Les locataires de 120 appartements vivent régulièrement sans chauffage dans des logements sociaux à Lingolsheim (Bas-Rhin). La chaudière était une fois de plus en panne durant quatre jours en ce mois de janvier. Il a fait 10 degrés dans les deux "tours Batigère" de Lingolsheim, des immeubles vétustes qui nécessitent des travaux.
Le plan grand froid est activé dans le département et les habitants des tours Batigère de Lingolsheim (Bas-Rhin) en font, malgré eux, la difficile expérience : le chauffage des deux immeubles qui comptent 120 logements est resté en panne durant quatre jours en ce mois de janvier. Et ce n'est pas la première fois que cela se produit.
"Depuis novembre, c'est la 3ᵉ fois que la chaudière tombe en panne. Pendant les vacances de Noël, on n’a pas eu d’eau chaude non plus pendant cinq jours", raconte une habitante. "J’ai acheté un petit chauffage électrique et maintenant, j'ai peur de la facture", ajoute-t-elle, désespérée.
À l’écouter, on apprend qu’il ne faisait plus que 5 degrés dans son appartement, et "ça montait à dix quand on allumait le four". Dans les deux immeubles vivent des personnes âgées, de jeunes mamans avec des bébés. Les locataires de ces tours du bailleur social Batigère, qui dorment "avec des peignoirs et des capuches, des gants et des collants", n'en peuvent plus de subir les caprices du système de chauffage central.
Le soir je remplis une bouteille d'eau pour être sûre d'en avoir le lendemain matin
Chantal, doyenne des locataires
D'autant que parfois, c'est le chauffage, parfois l'eau chaude, et parfois, il n'y a pas d'eau du tout. La doyenne de l'immeuble, Chantal Gasmi, réside dans le même appartement depuis 37 ans. "Le soir, je remplis une bouteille d'eau pour être sûre d'en avoir le lendemain matin pour faire mon café parce qu'on vit dans l'incertitude permanente." La locataire considère que du côté du bailleur social, "tout le monde s'en fout, il n'y a plus rien qui est bien fait". Elle regrette le temps où il faisait bon vivre. "C'était superbe au départ, un paradis, c'était propre, il y avait même une gardienne."
Samedi dernier, lorsque le chauffage s'est éteint à nouveau, Chantal a contacté le numéro d'urgence. "On m'a rappelée pour me dire que le technicien était en route. Et puis plus rien." Aucune information n'est transmise aux locataires. Il a fallu patienter quatre jours dans le froid.
Bon nombre d'habitants subissent d'autres nuisances : des traces d’humidité qui prolifèrent surtout dans les étages. Des moisissures s'étalent dans les placards, sur les plafonds, autour des portes-fenêtres, dans une vingtaine d'appartements. Là, c'est le système de VMC qui a des ratés.
La confédération syndicale des familles du Bas-Rhin (CSF67) a recueilli le signalement des locataires et les accompagne dans le cadre du pôle départemental de lutte contre l'habitat indigne (PDLHI67). Une visite s'est faite dans les appartements concernés par les moisissures. Le bailleur a été informé de la démarche. "Ils sont au courant, ils ne nient pas les problèmes", assure Grégoire Ballast, chargé de l'habitat pour la CSF 67. "Au moins là, on peut discuter avec le bailleur, on a des échanges. C'est plus facile qu'avec des propriétaires privés." Une réunion est prévue ce jeudi 16 janvier avec les locataires pour les informer des démarches en cours. Car l'association de défense des locataires accompagne la conciliation : l'enjeu, c'est de clarifier le programme réhabilitation.
Contactée, la société Batigère, propriétaire des immeubles depuis 1998, reconnaît les désagréments. En ce qui concerne les moisissures, la chargée de communication Grand Est, Christelle Leconte, assure que les caissons défectueux ont été remplacés. Il faut à présent attendre un rétablissement de la situation avec le retour de la circulation de l'air dans les appartements. "Chez les locataires qui constateront encore des moisissures, nous enverrons une entreprise pour vérifier les installations."
Quant au problème de chauffage, il est lié au grand âge des canalisations "qui montrent des vétustés et des fuites régulières". L'eau chaude ne parvient pas à monter dans les étages. Un appel d’offres va être lancé pour des travaux, et une réunion publique organisée pour informer les locataires.
En attendant, les habitants subissent l'hiver et perdent patience. Une permanence du bailleur social est organisée les vendredis matin dans l'ancienne loge de la gardienne. "Ils vont m'entendre !", tempête Chantal. On peut lui faire confiance pour ne pas rester discrète.