Confrontés à des conditions de travail éprouvantes, personnels et directeur des Ehpad sont unis pour une mobilisation inédite. A chacun ses revendications, ses frustrations et ses rêves aussi. Trois témoignages au sein de l'Ehpad Abrapa du Neudorf à Strasbourg.
En Alsace, on compte 194 Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, 120 dans le Bas-Rhin et 74 dans le Haut-Rhin), pour 17.300 lits disponibles et près de 11.000 personnels.
Installé au coeur du Neudorf à Strasbourg, l'Ehpad Abrapa-Neudorf compte 84 résidents. Pour les laver, les nourrir, les soulager, les aider, 70 salariés se partagent les tâches. Leur quotidien est parfois très lourd et très frustrant. Tous se sentent très concernés par cette journée de mobilisation.
- Thomas Hasson, 35 ans, directeur de l'établissement
"C'est un métier noble, un métier de conviction et pourtant, l'image véhiculée par les médias est souvent très mauvaise. Du coup, j'ai du mal à trouver certains personnels. D'avantage de moyens, humains comme financiers, nous permettrait d'exercer notre métier correctement. Le Plan solidarité grand âge de 2012 prévoyait un salarié pour un résident. On en est loin. Aujourd'hui, chez nous, il faut faire avec un salarié pour 6 résidents. Mes rêves pour notre Ehpad? Continuer à développer la prise en charge non médicamenteuse, développer un espace balnéothérapie et aromathérapie...mais tout cela, il faudrait, a minima, que notre dotation soin soit maintenue."
- Diana Weiss, 47 ans, infirmière coordinatrice
"Pour moi, gérer le manque de personnel, c'est tous les jours. Nos 13 aide-soignantes et 4 infirmières sont souvent surchargées et très sollicitées. Elles prennent sur elles et pallient au manque de personnel. La tension et la fatigue des salariés se ressent directement un planning: c'est difficile de gérer l'activité quand on a des absents".
- Coralie Schnell, 29 ans, aide-soignante
"On est très sollicitées de toutes parts: les résidents bien sûr, mais aussi leurs familles qui s'inquiètent pour leur proche. Je commence ma journée à 6h30. Je m'occupe de dix résidents à qui je sers le petit déjeuner et fais la toilette. Il faut aussi tout noter pour les transmissions. Souvent, il faut aller prêter main forte à d'autres collègues débordées. Pour les personnes âgées, la nuit c'est trop noir, c'est trop calme, elles sont seules dans leur chambre. Résultat, le matin, je trouve souvent des personnes très angoissées. Il faudrait avoir le temps de s'arrêter un peu, de leur prendre la main, de les écouter et surtout de les rassurer. J'aime beaucoup le contact avec les personnes âgées. Je trouve que c'est bien de pouvoir leur rendre un peu de ce qu'elles ont offert aux autres durant leur vie."
A Strasbourg, ce mardi, 300 personnes sont venues manifester place Kléber en faveur des Ehpad.