Strasbourg est la troisième ville française la plus touchée par les actes antisémites en 2024, d'après le rapport publié par le Service de protection de la communauté juive. Si le chiffre national est en baisse par rapport à 2023, il reste à un niveau historiquement élevé.
Plus d'une centaine d'actes antisémites en moins par rapport à 2023 : à première vue, le rapport 2024 du Service de protection de la communauté juive (SPCJ), basé sur les chiffres du ministère de l'Intérieur, semble donc etre une bonne nouvelle. Mais avec 1570 faits repertoriés, les actes antisémites restent historiquement extrêmement élevés. Entre 2012 et 2022, ce chiffre ne dépassait jamais la barre des 900.
Localement, Strasbourg se hisse à la 3e place du classement des villes les plus touchées, après Paris et Marseille. 42 faits ont été enregistrés en 2024, 51 dans le Bas-Rhin, ce qui en fait le 9e département le plus touché en France. Proportionnellement à sa population, la capitale du Bas-Rhin s'avère une très mauvaise élève, loin devant Lyon, Toulouse ou Nice.
Le Crif Alsace a appelé à un "examen de conscience" dans les colonnes des Dernières Nouvelles d'Alsace ce vendredi 24 janvier, et a souligné le paradoxe de voir Strasbourg devant des villes où la communauté juive est plus importante.
Des actes sur des sites communautaires à Strasbourg
Dans le détail, ces actes ont eu lieu majoritairement sur des sites communautaires à Strasbourg (27 sur 42). Ce n'est pas le cas à Paris ou à Nice par exemple, où les actes antisémites sont majoritairement recensés dans la sphère privée. Ils peuvent également survenir dans des lieux publics, sur Internet ou en milieu scolaire par exemple.
S'il y a une légère baisse en 2024, c'est que le chiffre avait explosé en 2023, passant de 436 actes antisémites en 2022 à 1676. Le rapport indique que les attaques du 7-Octobre par le Hamas contre Israël ont constitué un basculement à long terme. "On voit que ça laisse une empreinte durable sur la question de l’antisémitisme, estime Yonathan Arfi, président du Crif, dans le Monde. Nous sommes désormais sur des chiffres avec un ordre de grandeur qui n’a plus rien à voir avec ceux de 2022."
Il faut par ailleurs savoir que ces chiffres sont basés sur les plaintes pour acte antisémite comptabilisées par le Ministère de l'Intérieur. Les actes de violence en ligne ou l'antisémitisme à l'école échappent généralement à ce recensement, car ces faits se règlent généralement autrement que par des plaintes. L'ampleur du phénomène révélé par le rapport pourrait donc s'avérer plus importante dans la réalité.