Pour la première fois en France, des sextoys reconditionnés sont proposés à la vente directement dans les rayons d'un sexshop de Strasbourg. Une façon de redonner vie à des objets de la sexualité et de sensibiliser à la question du recyclage, jusqu'ici inexistante dans le secteur.
Des vibromasseurs et autres stimulateurs clitoridiens, en passant par les masturbateurs masculins... Tous ont un point commun, la seconde main. Dans un marché en pleine expansion depuis la période du Covid-19, le secteur du sextoy fait lui aussi sa révolution. Des sextoys reconditionnés sont désormais à la vente à Strasbourg, plus précisément dans les rayons de l'enseigne Déboutonné.e.s, située dans le centre-ville de la capitale alsacienne.
Une boutique érotique qui existe depuis déjà 5 ans et pour laquelle le concept de reconditionnement a été fondateur avec l'entreprise spécialisée "Rejouis". En discussions depuis novembre dernier, les deux parties se sont rapidement entendues pour lancer dès aujourd'hui le premier magasin revendeur de sextoys reconditionnés en France.
Une démarche sociale pour un "plaisir" éco-responsable
Les principaux objectifs de cette expérience pilote sont de "revoir les modes de consommation de chacun, jusque dans le domaine de la sexualité", précise Benoni Paumier, créateur de la marque de reconditionnement normande "Rejouis". Au coeur du concept, "il y a avant tout le conseil pour rassurer et orienter les clients en fonction de leurs besoins. Mais également, le fait de recycler des produits qui peuvent durer encore plusieurs années", détaille Adèle Roy, gérante du magasin Déboutonné.e.s, qui s'occupe de récupérer les sextoys reconditionnés une fois les différentes phases de sélection et d'hygiène terminées.
A l'origine de cette idée, un constat simple : "Il existe malheureusement un nombre incalculables de produits inutilisés ou qui terminent à la poubelle en quelques jours. Le problème vient aussi du fait que ces objets sont conçus à partir de silicones, d'aciers et d'autres matières premières, reconnait Benoni Paumier. Pour nous, il fallait s'engager dans ce projet totalement nouveau dans le secteur, mais qui s'inscrit pleinement dans l'ère du temps"
Des questions d'hygiène et de sécurité
Au-delà de la question environnementale, les craintes d'hygiène et de sécurité des produits reviennent souvent. De fait, plusieurs protocoles d'hygiène sont appliqués sur les sextoys reconditionnés. "On passe par cinq étapes différentes avant la mise en vente. Tout d'abord un diagnostic sur le fonctionnement du jouet avec les batteries notamment. Puis la sélection en fonction des marques et de leur réputation sur le marché, précise Benoni Paumier. Avant d'enchainer sur le protocole de nettoyage et de séchage, pour finir par une mise en quarantaine pendant 48 heures et un rayonnement UV pour désinfecter de façon physique tout type d'agent pathogène."
Adèle Roy met en avant une forme d'inconscience pour vendre des jouets érotiques de seconde main. "Est-ce que les gens vont oser passer le pas et tester le sextoy de seconde main ? C'est en partie cette curiosité qui nous pousse à voir les réactions de la clientèle". Avant d'ajouter : "Avec l'entreprise Rejouis, on faisait partie du même écosystème de valeurs. Et quand j'ai vu arriver sur mon fil d'actualité Instagram leur volonté de lancer ce type de concept, je me suis dit pourquoi pas se lancer là-dedans et faire du sextoy de seconde main..."
L'achat de seconde main porte aussi un message d'ordre politique pour Adèle Roy. "On arrive à un moment de notre société, où tout le monde cherche à être transparent et éthique. Tout ce qu'on présente ici, sont des produits testés et approuvés par l'équipe et la clientèle. Ce qui fait que l'on est sûr de la qualité, de la sécurité et de la durée de vie des produits."
Pour le moment, une quinzaine d'articles sont référencées dans les rayons (vibromasseurs, sextoys pénétrants...) pour des prix jusqu'à 20% moins cher que des sextoys dits "neufs". Des montants pouvant allant d'une cinquantaine d'euros jusqu'à 90€ maximum.