Le très controversé projet d’extension du tram vers le nord de l’agglomération de Strasbourg doit être revu. D’après nos informations, la commission d’enquête chargée du dossier a rendu un rapport défavorable. Un énorme revers pour la maire, Jeanne Barseghian, et son équipe.
Un projet mort-né ? Mais surtout un séisme politique qui va grandement secouer la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, et la présidente de l'Eurométropole, Pia Imbs. L'une des ambitions phares portée par la municipalité, à savoir l'extension de la ligne du tram vers le nord de l'agglomération, via l'ouest de Schiltigheim et vers Bischheim, doit être revue.
Dans un rapport de 150 pages remis le 9 décembre au soir, la commission d'enquête a émis un avis défavorable, a-t-on appris ce mardi 10 décembre. Après des mois de discussions et de controverses, c'est un camouflet d'une ampleur inédite pour la majorité conduite par les écologistes. Les projets qui en découlent, comme la piétonnisation de l'avenue des Vosges et de la route de Bischwiller à Schiltigheim, ou encore la création d'un parc de 16 hectares au niveau de la place de Haguenau, sont, eux aussi en suspens.
Il faut dire que cette idée suscite, depuis qu'elle a été mise sur la table il y a quatre ans, de vives polémiques. Des questions liées à son coût, passé de 140 millions à 268 millions d'euros, mais également aux conséquences sur le report de la circulation automobile, déjà très dense autour de Strasbourg. Une enquête publique, qui s'est achevée le 18 octobre dernier, avait recueilli l'avis de 6 700 personnes, démontrant que le sujet était matière à débat.
Manifestations, tracés alternatifs : les oppositions au projet sont multiples
Surtout, des élus d'opposition comme le centriste Pierre Jakubowicz ou la socialiste Catherine Trautmann, avaient proposé des tracés alternatifs. Jean-Louis Hoerlé, le maire de Bischheim, commune concernée par l'hypothétique l'extension, avait également déposé un recours devant le tribunal administratif, jugeant que les preuves de "l'utilité publique" de ce dossier n'avaient pas été portées "à connaissance des élus". Des manifestations organisées par des riverains inquiets de l'impact sur leur quotidien ont également rythmé cet automne.
Le nouveau tram, dont la ligne aurait compté neuf stations sur près de cinq kilomètres, aurait dû être opérationnel fin 2027. La maire, Jeanne Barseghian, qui n'a eu de cesse de vanter les mérites de ce projet, appelé à "changer" la dynamique au sein de l'agglomération et en faveur de "l'écologie et de l'équité territoriale" est renvoyée dans les cordes.
Le tribunal administratif de Strasbourg doit maintenant statuer sur la forme pour que l'enquête puisse être validée et ensuite rendue publique.