Dans de nombreuses villes de France, et notamment à Strasbourg, les "apéros peinture" se multiplient. Organisés dans des bars pour profiter d'une ambiance conviviale, l'objectif est de réaliser sa propre toile sur les conseils de peintres aguerris.
Avez-vous déjà entendu parler des "apéros peinture" ou "paint party" ? Si ce n'est pas encore le cas, ça ne saurait tarder. Ces ateliers de peinture organisés dans des bars sont en plein boom. À Strasbourg, deux entreprises d'événementiel en proposent toutes les semaines - et affichent presque systématiquement complet.
Le concept est simple, mais efficace : un ou une peintre vous guide pour réaliser une toile en quelques heures, tandis que vous sirotez vos boissons préférées. En France, ce type de soirée existe à Paris depuis 2017, quand Julien Chavanne décide d'importer le concept des États-Unis. Aujourd'hui, plus de 25 000 personnes dans dix villes ont pu découvrir les apéros peinture à travers ses ateliers.
Se découvrir une passion
Et si les apéros peinture se passent dans des bars, c'est surtout parce qu'ils ne prétendent pas à être des cours à proprement parler. Il n'y a pas besoin de justifier d'une première expérience en peinture ou d'un certain niveau et il n'y est pas question d'apprendre des techniques académiques.
"Ce n’est pas un cours de peinture. Déjà, on ne peut pas être Picasso en deux heures," insiste Julien Chavanne. "Les artistes sont là pour accompagner les participants, étape par étape. Voir quel mélange de couleur on fait, quel pinceau on choisit... C'est une façon facile de tester la peinture, de découvrir."
Pour Andreea Grosu, une artiste strasbourgeoise qui a lancé ses apéros peinture en septembre 2024, le mot d'ordre est "go with the flow". "On sent les grands débutants stressés donc j'essaie vraiment de trouver des techniques de peinture faciles à reproduire. Et même si ce n’est pas parfait, il faut se laisser aller."
La peinture, créatrice de lien
Le succès des apéros peinture serait aussi dû au besoin grandissant de tisser du lien, dans une société où les contacts numériques sont souvent plus nombreux que les contacts dans la vie réelle. Julien Chavanne explique son point de vue : "On est de plus en plus sur les écrans, alors qu'on a besoin d'avoir des contacts humains. Se retrouver, socialiser... Ça crée du lien de faire des peintures tous ensemble."
Dans les ateliers d'Andreea Grosu, idem. Les portables sont vivement déconseillés. Une consigne assidûment suivie par les participants. "Au quotidien, on est hyperstimulés. Là, on n'a pas à regarder les notifications, ça fait un temps de pause. On prend du temps pour soi," apprécie Olivier, venu avec sa compagne.
S'il est possible d'assister aux ateliers en couple ou entre amis, beaucoup de participants viennent seuls. Un des objectifs affichés est de pouvoir faire de nouvelles rencontres. C'est le cas d'Anastasia, une étudiante de 22 ans, qui a assisté à l'un des ateliers d'Andreea Grosu : "J'aime bien, c'est très sympa ! C'est plus intéressant que juste aller boire un verre dans un bar."
Andreea Grosu confirme d'ailleurs l'aspect facilitateur de lien social de ces ateliers : "J'ai déjà vu plusieurs personnes échanger leur numéro de téléphone après l'apéro, ou d'autres qui restent boire un verre ou manger ensemble dans le bar quand on a fini."
Une aubaine pour les bars participants
Les bars organisateurs ne sont pas en reste. Les apéros peinture sont l'occasion de remplir la salle les soirs de semaine. À raison de cinq à quinze participants à chaque fois, le gain n'est pas négligeable.
Chris, gérant d'un bar à Kehl, a pris l'initiative de contacter Andreea Grosu lui-même. "Ça permet de faire connaître le bar, tout en mettant l'accent sur la culture, déclare-t-il. On n'a pas envie d'être un bar lambda, il y en a suffisamment comme ça."
Seul danger de ces apéros peinture : confondre sa pinte de bière et son pot à pinceaux !