L'une des principales attractions du quartier historique de la Petite France à Strasbourg (Bas-Rhin), le pont tournant, fera bientôt l'objet d'une grosse rénovation. Mais la Ville assure que l'hypothèse de sa destruction, et de son remplacement par un pont fixe, n'est pas privilégiée.
C'est un petit pont cher au cœur des Strasbourgeois, et une véritable attraction pour les touristes. Un lieu où chacun, sauf s'il est particulièrement pressé, accepte volontiers de perdre quelques précieuses minutes. Pour le plaisir d'observer son lent mouvement de rotation, qui offre un peu le sentiment de remonter le temps.
Le pont tournant de Strasbourg, appelé pont du Faisan ("Fàsànebrùck" en alsacien), est situé à quelques pas de la célèbre Maison des Tanneurs, en plein cœur du quartier historique de la Petite France. D'apparence anodine lorsqu'il est fermé, il relie la rue des Moulins à la pittoresque rue du Bain-aux-Plantes.
Mais régulièrement, il lui arrive de laisser soudain piétons et vélos en plan. Stoppés dans leur élan par une chaîne qui les empêche de faire un pas dans le vide, vers les eaux de la rivière Ill en contrebas.
En effet, principalement durant la belle saison, cet ouvrage de bois et de métal a pour obligation de s'effacer pour laisser passer les bateaux-mouches. Il tourne donc tranquillement d'un quart de tour, grâce aux manivelles actionnées par des agents municipaux, avant de refaire paisiblement le mouvement inverse et de reprendre sa place initiale.
Des rumeurs de destruction
Mais récemment, des médias locaux avaient laissé entendre que cet ouvrage d'art, si prisé des touristes, pourrait être bientôt remplacé par un modèle fixe, plus accessible aux cyclistes et aux personnes à mobilité réduite. Des "informations erronées" selon un communiqué publié le 22 janvier dernier par la Ville de Strasbourg.
La municipalité y reconnaît que "l'état actuel de l'ouvrage vieillissant", rénové en 1999, et qui a subi des travaux de maintenance en novembre dernier, "pose effectivement la question d'une restauration ou d'une reconstruction pour assurer sa continuité."
Mais selon le communiqué, "la Ville et Voies navigables de France (VNF) entretiennent des discussions" afin de trouver "une solution durable qui permettra de conserver le caractère historique et pittoresque du lieu" tout en assurant un franchissement confortable "pour tous les usagers."
La Ville veut rassurer
Parmi les trois scénarios envisagés, celui de "la destruction et la reconstruction d’un nouvel ouvrage fixe" compatible avec le passage des usagers, tout comme des bateaux, ne serait "pas privilégié" assure encore le communiqué.
Les deux autres possibilités seraient soit une restauration du pont permettant de préserver son fonctionnement actuel, soit une rénovation complète "avec un système automatisé (…) sans l'intervention d'agents."
Les amoureux du pont devraient donc être rassurés. À l’avenir, ils devraient pouvoir continuer à le voir tourner, comme il l'a toujours fait. Toujours ? En réalité, pas vraiment.
Car dans sa forme actuelle, dotée d'un dispositif de fonctionnement hydraulique, le pont du Faisan ne remonte qu'à 1888. Son aîné de vingt ans était un pont-levis installé en 1869 qui, lui-même, remplaçait un premier pont mobile de 1854. Et auparavant, il n'y avait là qu'un simple pont en bois, attesté depuis le 14ᵉ siècle.