Les pompiers du Bas-Rhin se voient confier de plus en plus des missions non urgentes par le service de régulation du Samu. Les syndicats de la profession dénoncent de nombreux dysfonctionnements qui nuisent aux patients et aux pompiers, et appellent à une mobilisation jeudi 23 janvier.
"Emmener une personne de moins de 50 ans à l'hôpital pour une grippe, ce n'est pas le travail des pompiers !" C'est une évidence pour Cédric Hatzenberger, secrétaire général du syndicat FO SIS 67 Pourtant, les sapeurs-pompiers du Bas-Rhin sont de plus en plus sollicités pour des missions non urgentes.
"On se retrouve à faire des consultations à domicile ou à transporter des patients qui ont le rhume vers une maison médicale", précise Cédric Hatzenberger. "La loi prévoit qu'en l'absence de moyens, la dernière option est de recourir aux pompiers, explique Nathanaël Winkelsass, le président d'Avenir Secours 67, syndicat national de l'encadrement des services d'incendie et de secours. Mais en ce moment, on a trop tendance à faire appel à ce dernier recours."
On est en train de flinguer le système.
Cédric Hatzenberger, secrétaire général de FO SIS 67
Les problèmes d'engorgement des urgences à Strasbourg ne font qu'amplifier le phénomène. Les ambulances - et les pompiers - attendent la prise en charge des patients, et restent bloqués parfois jusqu'à six heures. Comme sur cette vidéo tournée le mercredi 8 janvier 2025 par un pompier, montrant 17 ambulances devant les urgences de l'hôpital de Hautepierre à Strasbourg.

Strasbourg serait une exception, où l'admission d'un patient aux urgences prend a minima une heure, et parfois plusieurs heures, là où la moyenne se situe entre 30 minutes et une heure, selon les syndicats bas-rhinois. Évidemment, c'est du temps perdu pour les sapeurs-pompiers, qui passent parfois la moitié de leur garde stationnés devant les urgences, "pour rien". De quoi décourager les troupes. "C'est de plus en plus difficile de garder la motivation de nos équipes", assure Nathanaël Winkelsass.
Problème de régulation ?
Les syndicats s'inquiètent également des répercussions sur les pompiers volontaires. "On fait face à la grogne des employeurs qui ne comprennent pas pourquoi ils laissent partir un salarié des heures pour une situation non urgente", raconte Cédric Hatzenberger. Dans le Bas-Rhin, le nombre de pompiers volontaires a été divisé par deux depuis l'an 2000, passant de 10 000 à 4300 aujourd'hui. "On est en train de flinguer le système", affirme Cédric Hatzenberger.
Les syndicats pointent en partie la responsabilité de la régulation du Samu, qui "engage les ambulances des sapeurs-pompiers comme s’il en disposait à la demande", et demandent une réorganisation de la prise en charge hospitalière des victimes. "Il faut plus de médecins, plus d'ambulances, et le maintien de l'unité mobile du Nouvel hôpital civil, qui a prouvé son efficacité", revendique Cédric Hatzenberger.
Avenir Secours 67 demande "un plan d’action immédiat afin de mieux prendre en considération les personnes transportées et de soulager tant les équipes soignantes des services hospitaliers que celles des pompiers". Pour défendre leurs revendications, les syndicats appellent à une mobilisation jeudi 23 janvier 2025, devant la base du Samu 67, rue Hannah Arendt à Strasbourg.