Depuis 24 ans, à l'approche du mois de février, des bénévoles de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) se rendent quotidiennement dans la forêt de Neuhof-Illkirch, au sud de Strasbourg (Bas-Rhin) pendant la période de reproduction des amphibiens. L'objectif : aider les grenouilles à traverser la route sans se faire écraser par les voitures.
Elle est reconnaissable à sa peau mouillée et lisse, à son museau arrondi et à ses yeux colorés. Autrefois bien implantée dans les forêts françaises, la grenouille rousse est aujourd'hui menacée à bien des égards : pesticides, réchauffement climatique et passages routiers. Si bien que la moitié de ses effectifs ont disparu en seulement dix ans, l'enfermant aujourd'hui dans la triste catégorie des espèces menacées.
Au sud de Strasbourg (Bas-Rhin), dans la réserve naturelle de Neuhof-Illkirch, les grenouilles rousses et les divers crapauds ont toutefois la chance de bien se porter. "Ici, on dénombre environ 2000 individus présents, note Anne Villaumé, conservatrice de la réserve et salariée de la commune de Strasbourg. Cela est dû au fort taux d'humidité de la forêt, aux mares et à la proximité avec le Rhin." Des points d'eau essentiels à la préservation des espèces : ce sont ici, dans ces mares, que les amphibiens se reproduisent.
Chaque année, on espère sauver le plus de grenouilles possibles
Pierre BuchertMembre de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) en charge des bénévoles.
Chaque année depuis 24 ans, à l'approche du mois de février, moment où les grenouilles et crapauds se déplacent en direction des points d'eau, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et la ville de Strasbourg installent une petite muraille de grillage dans la forêt de la réserve naturelle. Haute de quelques centimètres et longue de 300 mètres, "elle empêche les grenouilles de se rendre sur la route et de se faire écraser par les voitures", explique Pierre Buchert, responsable des bénévoles à la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
Une traversée "artificielle"
Une fois arrivées à proximité de la muraille, non loin de la route, les grenouilles tombent dans des seaux installés à environ tous les dix mètres du linéaire. "Cela permet à tous les bénévoles qui se rendent sur place chaque jour de récupérer les grenouilles et de leur faire traverser la route de manière artificielle", explique Pierre Buchert, précisant que cette espèce est particulièrement menacée en raison de sa lenteur de déplacement face à la vitesse des véhicules.
Sans ces actions, le taux de mortalité des espèces serait beaucoup plus important et pourrait conduire à leur disparition totale sur ce secteur
Pierre BuchertCoordinateur des bénévoles au sein de la LPO.
Une fois la route traversée, les bénévoles relâchent les grenouilles dans la nature. "Notre travail s'arrête ici. Les amphibiens peuvent se reproduire et poursuivre leur vie sereinement", conclue Pierre Buchert. Le travail des bénévoles est essentiel pour sauver ces espèces aujourd'hui menacées à bien des égards, et pourtant si utiles dans la chaine alimentaire et dans la biodiversité de nos forêts.