Après deux mois et demi de fermeture due à la crise du Covid-19, les restaurants sont à nouveau autorisés à ouvrir leurs portes ce mardi 2 juin. Les chefs d'établissement ont profité du week-end de la Pentecôte pour effectuer les derniers ajustements. Mais tous ne pourront pas rouvrir.
Deux mois et demi après l'annonce "choc" du premier ministre, Edouard Philippe, de fermer tous les établissements "non vitaux", les restaurants sont à nouveau autorisés à ouvrir, ce mardi 2 juin. Depuis des semaines, les restaurateurs strasbourgeois attendent et préparent cette réouverture. Une réouverture sous contraintes sanitaires. Certains, d'ailleurs, ne pourront s'y plier et ne rouvriront donc pas.
"Mardi matin, on sera prêt"
A Strasbourg, les salariés du célèbre restaurant la Maison Kammerzell redoublent d'efforts avant d'accueillir leurs premiers clients depuis la mi-mars et de tourner enfin la page du confinement. Masque sur le visage, chiffon et bidon de produit désinfectant dans les mains, Vincent Leclopé s'affaire sur des boiseries : "j'enlève d'abord toutes les poussières" accumulées pendant les longues semaines de fermeture, une première étape avant d'autres désinfections, explique le maître d'hôtel. Fenêtres, poignées, tables, chaises... "On a passé plusieurs heures à tout nettoyer" et faire la chasse au coronavirus. "Ce lundi 1e juin, on a une seconde désinfection Covid, encore plus poussée", renchérit Théo Stutzmann, également maître d'hôtel. "Il faut pouvoir mettre les verres et les couverts sur les tables et que tout soit prêt pour accueillir les clients. Mardi, on sera prêt" abonde Vincent.Depuis des semaines, la Maison Kamerzell attend l'autorisation de réouverture des restaurants. Dans un post facebook l'équipe se dit enthousiaste à l'idée de retrouver "la vie à la française".
20% de couverts en moins pour la "Kamm"
A l'image de Vincent et Théo, ils étaient en ce long week-end de Pentecôte une dizaine de salariés de la Maison Kammerzell à briquer, dépoussiérer, désinfecter les salles de l'un des restaurants les plus prestigieux de Strasbourg, où se sont attablés chefs d'Etat et vedettes du monde entier. Sa terrasse, d'ordinaire prise d'assaut par les touristes, est cette fois occupée par des salariés occupés à mesurer les distances entre les tables, distanciation physique oblige. Au sol, des points blancs servent de repères pour disposer table et chaises.
Sur twitter, le mètre déroulant est de sortie à la veille de l'ouverture des restaurants.
Le Kammerzell sera prêt pour demain.
— Bella Dona (@BellaDo18649680) June 1, 2020
???@guitou_8888 https://t.co/S1GJNb9V6R
L'établissement, réputé pour sa choucroute aux trois poissons et qui peut servir jusqu'à 1.200 couverts par jour, va devoir renoncer à une partie de ses tables et couverts. A l'intérieur comme en terrasse, la "Kamm" va en perdre à chaque fois "20%", estime son patron, Jean-Noël Dron. Mais "l'intérêt de la Maison Kammerzell", ce sont ses "dix salles différentes", avec "trois grandes d'habitude dévolues aux banquets et qui seront complètement
réaménagées en salles pour individuels" et permettront de limiter les pertes de couverts.
A la veille de la reprise, Jean-Noël Dron se doute bien que le monde de la restauration "rentre dans une période totalement inconnue", une perspective qui ne le rend "pas du tout inquiet" : la Maison Kammerzell "a connu depuis 1427 de multiples épidémies, des guerres nombreuses. Une chose est sûre : ce bâtiment et cet établissement nous survivront à tous".
"On se réjouit de retrouver notre travail, nos collègues et nos clients"
Même agitation dans huit restaurants du Strasbourgeois Jérome Fricker. Depuis quatre jours, les équipes sont de retour dans les établissements. "Dans les cuisines, c'était le grand ménage et la préparation de l'ouverture avec les commandes à passer notamment". Et en salle, dimanche 31 mai et lundi 1 juin, les salariés ont organisé l'espace pour pouvoir accueillir le public dès mardi.Jérôme Fricker qui annonce sur sa page facebook les différentes ouvertures de ses restaurants
L'entrepreneur strasbourgeois est ravi de pouvoir ouvrir à nouveau ses restaurants même si les conditions seront exceptionnelles. Port du masque obligatoire pour les employés, distanciation des tables, "c'est une première pour nous tous. Et même si on se réjouit de pouvoir ouvrir nos établissements, de retrouver notre travail, nos collègues et nos clients, on ne sait pas comment la reprise va se dérouler? Les Strasbourgeois sont-ils prêts au déconfinement?" Et d'ajouter "n'oublions pas que les touristes seront également absents un certain temps".
La Corde à Linge dont il est également propriétaire, et située Place Benjamin Zix à Strasbourg, recevait habituellement jusqu'à 270 couverts en terrasse. Avec la distanciation des tables, la terrasse s'est vu amputée d'une centaine de couverts. Soit un tiers de moins. "On a réussi, grâce aux mesures d'extension de terrasse accordées par la ville de Strasbourg, à rajouter 30 couverts supplémentaires. C'est bien pour limiter la casse. Mais ce ne sera pas suffisant. Il y aura forcèment un impact sur le chiffre d'affaires, sur l'emploi", s'inquiète Jérome.
Les Winstub traditionnelles alsaciennes à la peine
Jérome Fricker ouvrira huit de ses neuf restaurants progressivement au courant de la semaine du 2 juin. Le Saint Sépulcre, une Winstub traditionnelle alsacienne, rue des Orfèvres, restera fermée jusqu'à nouvel ordre. " Le problème des Winstub c'est leur concept. Des petits espaces, conviviaux, bas sous plafond, des poutres apparentes et des tables très rapprochées, cette ambiance qu'on aime dans les Winstub fait leur faiblesse en ces temps de crise sanitaire" détaille le propriétaire.
Après avoir retourné le problème dans tous les sens, Jérôme Fricker n'a pas de solution immédiate pour rouvrir la Winstub tout en respectant les mesures sanitaires. "Je ne pourrais pas proposer assez de couverts pour rester dans mes frais. Et puis, qui mange une choucroute en plein été? Les touristes. Ils ne sont pas là pour le moment."
Jérôme Fricker attend l'ouverture des frontières le 15 juin prochain, notamment avec l'Allemagne, pour espérer un retour des touristes dans la capitale alsacienne.