Le niveau des nappes phréatiques de France offre un visage contrasté, avec des zones où les interdictions d’usage de l’eau risquent de se durcir cet été. C'est le constat qu'a dressé mardi 18 juin le Bureau de recherches géologiques et minières. L'Alsace est concernée.
C’est un constat alarmant qu’a dressé le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans son dernier bulletin publié mardi 18 juin. Spécialisé dans la gestion des ressources et des risques du sol et du sous-sol, l'organisme a passé au crible l’état des nappes phréatiques de l’hexagone. Résultats, nombre d’entre elles affichent des niveaux "peu satisfaisants" voire "inférieurs" à ceux de l'an dernier.
Etat des nappes d'eau souterraine au 1er juin 2019 by France3 Alsace on Scribd
Les scientifiques pointent du doigt le manque de précipitations pendant la période hivernale qui n'a pas permis la recharge habituelle de ces nappes. Les précipitations du mois de mai ont certes, ralenti le processus dans certaines régions, mais malgré tout, au 1er juin, 59% des nappes se situaient à un niveau "modérément bas à bas".
Situations des nappes au 1er juin 2019 by France3 Alsace on Scribd
Le sud Alsace particulièrement impacté
Les niveaux de certains aquifères sont même jugés "proches des minima enregistrés pour un mois de mai". Ce sont les "secteurs à problèmes attendus pour l'été", a commenté lors d'une conférence de presse l'hydrogéologue Laurence Gourcy. De manière générale, "c'est beaucoup moins bien que l'année dernière" où la situation était globalement satisfaisante en sortie d'hiver, "mais plus favorable qu'en 2017 où il y avait eu énormément de restrictions d'eau", a-t-elle ajouté.
Contrastant avec les nappes de la région Corse et du pourtour méditerranéen, dont la situation reste "satisfaisante", celles de la Bourgogne, du Rhône amont mais aussi de la plaine d’Alsace sont particulièrement impactées. Des secteurs qui "présentent des niveaux peu favorables, parfois proches des minimas enregistrés pour un mois de mai".
"La situation est contrastée selon les 17 secteurs analysés dans la région, détaille Fabien Toulet, chargé de mission à l’observatoire de la nappe d’Alsace (APRONA). Globalement, le Bas-Rhin se situe aux alentours des normales de saison, ou légèrement au-dessus. En revanche, le Haut-Rhin souffre davantage avec des situations de basses eaux, en bordure, là où la nappe n’est pas épaisse. A Fessenheim ou à Cernay, le niveau est modérément bas, mais à Habsheim, il est historiquement bas, sur plusieurs mois. »
Un constat qui pourrait encore s’amplifier et provoquer des "problèmes" en Alsace comme ailleurs pendant l'été prévu, plus chaud que la normale. Les dernières prévisions saisonnières publiées par Météo-France la semaine dernière, tablent en effet sur un thermomètre estival particulièrement élevé avec des conditions anticycloniques qui devraient dominer sur la France et une grande partie de l'Europe engendrant des températures supérieures aux normales. Aucun scénario ne se dégage en revanche pour les précipitations.
Des restrictions d’eau à prévoir
Si le scénario se confirme, des recommandations, voire des mesures de restriction de l'usage de l'eau, pourraient être prises, selon les zones touchées. En 2018, la préfecture du Bas-Rhin avait par exemple invité l’ensemble des usagers du département (collectivités, entreprises, agriculteurs, particuliers, etc.) à une utilisation économe de l’eau. Dans les zones rouges, en alerte renforcée, le remplissage des piscines privées, le lavage des véhicules, le lavage des voiries et des trottoirs, l’arrosage des pelouses et jardins, ou encore l’alimentation des fontaines publiques en circuit ouvert avaient été interdits."L’année dernière, on avait observé des assecs jusqu’au mois d’octobre. Il n’avait pas plu avant décembre. C’était préoccupant. Cette année, on en est pas encore là", tempère Fabien Toulet.
Un comité sécheresse préventif devrait se tenir le 2 juillet prochain pour faire un nouvel état des lieux de la nappe alsacienne.