Plusieurs membres d’une même famille ont été blessés lors de la collision entre deux tramways survenue à la station "gare", à Strasbourg, le 11 janvier. Parmi eux, une jeune fille de 14 ans a dû subir une ablation de la rate. Son frère dénonce le manque de considération de la CTS.
"À ce jour, nous n’avons toujours pas été contactés par la CTS". Trois semaines après la collision survenue le 11 janvier entre deux tramways sous la gare de Strasbourg, David* tient à exprimer sa colère vis-à-vis de la compagnie des transports strasbourgeois. "Depuis l’accident, ils ne cessent de dire qu’il n’y a eu que des blessés légers. Mais c’est faux !"
David* n’était pas passager du tramway lors de la collision. Mais sa grand-mère, sa sœur de 14 ans et ses deux petites cousines adolescentes étaient ensemble dans la rame arrêtée à quai de la station "gare" qui a été percutée par une autre rame arrivant à grande vitesse en marche arrière (lire notre article). "C’étaient les soldes, elles étaient parties ensemble faire du shopping en centre-ville."
"Dès que j’ai appris la collision, j’ai foncé à la gare. Ma grand-mère avait déjà été évacuée en urgence vers le CHU de Hautepierre pour une suspicion d’accident vasculaire cérébral. Mais ma petite sœur était encore sur place, prise en charge par les pompiers, se remémore-t-il. Elle avait une plaie à la tête. Selon les secouristes, son cas ne semblait pas trop grave. Ils l’ont donc évacuée vers la clinique Rhéna où étaient pris en charge les blessés les plus légers."
Une fois hospitalisée, la jeune fille se plaint de fortes douleurs à l’estomac. Un scanner passé plusieurs heures après l’accident révèle une hémorragie interne et une fracture de la rate. Les médecins n’ont d’autres choix que de transférer la jeune fille en urgence au CHU de Hautepierre pour procéder dans la nuit à l’ablation de l’organe.
Depuis, les jours de la collégienne ne sont plus en danger. Après plusieurs jours passés en service de réanimation pédiatrique, elle est sortie de l’hôpital, mais elle est encore trop faible pour retourner en cours. "L’ablation de sa rate va avoir des conséquences médicales lourdes pour elle", déplore son frère. Si la rate n’est pas un organe vital, elle a toutefois un rôle important dans l’efficacité du système immunitaire et la lutte contre les infections bactériennes.
On ne parle pas d’un petit bobo pour lequel on pose un sparadrap et hop c'est guéri
Frère d'une adolescente gravement blessée dans l'accident
"On ne parle pas d’un petit bobo pour lequel on pose un sparadrap et hop, c'est guéri", déplore le frère de la jeune fille, en colère face aux déclarations faites par la CTS. Le 11 janvier, quelques heures après la collision, la compagnie de transport spécifiait en effet par voie de communiqué qu’"aucun blessé grave n’est à déplorer" parmi les 132 personnes impliquées dans l'accident, en précisant que selon les pompiers, "une cinquantaine de blessés en urgence relative ont été transportés à l’hôpital."
"On a vraiment l’impression que les victimes n’ont pas été prises en considération" dénonce David* qui évoque également la situation de sa grand-mère, souffrant encore – trois semaines après l’accident - de lourdes contusions au bassin consécutives au choc. " Depuis le 11 janvier, personne de la compagnie ne nous a contactés, ni pris de nos nouvelles. Leur silence pèse lourd pour nous, c’est choquant. "
David* et d’autres membres de sa famille ont décidé de porter plainte contre la CTS pour blessures involontaires. Ils ont par ailleurs pris le conseil d’un avocat en vue de faire établir la responsabilité administrative de l’accident.
Contactée, la CTS explique que l’appréciation quant à la gravité des blessures des victimes relève de la compétence des secours, lesquels lui ont indiqué qu’il n’y avait pas de blessés graves. Elle invite les victimes à se faire connaître, via leur formulaire de contact, ou en se rapprochant du service "Allô CTS" au 03.88.77.70.70.
* Le prénom a été modifié à la demande de la famille qui souhaite garder l’anonymat