Alors que le gouvernement a suspendu depuis le 1er février la signature de nouveaux contrats de jeunes en service civique, Unis-Cité, l'association référente en la matière s'inquiète. Dans le Bas-Rhin, de nombreuses associations comptent sur le dispositif pour exercer leurs missions.
Adopter ou ne pas adopter le budget. Depuis la rentrée de septembre, c’est la question qui alimente les débats politiques. Entre un Premier ministre dépourvu de majorité à l’Assemblée et qui assume l’utilisation de l’article 49.3, et l’hypothèse d’un nouveau vote de censure contre le gouvernement, on peut s’attendre à une nouvelle passe d’armes en cette semaine du 3 février. Le problème, c’est que le statu quo budgétaire engendre des conséquences très concrètes sur le terrain, dans la "vraie vie".
C’est le cas pour le service civique. La ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, a "suspendu toute nouvelle mission de service civique à compter du 1er février", le temps que l'État se dote d'un budget. Ce dispositif, créé en 2010, permet à des jeunes de 16 à 25 ans (jusqu’à 30 ans pour les personnes en situation de handicap), de s’engager sans condition de diplôme dans une mission d’intérêt général au sein d’une association ou d’une collectivité pour une durée de six à 12 mois.
Cela montre l'incapacité de l'État à proposer un avenir aux jeunes
Juliette Henny, responsable Unis-Cité dans le Bas-Rhin
Un "service" rémunéré à la hauteur de 619,83 euros, dont 504,98 euros pris en charge par l’Etat, le reste étant financé par l’organisme d’accueil. Une majoration de 115 euros peut être versée en fonction des critères sociaux des volontaires. 61 800 personnes sont actuellement sous contrat en France, c'est dire si cette mesure a infusé dans toutes les strates de la société.
Dans le Bas-Rhin, "trois binômes, donc six jeunes, devaient commencer leur mission ces jours-ci et ils ne le pourront pas", indique Juliette Henny, responsable d'Unis-cité dans le Bas-Rhin. L'association pionnière et devenue la référence en matière de service civique en France est "scandalisée" par cette décision. "Nous avons reçu un mail ce vendredi (nldr, le 31 janvier) pour nous dire qu'il n'y aurait pas de nouveau contrat possible. C'est assez violent lorsque ça a lieu du jour au lendemain, sans autre forme d'explications."
Des associations risquent de ne plus pouvoir assurer certaines activités
Au-delà de la méthode, la décision de Bercy laisse sur le carreau des associations qui comptaient sur un peu de sang neuf pour continuer à assurer leurs activités dans des domaines aussi variés que l'environnement, l'accompagnement des séniors, la culture ou l'éducation. Au total, Unis-Cité accompagne 180 jeunes dans le Bas-Rhin, répartis entre l'antenne de Strasbourg, dont les locaux se trouvent à Schiltigheim, et celle de Haguenau.
"La plupart des contrats ont été validés en octobre ou en novembre, ce qui permettra d'aller jusqu'aux vacances d'été. Mais c'est un très mauvais signal malgré tout. Refuser des jeunes qui veulent s'engager, ça ne les met pas en confiance et cela montre l'incapacité de l'État à leur proposer un avenir", fait remarquer Juliette Henny.
Si la responsable de l'antenne bas-rhinoise ne croit pas à "la remise en cause de l'existence du service civique", elle s'inquiète d'une "baisse" du nombre des vocations dans les mois à venir. Même temporaire, cette suspension pourrait fragiliser nombre de structures qui fonctionnent, depuis plusieurs années, grâce à l'appui des volontaires en service civique.