La clinique Sainte-Barbe, à Strasbourg, rejoint en ce début d'année 2025 les structures françaises proposant un stimulateur capable de traiter les apnées du sommeil. France 3 Alsace fait le point sur ce qu'il faut savoir à propos de ce syndrome qui touche 5% de la population.
C'est un petit boîtier qui permet de faire avancer la langue à chaque fois que l'on s'arrête de respirer en pleine nuit. Son nom : le "stimulateur XII". Il s'agit d'une alternative au respirateur classique pour les personnes atteintes d'apnée du sommeil, un trouble provoquant l'arrêt du flux respiratoire pendant la nuit.
Ce stimulateur peut désormais être implanté par la clinique Sainte-Barbe, à Strasbourg. L'établissement privé rejoint ainsi les structures publiques qui proposent le dispositif à leurs malades, comme le CHU de Bordeaux, le premier à l'avoir expérimenté en 2016.
Si de plus en plus d'établissements de santé spécialisés s'y mettent, c'est parce que l'Assurance maladie a décidé de prendre en charge le dispositif depuis août 2024. L'option chirurgicale vient ainsi s'ajouter aux autres méthodes de traitement d'une pathologie susceptible de provoquer AVC et crises cardiaques, dans sa forme la plus grave. L'apnée du sommeil, ou plus précisément, le syndrome d'apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), concerne 4% de la population, soit environ 4 millions de Français de tous âges.
Des symptômes qu'on peut attribuer à une simple méforme
La maladie se caractérise par des pauses de respiration qui peuvent durer de 10 à 30 secondes, voire plus, et qui se produisent au moins cinq fois par heure de sommeil, selon le site de l'Assurance-maladie.
Pendant la nuit, le malade ronfle énormément dans 95% des cas. Il présente qui plus est un sommeil agité, entrecoupé de micro-réveils à répétition, des réveils en sursaut s'accompagnant d'une sensation d'asphyxie ou d'étouffement.
Pendant la journée, la personne atteinte d'apnée souffre de somnolence excessive, parfois avec des endormissements involontaires lors de réunion, de repas, ou durant la conduite. Tous ces signes peuvent aussi bien être considérés relevant d'une fatigue chronique, ce qui explique en partie le faible taux de diagnostic de la maladie.
"Comme ce sont des symptômes qui surviennent pendant la nuit, les gens n'en ont pas conscience, explique le neurologue Christophe Petiau, spécialiste du sommeil à la clinique Sainte-Barbe. Ce qui peut mettre la puce à l'oreille, c'est la fatigue en journée, mais on peut aussi trouver d'autres explications. En revanche, le corps médical et le grand public sont de plus en plus sensibilisés à cette maladie, ce qui fait avancer les choses dans le bon sens."
Selon lui, environ la moitié des personnes atteintes d'apnée du sommeil ne le savent pas. Et cette proportion atteint même 90% chez les enfants, selon une étude américaine publiée en 2019.
De nombreuses complications possibles
La vigilance s'est accrue ces dernières années, car l'apnée du sommeil peut déboucher sur de nombreuses complications, et certaines d'entre elles peuvent être fatales. "Il y a les conséquences directes qui sont à elles seules une cause majeure d'altération de la qualité de vie, indique Christophe Petiau. Mais il y a aussi les complications que peut entraîner une apnée aiguë."
L'importance du syndrome se mesure au nombre d'apnées que l'on fait par heure : elle est légère si on en fait entre 5 et 15, modérée entre 16 et 30, sévère si on en fait plus de 30. "L'apnée du sommeil, quand elle est sévère, est considérée comme un facteur de risque majeur des maladies cardiovasculaires, au même titre que le tabac ou le cholestérol."
Les risques sont alors que l'apnée favorise la survenue d'un infarctus, d'un AVC ou d'une hypertension prononcée.
De plus en plus de méthodes de traitement
Une fois que la maladie est diagnostiquée, ainsi que son degré de sévérité, les patients se voient attribuer le dispositif qui convient à leur besoin. Les apnées de moyenne gravité sont traitées par orthèse d'avancée mandibulaire : c'est un appareil qui augmente l'espace compris entre la langue et le larynx afin d'empêcher la langue de se replier et de bloquer la voie aérienne.
Si le traitement ne fonctionne pas ou si l'apnée est plus sévère, il est possible de passer à la pression positive continue. Il s'agit du fameux respirateur, un masque qui propulse l'air dans les voies respiratoires la nuit. S'il obtient d'excellents résultats, il peut s'avérer très contraignant : irritation du visage, sécheresse du nez et de la bouche, bruits gênants pendant la nuit.
Le but du stimulateur n'est pas de remplacer le masque ou le respirateur. Il est vraiment pensé pour ceux qui n'ont pas pu s'y adapter
Christophe Petiau, neurologue
"Il a été démontré qu'au bout de trois ans, 50% des patients abandonnent le masque, indique Christophe Petiau. Dans notre centre, ce chiffre s'élève à 20%." Une partie de ces patients choisissaient alors de vivre avec leur maladie, sans aucun traitement. "C'est la raison pour laquelle l'Assurance maladie a pris la décision de rembourser le stimulateur. C'est une innovation qui pourra changer la vie de ces personnes."
On en arrive donc à la troisième méthode : le traitement chirurgical pour implanter un stimulateur. Il propulse la langue vers l'avant pendant le sommeil pour ouvrir les voies aériennes. "Une dizaine de centres disposent de cette possibilité en France aujourd'hui", indique Christophe Petiau. La technique se généralise depuis l'annonce du remboursement par la Sécurité sociale. Mais attention, le dispositif et l'opération ne sont pris en charge que dans le cas où les patients ont déjà essayé les deux autres méthodes. "Le but du stimulateur n'est pas de remplacer l'appareil. Il est vraiment pensé pour ceux qui n'ont pas pu s'y adapter."
85 000 patients sont aujourd'hui traités dans le monde avec ce stimulateur.