Cinq chèvres ont été attaquées le 9 août à Grendelbruch. Jean-François Huckert, l'éleveur, a été choqué. Il a changé son troupeau de pré et renforcé sa cloture, mais il craint une nouvelle attaque. Et il se demande comment continuer.
C'est la troisième attaque dans le secteur en trois semaines. Sur les hauteurs de Grendelbruch, le troupeau de Jean-François Huckert a été attaqué "par un canidé" dans la nuit du 8 au 9 août.. Le loup est dans toutes les têtes, mais l'Office français de la biodiversité (OFB) ne confirme pas son implication dans l'attaque. Il parle de "très forte suspicion de présence d'un loup au moins".
Sur les cinq chèvres attaquées le 9 août, seules deux ont survécu. Jean-François Huckert leur a mis des cataplasmes à l'argile pour essayer de guérir des blessures de crocs de 3 cm de profondeur. L'une d'elle a encore du mal à marcher. Et les traces de crocs sur leurs cous montrent la violence de l'attaque.
Elle a eu lieu de nuit, comme souvent. Les 35 chèvres de Jean-François Huckert étaient protégées par un enclot en bon état, à 700 m d'altitude. Depuis dimanche, l'éleveur a pris des mesures pour éviter que ses bêtes soient à nouveau victime du loup. Il a descendu son troupeau dans un pâturage plus proche du village, et la nuit il rentre ses chèvres dans la bétaillère. Mais il n'est pas rassuré. Un loup peut sauter jusqu'à 2 mètres de cloture. Et il peut s'en prendre au troupeau en journée. Rien ne semble l'arrêter.
En tout, quatre attaques ont eu lieu dans le secteur de Grendelbruch. Les chèvres de Jean-François Huckert ont été attaquées une première fois dans la nuit du 23 au 24 juillet, puis ce sont des moutons d'une parcelle voisine qui ont été pris pour cible. Le troupeau de Jean-François Huckert a été attaqué un seconde fois dans la nuit du 8 au 9 août. La quatrième attaque a eu lieu le 13 août, de nouveau chez un éleveur de moutons.
Les éleveurs aimeraient savoir maintenant combien de loups sont présents dans le secteur. Il a été repéré par des pièges photographiques de l'OFB dans la vallée de la Bruche en 2019. A l'été 2019, plusieurs attaques avaient déjà eu lieu à Ranrupt et à Belmont. L'été est la période où les loups adultes nourrissent les louveteaux. Pourrait-il s'agir d'une meute ? La réponse intéresse les éleveurs, contraints de cohabiter avec ces prédateurs de leurs bêtes.
Jean-François Huckert a contacté l'OFB pour établir un constat, puis il a fait une demande d'indemnisation auprès de la DDT. "Une indemnisation ne couvre jamais tout. [..] et puis on a l'impression qu'ils cherchent tous les éléments qui pourraient prouver que ce n'est pas le loup. Sur le document qui me concerne, l'OFB a marqué "loup non exclu". Et ça on le vit un peu mal", raconte Jean-François Huckert.
Il pourrait s'agir d'un loup peu aguerri, c'est pour ça qu'il ne s'attaquerait surtout qu'aux chèvres et aux moutons.
Mais obtenir une indemnisation après la perte de bétail n'est pas le plus important pour les éleveurs. Ils vivent avec la boule au ventre et viennent compter leurs bêtes chaque matin. Ils doivent mettre en place des stratégies pour éviter de nouvelles attaques : de meilleures clôtures, un autre endroit de patûre, un abri pour la nuit... c'est une reflexion de tous les instants et une inquiétude permanente.
Pour l'éleveur, la décision d'arrêter son élevage de chèvres pourrait aussi être une solution. "Nous avons des chèvres pour faire de l'ouverture de paysage et de l'entretien de paysage, mais à terme on se remet en question. Et je ne sais pas si on gardera nos chèvres. On a des vaches aussi. Mais il n'est pas exclu que le loup s'attaque aussi un jour aux vaches. Il pourrait s'agir d'un loup peu aguerri, c'est pour ça qu'il ne s'attaquerait surtout qu'aux chèvres et aux moutons." L'éleveur a aussi des vaches allaitantes, des chevaux et des porcs.
La cohabitation des éleveurs avec un ou plusieurs loups est compliquée mais obligatoire. Le loup est une espèce protégé et le tuer peut coûter jusqu'à 150.000 euros d'amende et deux ans d'emprisonnement.