L'élection de Jeanne Barseghian à Strasbourg a été un événement bien suivi à Kehl, petite ville frontalière allemande voisine de Strasbourg. Les élus et les citoyens sont intéressés par cette élection, dont dépend la coopération transfrontalière aussi.
L'élection municipale de Strasbourg a été suivie par les Kehlois, tous les médias locaux en ont bien sûr parlé. Surprise ou déception, les avis sont partagés après l'élection de la première maire écologiste de la capitale alsacienne, Jeanne Barseghian.
Toni Vetrano (CDU), le maire de Kehl, s'est déplacé pour la féliciter, dès qu'il a eu connaissance de sa victoire dimanche 28 juin, attendant sous la pluie devant France 3 Alsace la fin du débat télévisé entre la nouvelle maire de Strasbourg et les malheureux candidats Alain Fontanel et Catherine Trautmann. A défaut de pouvoir lui serrer la main, il a pu lui dire quelques mots, en allemand puisque l'élue alsacienne est parfaitement bilingue.
Le maire de Kehl a voulu marquer ce moment : "Je n'ai pas fait cela pour passer dans le journal, j'y suis tous les jours dans le journal", explique Toni Vetrano, "mais après ce que nous avons vécu, et les moments difficiles et peu agréables des derniers mois, c'était encore plus important pour moi de venir la saluer très vite. Pour lui dire que nous continuerons le travail commun transfrontalier." Il fait remarquer que Roland Ries (PS), lors de sa première élection, avait été également salué le soir même par Günther Petry (SPD), une tradition donc pour les élus des deux côtés du Rhin. Et ils seront amenés à se revoir très vite, puisque les conseils municipaux communs Kehl-Strasbourg ont lieu régulièrement depuis 2009.
Pour l'élu kehlois conservateur, "l'étiquette politique, ce n'est pas le plus important. Ce qui m'intéresse, c'est que Jeanne Barseghian est très engagée sur le transfrontalier "par dessus le Rhin" [Rheinübergreifende Zusamenarbeit, en allemand, ndlr], comme on dit ici. Je suis très content de cela."
La nouvelle a bien entendu été relayée par le groupe des Verts de l'Ortenau, dans cette publication Facebook du soir du dimanche 28 juin (que vous pouvez voir ci-dessous).
Les Verts de Kehl sont bien sûr enchantés de cette élection, qui dépasse leurs espoirs et leurs propres résultats : l'an dernier, aux municipales, ils ont obtenu 5 sièges, contre 3 auparavant. Le même nombre que le SPD ou la CDU, une vrai réussite localement. Alors pour eux, cette élection strasbourgeoise s'inscrit dans la continuité d'une vague verte franco-allemande.
Pour Wolfgang Maelger, chef de groupe des Verts à la mairie de Kehl : "Nous pouvons maintenant rêver d'un parasol vert qui irait du Champ du Feu à la Hornisgrinde [Forêt Noire, ndlr], parce que sur ce territoire, nous avons beaucoup de choses à faire, pour défendre l'écologie et avancer ensemble dans un même espace transfrontalier."
Die Jeanne
"Die Jeanne" ("la Jeanne", surnom affectueux en allemand comme en français) est une collègue et militante que Wolfgang Maelger connaît de longue date, ils ont fait des actions franco-allemandes ensemble. Ils avaient même à plusieurs reprises tenté de lancer ensemble des idées co-écrites par les Verts strasbourgeois et kehlois pour entamer des discussions et des débats lors de la tenue des conseils municipaux Strasbourg-Kehl. Une initiative qui avait déplu à de nombreux élus, mais que Wolfgang Maelger aimerait renouveler.Andreas Fröhlich, l'un des deux présidents du groupe des Verts de Kehl est aussi ravi de cette élection. Il se souvient de ce moment important, quand les Verts allemands, dont il faisait partie, sont allés à la rencontre des Verts français, emmenés par Jeanne Barseghian, le 14 juin, au milieu de la passerelle Mimram, alors que les frontières étaient fermées. Alexandre Feltz a publié sur Facebook quelques photos de cette rencontre symbolique (à voir ci-dessous).
Dans cette publication relayée par son colisitier, la candidate Jeanne Barseghian s'est positionnée contre la fermeture des frontières. "Je déplore qu'en temps de crise, le premier réflexe de nos pays ait été de fermer les frontières. Cette décision a eu des conséquences pour des milliers de frontalier.e.s, bouleversant leur quotidien pendant trois longs mois, séparant des familles, imposant des contrôles souvent mal vécus, obligeant à de longs détours pour se rendre au travail."
"Maire de Strasbourg, je m'engagerai, comme je l'ai toujours fait pour la coopération transfrontalière, au service des habitant.e.s de l'espace rhénan. Je m'appuierai sur l'Eurodistrict pour avancer ensemble en matière de santé, d'environnement, d'enseignement et de recherche, de culture, de mobilité et de bilinguisme".
Voilà les Kehlois rassurés. Ils attendent maintenant des actes et des rencontres avec la nouvelle maire de Strasbourg.