Les internes en médecine sont appelés à la grève illimitée à partir de ce mardi 10 décembre par leur principal syndicat (Isni) pour dénoncer la "dégradation des soins" et réclamer une amélioration de leur statut. Un interne du CHU de Strasbourg nous explique les raisons de la mobilisation.
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'"Interne exploité, patient en danger" : des internes en médecine ont débuté un peu partout en France une grève illimitée ce mardi 10 décembre. Selon le président de l'intersyndicale nationale des internes, Justin Breysse, le taux de participation est estimé à 60%, "soit 16.000 internes sur 27.000". Lucas Gauer du syndicat autonome des internes aux Hospices civils de Strasbourg, a détaillé à France 3 Alsace les raisons de cette mobilisation.
La réforme de l’internat en cause
"Les internes ont toujours eu un statut difficile, mais ça fait quarante ans que c’est le cas. Là l’élément déclencheur, c’est la réforme de l’internat, une réforme très technique qui fait que les internes vont passer un an de moins dans leur internat pour être formé en tant qu’interne. Ils vont avoir un statut dit de "docteur junior". On ne sait pas trop ce que ça va être même si c’est prévu pour le printemps prochain. On a très peur que notre formation soit dégradée."
Des formations supprimées
"Il y a aussi une ordonnance qui est passée. Elle empêche le secteur privé de financer les études des étudiants en médecine, sans aucune contrepartie de l’Etat. Du coup l’Etat a amputé de 150 millions d’euros de formation par an pour les internes. Donc il y a beaucoup d’internes, qui ont eu des formations supprimées, des chirurgiens qui ne peuvent plus faire de travaux pratiques, et qui donc vont s’entraîner pour la première fois sur des patients, des internes de spécialité médicale comme moi qui n’ont plus de formation sur des sujets très spécifiques, par exemple l’épilepsie."
Les conditions de travail
"Ce n’est pas un secret de savoir que les internes sont plutôt en première ligne dans les hôpitaux, ça veut dire qu’on a un statut qui est à la fois d’étudiant même si on ne met jamais les pieds à la fac. On paie 600 euros d’inscription à la fac tous les ans, on travaille à temps plein à l’hôpital, et les internes, ce sont les médecins que vous voyez tous les jours, qui font les prescriptions, les ordonnances, les compte rendus, qui organisent les hospitalisations. Donc on travaille à temps plein à l’hôpital, parfois l’équivalent de deux temps plein. Un interne c’est 50 à 80 heures de travail par semaine pour moins que le SMIC horaire. Mais notre souci principal, ça ne va pas tant être l’argent, mais plutôt la reconnaissance et la formation. Actuellement, aucun hôpital en France ne peut se passer d’internes, je ne pense pas que ce soit possible."