INFOGRAPHIES. A-t-on vraiment manqué de soleil en 2024 ? La réponse au plus près de chez vous dans le Grand Est

2024 a été une année particulièrement chaude et arrosée dans le Grand Est. Avec un ingénieur de Météo France, nous dressons le bilan de cette année, une nouvelle fois marquée par l'impact du changement climatique.

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L'année 2024 est désormais derrière nous. En avez-vous un souvenir encore précis côté météo ? Vous allez sûrement avoir en tête un manque de soleil et tout le contraire du côté des précipitations. Pour en avoir le cœur net, nous avons interrogé Alexandre Martel, ingénieur pour Météo France à Strasbourg.

Dans le Grand Est, "2024 est la 5e année la plus pluvieuse depuis le début des relevés en 1959", confirme le spécialiste. Les précipitations sont en hausse de 21 % par rapport à la normale calculée sur la période 1991-2020, avec 1083 mm de pluie, contre 895 mm d'habitude. "Dans les années récentes, depuis l'an 2000, on n'a que 2001 qui avait fait pire, c'est l'année record dans la région avec 1 163 mm."

On avait un peu perdu l'habitude d'avoir une année très pluvieuse comme ça.

Alexandre Martel, Météo France

Les années les plus pluvieuses depuis le début des relevés dans la région sont, dans l'ordre, 2001, 1981, 1965, 1999 et 2024. "On s'était un peu habitués à avoir une sécheresse, notamment l'été. Cette année, ça n'a pas été le cas, d'où cette sensation accrue de forte pluie", souligne Alexandre Martel. Au niveau national, 2024 est la septième année la plus arrosée depuis le début des relevés.

Comparez avec notre infographie ci-dessous les relevés 2024 et les normales pour les précipitations, l'ensoleillement et la température moyenne pour la station la plus proche de chez vous.

Un mois de mai "exécrable"

Le Grand Est a un climat qualifié de semi-continental. "C'est normal d'avoir par moments des épisodes pluvieux puis après des moments un peu plus secs". Mais en 2024, tous les mois de janvier à octobre étaient au-dessus des normales pour ce qui concerne les précipitations. "C'est quelque chose d'assez inédit", pointe le spécialiste.

"Le mois de mai a été exécrable, avec le double de précipitations par rapport à la moyenne. C'est d'ailleurs au cours du mois de mai qu'il y a eu des inondations assez terribles sur la Moselle." Plus de 100 mm d'eau étaient tombés en une journée localement, un niveau exceptionnel.

C'est d'ailleurs la première fois qu'une vigilance rouge pour pluie-inondation a été déclenchée dans la région. On peut noter également en juillet et en août des orages stationnaires importants dans les Vosges, occasionnant des inondations notamment dans le secteur de Gérardmer.

Assez logiquement, avec une année très pluvieuse, le soleil s'est fait plutôt discret. "On a 10 % d'ensoleillement en moins. 10 %, on n'a pas l'impression que c'est énorme, mais ça fait quand même 150 heures de soleil à l'échelle de l'année", pointe Alexandre Martel.

Alors que les dernières années avaient été marquées par un soleil plus présent que d'habitude, 2024 contraste sérieusement. Charleville-Mézières, dans les Ardennes, est la station météo du Grand Est avec le plus faible ensoleillement : seulement 1 392 heures en 2024, soit 3,8 heures par jour en moyenne.

Le Grand Est n'est pas le seul à souffrir du manque d'ensoleillement. "Ça se retrouve globalement sur une bonne moitié nord du pays", souligne l'ingénieur météo. Au niveau national, l'ensoleillement est le plus faible depuis trente ans.

2024, année parmi les plus chaudes

Avec des pluies abondantes, vous pourriez penser que les températures n'ont pas été particulièrement élevées. Détrompez-vous. 2024 est la cinquième année la plus chaude dans la région, depuis le début des relevés en 1947. La température moyenne est de 1,16 °C au-dessus de la normale. Pour rappel, le record qui remonte à 2023 est de 1,5 °C au-dessus de la normale.

Tous les mois de 2024 se retrouvent au-dessus des normales mensuelles. "Un tel enchaînement, c'est spectaculaire. C'est un marqueur du changement climatique", souligne Alexandre Martel. "On n'atteint pas les records de 2022 et 2023, mais on reste une année très chaude par rapport à la normale."

Les mois d'été sont tout juste au-dessus des normales, de quoi nous donner une fausse impression d'année finalement pas si extrême. Mais il faut rappeler que le début d'année avait été marqué par d'importantes anomalies de température, avec + 4,5 °C au-dessus de la normale en février. "Quand on a une bonne douceur au mois de février, il ne fait pas particulièrement chaud. Mais + 4,5°C par rapport aux normales en février c'est vraiment énorme."

Par exemple, en février, aucune gelée n'a été enregistrée à la station météo de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Une première pour un mois d'hiver.

Un réchauffement plus marqué dans le Grand Est

Il faut rappeler que les normales calculées sur la période 1991-2020 sont déjà teintées par l'impact du réchauffement climatique. "Avec ces normales 1991-2020 qui servent aujourd'hui de comparaison, on a déjà finalement une prise en compte d'années très chaudes, qui sont des années après l'an 2000."

Par rapport à l'ère préindustrielle, c'est-à-dire la période 1850-1900, la planète s'est réchauffée de 1,1 °C en moyenne. C'est ce qu'indique le rapport du GIEC, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

"À l'échelle de l'Hexagone, on est déjà à + 1,8 °C au-dessus de cette moyenne mondiale. Tout simplement parce que les continents se réchauffent plus vite que les océans." Et notre région, éloignée de la mer est encore un cran au-dessus. C'est d'ailleurs celle qui se réchauffe le plus en France. "Si on compare avec l'ère préindustrielle, on a déjà on a déjà vécu un réchauffement mesuré de + 2 °C", rappelle Alexandre Martel. Les dix années les plus chaudes dans la région ont toutes eu lieu après l’an 2000.

L'origine humaine du changement climatique ne fait plus de doute. "On sait que la période actuelle est une des plus chaudes qu'on a vécue au cours des 850 000 dernières années. On sait aussi que les concentrations de gaz à effet de serre sont les plus importantes depuis un million d'années."

Si certains pourraient tenter de nier l'impact de l'humanité dans ce réchauffement, en rappelant des périodes de réchauffement et de refroidissement dans l'histoire de notre planète, les valeurs actuellement observées sont sans commune mesure avec le passé. "En l'espace de plusieurs siècles, un changement climatique naturel, c'est plus ou moins 0,5 °C à l'échelle de la planète. Avec + 1,1 °C en l'espace de cent ans, on est largement en dehors des clous par rapport à une variation qui pourrait être naturelle", souligne l'ingénieur de Météo France.

L'inertie climatique va faire que les températures vont encore augmenter dans les décennies à venir. "Jusqu'en 2050, il y a assez peu d'incertitude. Pour la fin du siècle, en fonction des trajectoires d'émission, on n'a pas les mêmes scénarios qui nous attendent", ajoute-t-il. Tout dépendra des actions concrètes des citoyens et de leurs dirigeants partout sur la planète.


Si vous vous posez des questions sur le réchauffement climatique, n'hésitez pas à consulter l'article sous forme de questions/réponses rédigé par nos collègues de franceinfo.

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