Racing : et cette montée, c'est pour quand ?

Vendredi 13 mai, le Racing Club de Strasbourg affronte Amiens. Objectif pour l'équipe alsacienne : la Ligue 2. Un match qui s'annonce historique.

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Ils l’attendent depuis 6 ans… 6 longues, très longues, interminables années de purgatoire. De purgatoire ? Non, c’est en enfer que le Racing club de Strasbourg est lourdement tombé un triste soir de mai 2010, après un parcours erratique, lié d’abord à un management sans queue ni tête, mais on aura l’occasion d’y revenir…

Un peu d’histoire, pas trop, juste ce qu’il faut pour se souvenir

Tout le monde sait ça : Le Racing, c’est LE club de foot de l’Alsace toute entière, de Saint-Louis à Wissembourg, en passant par la ligne bleue des Vosges. Quand, au début des années 80, l’équipe strasbourgeoise fréquentait (déjà, mais beaucoup plus brièvement à l’époque) l’étage inférieur, la D2 comme on disait à l’époque, et que le voisin mulhousien faisait lui un tour (rapide, très rapide) en première division, comme on disait aussi à ce moment là, et bien figurez-vous qu’il y avait beaucoup plus de spectateurs à la Meinau, dont de notables bataillons Haut-Rhinois, qu’au Stade de l’Ill…

Ainsi va la vie du foot alsacien, particulièrement injuste, mais c’est ainsi !  Cet attachement viscéral qui a fait du Racing « l’Olympique de Marseille de l’est » ne date pas d’hier. Né en 1906 dans le quartier du Neudorf, dans une Alsace, à l’époque partie de l’empire allemand, le club a intégré le championnat de France en 1919, en prenant son nom quasi définitif : Racing Club de Strasbourg Neudorf. Une légende était née !

La suite est connue de tous les amoureux du club : première Coupe de France en 1951, exploit réédité en 1966 et en 2001, année où le Racing a le mauvais goût de décrocher cette coupe et, dans le même temps de reprendre l’ascenseur pour la D2…  Ajoutez y deux Coupes de la Ligue en 1997 et en 2005. Et puis, évidemment il y a 1979 : l’année du titre, le miracle pour cette équipe sans vedette ( n’exagérons pas trop : Il y avait quand même dans le lot des titulaires indiscutables de l’équipe de France, Dropsy, Piasecki, Gemmrich, Specht, ainsi qu’un certain Domenech…), en tout cas l’outsider type, que personne n’attendait, déboulant de nulle part, et soufflant le titre aux caïds de l’époque, Nantes, Saint-Etienne, Lyon…

Et tout cela donne quand même un palmarès plutôt coquet pour l’un des clubs qui, à ce moment là, était l’un de ceux qui avait passé le plus de temps en première division, soit l’élite du foot français. La suite allait être beaucoup moins réjouissante…

Chilbert forever dans nos coeurs

A sa tête, crinière léonine, et lunettes genre hublots de paquebot, l’extravagant, le flamboyant, le vibrionnant Gilbert Gress : enfant du pays, né à côté de cette Meinau qu’il contribua à enflammer, et qu’il aimât tant, joueur racé, talentueux et gueulard, passé par le Racing, son Racing, avant d’aller traîner ses crampons, l’un des tout premiers Français à réussir à s’exporter en Allemagne, avant de jouer à l’OM.

Gilbert Gress, donc, devenu entraîneur de son club de cœur, qu’il porta au zénith du foot français, loupant d’un rien un doublé historique championnat/Coupe de France la même année. Gilbert devenu la grande figure héroïque de la chanson de geste du football alsacien. C’était il y a bientôt 40 ans, une éternité dans la vie d’un fan… Regrets éternels.


Quand ça tourne au vinaigre

Le Racing aux Alsaciens… Il tournait gentiment pépère, le Racing, géré par l’attachant et pittoresque Roland Weller, remportant au passage, avec une équipe de jeunes gars talentueux, (Marc Keller, mais oui, déjà, Franck Leboeuf, Franck Sauzée…) une improbable Coupe Intertoto (Si, on vous jure, il y a bien eu une compétition qui s’appelait comme ça…), bref, ça ronronnait gentiment quand, patatras, en 97, la ville de Strasbourg décide de se désengager du club, vendant les 49  % dont elle est propriétaire à IMG, groupe international de management sportif, incarné par celui qui va du coup devenir président du club, Patrick Proisy. Les noces furent éclatantes : on allait voir ce qu’on allait voir, le toit de l’Europe, on allait y grimper dessus, et plus vite que ça encore, vive le Racing grand d’Europe !

On a vu… Et le désenchantement fut à la hauteur de l’espérance… Et malgré quelques jolis succès en Coupe UEFA, c’est à partir de là que le club, miné par l’instabilité et les querelles intestines, va lentement d’abord, puis de plus en plus rapidement et sûrement, dégringoler…
Jetons donc un voile pudique sur des soubresauts qui précipitent alors le club dans les étages inférieurs, la Ligue 2 d’abord, en 2002, puis 2006, et laissons de côté le quarteron de dirigeants pas franchement compétents qui ont plus tenté de se servir du Racing que de le servir, ignorons carrément des épisodes aussi grotesques qu’exotiques, servis par d’improbables hommes d’affaires en tous genres, venus chercher à bon compte le frisson de la renommée sur le dos d’un club de plus en plus moribond… Les dieux du foot et ses supporters les auront reconnus…

La chute

Et tout cela nous mène jusqu’à la dernière descente en Ligue 2 au terme de la saison 2007/2008, après une série de 11 (onze… record battu, bravo à Jean-Marc Furlan, entraîneur de l’époque) défaites consécutives. Deux ans plus tard, nouvelle chute en National, et la mort officielle du club en août 201. Le club, exsangue, a perdu son statut professionnel, puis déclaré en redressement judiciaire pour ses difficultés financières, et liquidé par le tribunal de grande instance de Strasbourg.

Un club mort, moribond, qui repart, animé par l’énergie du désespoir, et une poignée de dirigeants alsaciens, en tête desquels le futur président, Marc Keller, le début d’une nouvelle aventure, une re-naissance : 2011/2016. Cinq ans, du CFA 2 au CFA, du CFA au National, où il évite d’extréme justesse, la première année, une nouvelle relégation sportive, à l’an passé, où il loupe d’un point la montée en Ligue 2, en tout cinq longues années de pénitence et de douleur pour ce club, relevé par Marc Keller, soutenu par la fidélité exemplaire de ses supporters.

Du jamais vu : à l’occasion de certaines rencontres, contre le frère ennemi colmarien en particulier, la Meinau accueille plus de 20 000 spectateurs, des affluences dignes d’une Ligue 1 quittée il y a maintenant huit ans. Tous les records du championnat National sont battus : le Racing affiche des moyennes largement supérieures à 10 000 spectateurs, pour des rencontres qui l’opposent à des équipes comme Jura Sud, Le Poiré sur Vie, Luzenac, Luçon ou Avranches, et encore, on vous épargne les moins connues…


L’apothéose

Et le bout du chemin, ou plutôt la première vraie halte symbolique sur le chemin de la reconquête d’un honneur perdu, ce sera peut-être, sans doute, sûrement, certainement, ce vendredi, ou une fois encore, une fois de plus, plus de 25 000 spectateurs porteront leur équipe vers le paradis provisoire de la Ligue 2. Et si, par malheur, le sacre ne devait pas être effectif ce vendredi 13, (pas de meilleure date possible !), ce serait reculer pour mieux gagner.
A n’en pas douter, les Strasbourgeois seront à l’étage supérieur l’année prochaine… Restera alors à franchir la dernière marche, celle menant à la Ligue 1, là où le Racing Club de Strasbourg Alsace a sa vraie place, une place qu’il n’aurait jamais dû quitter, un sombre jour de mai 2008.

Tous les billets sont déjà vendus. Ce sont donc plus de 26 000 spectateurs qui rempliront la Meinau. Dimanche soir, 36 heures après l’ouverture de la billetterie, 22 000 billets avaient déjà trouvé preneur.
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