Après la ville de Strasbourg, c'est au tour du Conseil régional Grand Est de suspendre sa subvention à l'école Michaël. Cet établissement, qui se réclame du courant pédagogique Steiner-Waldorf, a été récemment épinglé par le rectorat pour plusieurs manquements. Une décision attendue par plusieurs personnalités politiques.
C'était une décision attendue par les parties d'opposition. Après l'arrêt des subventions de la mairie de Strasbourg à l'école Michaël, récemment épinglée par le rectorat pour des manquements pédagogiques liés au courant Steiner-Waldorf, c'est au tour du Conseil régional Grand Est de suspendre la sienne. L'école de 167 élèves ne touchera pas les 17 500 euros pourtant votés quelques jours plus tôt lors d'une commission tenue le 24 janvier. Ce retour en arrière fait suite à de nombreuses réactions de politiques locaux appelant le Conseil régional à suspendre ses aides financières.
"Par mesure de précaution, le Conseil régional Grand Est a décidé cette semaine de suspendre ses subventions à l'école Steiner de Strasbourg, explique Martine Lizola, présidente de la commission culture et mémoire au Conseil régional. Cette décision intervient après que les nouveaux éléments du rectorat ont été abordés lors de la dernière commission le 24 janvier, poursuit l'élue. Toutefois, le Conseil régional continue d'apporter son soutien aux jardins d'enfants, une structure juridique distincte de l'école Steiner, dans le cadre de sa politique pour le bilinguisme français-allemand."
Une décision attendue par les partis d'opposition
Ce changement de cap opéré par le Conseil régional au sujet de l'école Michaël était attendu depuis plusieurs jours par les partis d'opposition. Michaël Weber, sénateur de la Moselle sous l'étiquette de la gauche solidaire et écologiste, interpellait encore mercredi 29 janvier le président du Conseil régional, Franck Leroy. "Notre groupe demande le suspens de l'envoi de la subvention votée à la dernière Commission permanente du Conseil régional pour l'école Michaël dont les pratiques éducatives sont questionnées par le rectorat à la suite de cette inspection de l'établissement", indiquait le sénateur dans un communiqué.
À l'autre bout de l'échiquier politique, les élus du Rassemblement national du Grand Est s'étaient également positionnés contre le versement de ces subventions régionales. "N’en faisant qu’à sa tête, peu soucieux du respect des valeurs républicaines et de l’argent du contribuable, Franck Leroy a tout de même décidé d’attribuer cette subvention avant même d’avoir toutes les assurances quant à la protection des enfants scolarisés, avaient fait savoir les élus d'opposition. Il ne pourra pas dire qu'il ne savait pas." Laurent Jacobelli, président régional du RN, avait même alerté le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, dans un courrier daté du 31 janvier.
Une décision "politique", selon l'école
Si l'école n'a pour l'instant pas réagi à la suspension de l'aide du Conseil régional, elle a toutefois dénoncé dans un communiqué l'arrêt des aides financières de la mairie de Strasbourg. Ce choix est perçu selon l'établissement scolaire comme "une utilisation politique de la mise en demeure pour suspendre les subventions".
Ces aides municipales étaient initialement prévues pour entamer des travaux de rénovation de la toiture de l'établissement, ainsi que pour payer des frais fonctionnels pour l'année 2025. L'école Michaël de Strasbourg dispose dorénavant d'un mois pour répondre au rectorat sur ces mises en demeure et se mettre en conformité avec l'Éducation nationale.