Le 1er décembre à Paris, lors de l’acte III, des dégradations avaient été commises, notamment par des membres de l’ultra-droite. Quatre Parisiens, un Lyonnais et un Alsacien comparaissaient mercredi 9 janvier au tribunal de grande instance de Paris. Il a écopé de 4 mois avec sursis.
Tags anti-policiers, jets de parpaing, barricade: six jeunes hommes, âgés de 20 à 27 ans, membres de mouvances d'extrême droite, étaient jugés hier, mercredi 9 janvier, à Paris pour des violences commises en réunion lors de la manifestation des "gilets jaunes" du 1er décembre 2018. Ce jour-là, des échauffourées avaient éclaté aux abords de la place de l’Etoile noyée sous les gaz lacrymogènes. Les images de l’Arc de Triomphe, vandalisé, avaient fait le tour du monde.
Les six prévenus, présentés comme des militants de l’ultradroite pour la plupart issus du GUD, syndicat étudiant d'extrême droite aujourd'hui dissous, s'étaient donné rendez-vous sur messagerie cryptée avant de gagner le lieu de la manifestation. Certains s’étaient retrouvés place de l'Etoile derrière une banderole proclamant "Le peuple aux abois, tuons le bourgeois", une phrase issue d'un tube de rock identitaire qui prône de "tuer le bourgeois" en soi pour "apporter un changement radical". Une note des renseignements avait fait état de la présence de deux groupes ayant convergé vers la manifestation: le groupe parisien des Zouaves et celui de membres du Bastion social, mouvement créé au printemps 2017 à Lyon par d'anciens du GUD.
Poursuivis pour association de malfaiteurs et pour participation à un groupement en vue de commettre des violences et des dégradations, les jeunes qui niaient avoir participé aux violences encouraient jusqu'à cinq ans de prison. Ils ont finalement écopé de peines allant du sursis à trois mois de prison, pour certaines assorties d'une interdiction temporaire de se rendre à Paris. Des peines bien plus légères que celles requises par le procureur, qui avait demandé jusqu'à un an ferme contre des prévenus ayant "un niveau d'étude très supérieur à la moyenne" et "une passion commune pour la violence", loin du profil habituel des comparutions immédiates de "gilets jaunes".
L'accusation s'était attachée à dresser le portrait d'un "groupement": "ils se donnent rendez-vous", "ils taguent ensemble", "on les voit sur des photos", "ils participent tous d'une même mouvance d'extrême-droite" et "se retrouvent au bar" le soir du 1er. La défense a elle dénoncé une "procédure fourre-tout" et des "poursuites délirantes" pour une affaire se résumant à quelques tags sur les murs d'une avenue et la participation à une manifestation qui a tourné au chaos.
Un Alsacien, Xavier M., parmi les prévenus
A la barre, plusieurs profils se sont succédés. Marc.C, présenté comme un des chefs des Zouaves, a reconnu, comme d'autres prévenus, son appartenance au GUD mais nié être membre des Zouaves. Pour son rôle central dans le groupe, il sera condamné, avec un autre prévenu, à six mois de sursis assortis de 105 heures de travail d'intérêt général (TIG). Son ami Aloys, avec lequel il a tagué "ACAB" ("All cops are bastards") ou "Libre, social et national", a écopé de la seule peine de prison ferme. Brillant étudiant, mention Très Bien au bac, ce jeune homme de 24 ans avait déjà été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir participé à une attaque du lycée autogéré de Paris en mars dernier, ce dont il se défend.Venu d'Alsace, un autre membre du Bastion social, qui possède une antenne active dans la capitale alsacienne, Xavier M., adhérent du RN (ex-FN) comparaissait lui aussi. "Mais que faut-il de plus, enfermons-le tout de suite!", s'est exclamé son avocat, dénonçant des poursuites "politiques". Ce qui n'a pas été suffisant pour lui éviter la prison: le juge a prononcé contre lui une peine de quatre mois d'emprisonnement avec sursis.