Des collectifs de parents d'élèves et de personnel d'établissements scolaires se sont rassemblés devant le Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg, ce jeudi 23 janvier. L'objectif était d'interpeller la Collectivité européenne d'Alsace sur le manque de prise en charge des enfants à la rue, alors même que celle-ci organisait les assises alsaciennes de la prévention et de la protection de l'enfance.
Une centaine de personnes ont manifesté ce jeudi 23 janvier en fin d'après-midi devant le Palais de la musique et des congrès de Strasbourg.
À l’origine de ce rassemblement, 41 collectifs de personnels d'établissements scolaires, 11 associations de parents d'élèves, mais aussi des associations, syndicats et élus locaux. Un cri d'urgence adressé à la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), organisatrice des assises de la prévention et de la protection de l'enfance, sur la situation des enfants sans-abri.
Il y en aurait entre 80 et 100 rien qu'à Strasbourg, d'après les associations.
Quand je vois quelqu'un en train de se noyer, je ne vais pas lui expliquer que je ne suis pas maître-nageur donc que je ne peux pas l'aider
Céline Balasse, enseignante au collège Lezay Marnésia
Mais la compétence de trouver des logements aux familles sans-abri n'incombe pas à la CEA, a affirmé son président Frédéric Bierry ce midi, sur notre antenne. "Dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint, on doit prioriser les situations dont nous avons la responsabilité."
Une excuse difficile à entendre pour les enseignants ou membres d'associations présents à la manifestation, eux qui côtoient quotidiennement ces enfants. "Quand je vois quelqu'un en train de se noyer, je ne vais pas lui expliquer que je ne suis pas maître-nageur, donc que je ne peux pas l'aider. Je sais nager, donc j'y vais," déclare amèrement Céline Balasse, enseignante au collège Lezay Marnésia. "Ce ne sont même plus des personnes vulnérables, ce sont des personnes en danger, avec ces températures... [De la part de la CEA], on dirait qu'il n'y a aucune prise de conscience."
Parmi la centaine d'autres manifestants, des membres du conseil d'administration du Collectif pour l’accueil des solliciteurs d’asile de Strasbourg (CASAS). Eux aussi s'indignent de l'inaction de la CEA : "Leur compétence, c'est la protection de l'enfance donc ils ne peuvent pas se désister ! Et les logements, ils existent."
Une manifestation dédaignée par les autorités
Le rassemblement n'a cependant pas eu l'effet escompté, malgré le nombre important de manifestants. En effet, devant l'entrée Schweitzer, à part eux et quelques policiers, personne en vue. Selon les organisateurs de la manifestation, l'heure de fin des assises aurait été décalée pour permettre au millier de participants de ne pas les croiser. Ce que conteste la CEA, qui affirme ne pas avoir modifié le planning. "Nous n'étions même pas au courant de la tenue de la manifestation," assure-t-on au sein de la collectivité.
Au bout d'une demi-heure sur place, les lumières de l'auvent sous lequel ils s'étaient réunis ont même été éteintes.
Pas de quoi démobiliser les associations, cependant. La prochaine étape, selon Céline Balasse, sera la préfecture.