoir du mal à dormir, et regretter d'engorger les tribunaux pour une affaire pareille. Mais elle se sait soutenue.
Plus loin, l'un de ses soutiens justement, la famille Bouchet, tient à faire montre d'un front uni, dans la foulée de la manifestation organisée deux jours auparavant. Elle avait vécu en justice une situation similaire, bien que plus conventionnelle, avec un chien maltraité par son ancien propriétaire.
Le père s'étonne grandement du peu de loquacité de l'avocat de la préfecture. "Je n'ai rien compris." Ce dernier n'a pas tenu à faire de déclaration à la presse.
Une histoire émouvante
Élodie Cappé, éleveuse équine de Chaource (Aube), a recueilli dans ses poubelles une toute petite laie. En la sauvant, elle l'a apprivoisée de fait, ce que la loi ne permet pas. Elle a tenté de se mettre en régularité à ce sujet, sans succès (voir sur la carte ci-dessous).
Depuis le mois de décembre, l'affaire est devenue nationale, notamment par le rôle joué par Julien Courbet et les médias, et le soutien de Brigitte Bardot. De son côté, la préfecture a tenté de se justifier, et l'affaire est entre les mains de la justice.
Une proposition de solution a été formulée en début d'année, mais a indigné les associations de protection animale. Pendant ce temps, Élodie Cappé a continué à engranger les marques de soutien, et participé à une grande marche de ralliement.
En Champagne-Ardenne, l'affaire rappelle évidemment le précédent Toto. L'histoire s'était bien finie.
Retrouvez tous nos articles sur le sanglier Rillette
- 10 décembre 2024 : début de l'affaire
- 16 décembre 2024 : soutien de Brigitte Bardot
- 17 décembre 2024 : la préfecture communique
- 03 janvier 2025 : piste de l'association d'élevage de cinéma
- 11 janvier 2025 : importante manifestation de soutien