La Cour des comptes du Grand Est a rendu un rapport détaillé sur l'EPSAN, l'établissement qui couvre deux tiers du Bas-Rhin en termes de psychiatrie. Verdict : une offre de soins de qualité, mais bien trop peu de lits et de personnels.
La santé mentale, grande cause nationale de l'année 2025 : c'est ce que martèle le gouvernement depuis quelques mois, en fixant des objectifs prioritaires à remplir et une feuille de route à respecter pour chaque ministère. Mais qu'en est-il sur le terrain, notamment en région ?
La Cour des comptes du Grand Est a rendu un rapport détaillé sur l'Epsan, l'établissement public de santé de santé Alsace nord, spécialisé en santé mentale et couvrant deux tiers du bassin de patients dans le Bas-Rhin. Chaque année, entre 20 000 et 25 000 patients y sont soignés.
Le document salue la qualité de l'offre de soins, qualifiée de "moderne". "Ils veillent à pratiquer une psychiatrie ouverte, où les patients vont et viennent librement, explique Carole Collinet, de la chambre régionale de la Cour des comptes. L'Epsan limite les pratiques d'isolement." Mais la juridiction administrative épingle en parallèle les moyens accordés pour l'accueil des publics.
Un manque de lits et de personnels
Sur ses deux sites, à Cronenbourg et à Brumath, l'Epsan dispose de 426 lits d'hospitalisation, pour un bassin de population de plus de 700 000 personnes. Cela revient à 56 lits pour 100 000 habitants, soit bien moins que dans le reste du Grand Est, et presque deux fois moins qu'ailleurs en France. Pour autant, la demande ne baisse pas, puisque le taux d'occupation des lits dépasse les 100%.
"Depuis le Covid, on constate une augmentation de 18 à 30% de la demande en pédopsychiatrie, ce qui est considérable sans moyens supplémentaires en termes d'effectifs, déplore Philippe Amarilli, président de la commission médicale de l'Epsan. Il y a une tension, et cela entraîne une souffrance chez les agents et une dégradation de l'offre."
Le manque d'attractivité des postes infirmiers en hospitalisation psychiatrique est une réalité nationale. Un collectif de psychiatres avait signé une tribune en mars 2024, appelant à une "augmentation significative des salaires des professionnels travaillant en hospitalisation, notamment des infirmiers".
À l'Epsan, le problème n'est pas éludé par la direction de l'établissement. "Nous avons un certain nombre de postes vacants infirmiers et médecins sur lesquels on a un fort enjeu de recrutement, explique Yasmine Sammour, directrice. C'est important pour qu'on puisse mettre en œuvre les projets qui vont aider à prévenir l'hospitalisation et finalement lever la pression sur ces lits manquants."
En deux ans, une trentaine de postes ont été pourvus, mais il en reste 40 toujours vacants.