A Strasbourg, le confinement a permis d'éviter des décès dus à la pollution de l'air

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Écrit par Sylvie Malal

En France, 2.300 décès liés à la pollution aux particules fines ont été évités lors du premier confinement, entre mars et juin 2020, ainsi que 1.200 décès liés à la pollution à l'oxyde d'azote. La baisse de la circulation a été déterminante. Une leçon à retenir pour l'Eurométropole de Strasbourg.

A deux jours de la journée nationale de la qualité de l'air qui se tiendra le 14 octobre, l'Eurométropole de Strasbourg a voulu réaffirmer au cours d'une conférence de presse dans les locaux d'ATMO Grand Est, sa volonté de lutter contre la pollution atmosphérique.

Une pollution responsable de 7% de la mortalité totale des personnes âgées de plus de 30 ans sur le territoire français selon l'étude la plus récente de Santé Publique France, parue au printemps dernier.

En Alsace, on estime que la pollution de l'air provoque la mort de près de 2.000 personnes par an, et notamment dans l'agglomération strasbourgeoise qui fait partie des 11 territoires en France ne respectant pas les normes européennes en matière de qualité de l'air.

 

Ce n'est pourtant pas une fatalité, et le confinement décrété pour lutter contre l'épidémie de Covid-19 a eu pour conséquence une baisse significative des taux de pollution: selon les chiffres d'ATMO Grand Est, 70% de diminution du trafic routier en mars-avril 2020, entrainant une baisse de 40% des taux de concentration en NO2 (oxyde d'azote) : cela montre que la situation est réversible, à condition de s'en donner les moyens.

Un demi-milliard d'euros pour des transports moins polluants

Le trafic routier est responsable de 84% des émissions d'oxyde d'azote dans l'agglomération de Strasbourg. "C'est donc le dossier sur lequel on met la priorité, affirme Françoise Schaetzel, vice-présidente de l'Eurométropole en charge de la qualité de l’air et de la santé environnementale. Nous consacrerons un-demi milliard d'euros sur le mandat à ce poste".

Les différentes mesures sont déjà connues, avec entre autres :

-le développement du service du Transport à la Demande (TAD) dans toutes les communes de la seconde couronne

-la gratuité des transports en commun pour les jeunes de moins de 18 ans 

-des aides pour l’achat d’un vélo à assistance électrique (VAE) comprises entre 300 et 500€

Mais aussi des extensions des lignes de tramway vers l'ouest et le nord de l'agglomération et la mise en place d'un réseau express ferroviaire à partir de 2023 en lien avec la Région.

ZFE et interdiction du diesel dès 2028 ?

L'outil emblématique de lutte contre la pollution de l'air dû à la circulation automobile tient en trois lettres : ZFE, pour Zone à Faible Emission. Une obligation prévue par la loi d'orientation des mobilités, mais pour laquelle l'exécutif strasbourgeois veut mettre un coup d'accélérateur, avec pour objectif l'interdiction totale du diesel à l'horizon 2028.

 

"C'est un projet que nous allons voter le 15 octobre prochain. Il nous faut être ambitieux sur cette ZFE" martèle Françoise Schaetzel, qui rappelle que l'heure n'est plus aux atermoiements. Il s'agit d'une urgence sanitaire, mais aussi environnementale au vu du dernier rapport du GIEC, particulièrement alarmiste en ce qui concerne le réchauffement climatique et ses effets.

L'Eurométropole prévoit 50 millions d'aide pour les ménages et les entreprises qui devront se passer de leur véhicule diesel.

Des seuils de références encore trop laxistes?

Si l'on compare les relevés de la qualité de l'air à Strasbourg avec les seuils de référence prévus par la règlementation européenne, on s'aperçoit que la situation s'améliore depuis 2018, et que ces fameux seuils règlementaires sont de moins en moins dépassés.

Mais cette évolution favorable serait en trompe l'œil avec des conséquences pernicieuses : "l'accumulation des connaissances scientifiques montre que l'atteinte sur la santé des gens se fait à bas bruit à des niveaux de pollution bien moindres que ce qu'on a estimé jusqu'ici" affirme Françoise Schaetzel. D'ailleurs, l'OMS, l'organisation mondiale de la santé, vient d'abaisser la quasi-totalité de ses seuils de référence. Les normes privilégiées par l'OMS n'ont pas de caractère règlementaires, elles ne s'imposent pas aux pays, en revanche elles constituent des boussoles vers lesquelles il faut tendre. "C'est un cap à atteindre pour protéger la santé des citoyens, et pour moi qui suis médecin, bien sûr que ça a du sens" dit Françoise Schaetzel.

Si l'on se réfère aux recommandations de l'OMS, le chemin à parcourir est encore long. Et pour compliquer encore la donne, d'autres polluants, qui à ce jour ne sont pas pris en compte dans la surveillance règlementaire, vont sans doute devoir l'être à l'avenir : particules ultrafines, 1,3-butadiène et carbone suie : des termes avec lesquels il va falloir sans doute composer.

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