Bas-Rhin : les sages-femmes à nouveau en grève pour ne plus être "invisibles"

Manque de reconnaissance, dégradation des conditions de travail qui poussent à la maltraitance, les sages-femmes se mobilisent une nouvelle fois ce mercredi 5 mai pour obtenir une revalorisation de leur statut. C'était le cas devant le centre médico-chirurgical et obstétrical à Schiltigheim.

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Les sages-femmes alsaciennes sont en grève comme dans le reste du pays ce mercredi 5 mai. Devant le centre médico-chirurgical et obstétrical (CMCO) de Schiltigheim, au nord de Strasbourg, une quarantaine de blouses roses se sont réunies à la mi-journée. Certaines ne restent que quelques minutes avant de reprendre leur service. Des sages-femmes grévistes mais assignées qui doivent poursuivre le travail malgré la colère.

C’est déjà la cinquième mobilisation depuis le début de l’année. Les revendications ne sont pas nouvelles. Voilà plus de 20 ans que la profession se bat pour obtenir plus de reconnaissance. Un malaise profond qui n’a rien à voir avec la crise sanitaire même si cette dernière n’a rien arrangé. "Nous sommes invisibles, il y a une méconnaissance de notre fonction au sein de la société",  affirme Eve Rizzoti, sage-femme au CMCO.

On fait 5 ans d’étude, on a entre les mains la vie de la mère et de l’enfant, c’est une lourde responsabilité et on est payé 1610 euros net par mois en début de carrière

Eve Rizzoti, sage-femme 

A cela s’ajoute une dégradation des conditions de travail depuis plusieurs années. En cause, les fermetures de maternité et la concentration des naissances dans de grands pôles obstétriques pour assurer des économies d’échelle. 3.700 naissances chaque année au CMCO, cela en fait la plus grande maternité du Grand Est. Un établissement où les conditions de travail ont pu être préservées, assure Nadine Knezobic, sage-femme coordinatrice.

Mais c’est loin d’être le cas partout. "Aujourd’hui, dans certaines maternités, une sage-femme peut avoir à gérer 3 à 4 accouchements en même temps, on est dans de l’abattage. On colle des péridurales à tout-va, on tombe dans la maltraitance" assène la professionnelle qui rêve d’un ratio à la scandinave : «  one-to-one », une sage-femme pour une femme. "On ne demande pas grand-chose : être reconnues à la hauteur de nos compétences et avoir du temps avec nos patientes".

 

Une société patriarcale qui se désintéresse du sort des femmes

Pourtant rien n’y fait, malgré des années de lutte, rien n’a changé ou si peu. Les sages-femmes sont les éternelles oubliées des politiques de santé. La dernière humiliation remonte au mois d’avril, lorsque le gouvernement a élargi la liste des professions aptes à vacciner contre la Covid-19. Sur la liste : les pompiers et même les vétérinaires mais aucune trace des sages-femmes.

Pourtant, dès le deuxième trimestre de grossesse, les femmes enceintes font partie des publics prioritaires pour la vaccination. Une « bévue » qui vient d’être réparées mais qui n’étonne même plus les premières intéressées. Elles sont aussi passées en dernier pour les masques de protection et les tests PCR. La raison ? Nadine Knezobic a sa petite idée : une société patriarcale et sexiste qui se désintéresse du sort des femmes. Et elle ne mâche pas ses mots : "On est une profession avec 98% de femmes qui ne s’occupent que des femmes, il y a quelque chose de l’ordre des violences faites aux femmes dans le fait que l’on ne soit pas reconnues".
 


Aujourd’hui pourtant, l’espoir d’une amélioration refait surface. L’IGAS, l’inspection générale des affaires sociales, travaille sur une refonte du statut de sage-femme. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a également entamé un tour de France des CHU. "Il rencontre les professionnels et prend la température sur le terrain, il faut lui montrer que le thermomètre est encore chaud. C’est le moment ou jamais de se faire entendre", souligne Karine Knezobic.

Le contexte est favorable pour obtenir gain de cause après toutes ces années mais la fenêtre de tir est courte. L'IGAS rendra ses conclusions en juin. 

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