Au sein des établissements médico-sociaux, la médiation animale connaît un franc succès. À Strasbourg, l'association Lianes organise ce type d'ateliers depuis plus de vingt ans. Reportage à l'EHPAD Saint-Joseph, où l'initiative est très appréciée par les résidents.
Il n'est plus à prouver que l'animal est un facilitateur de lien. C'est en tout cas ce en quoi l'association alsacienne Lianes croit. Depuis sa création en 2003, elle propose des ateliers de médiation animale dans des centres médico-sociaux.
"On veut [grâce aux visites des animaux] sortir les gens de l'isolement et de la tristesse. Et convaincre les établissements des bienfaits de la présence d'un animal," déclare Florence Nominé, sa présidente. Aujourd'hui, une vingtaine de bénévoles se déplacent régulièrement dans quinze établissements autour de Strasbourg, et jusqu'à Barr.
À Strasbourg, l'EHPAD Saint-Joseph fait appel aux services de l'association depuis octobre 2023. À raison de trois rendez-vous par mois, les résidents peuvent rencontrer des chiens et même un lapin. Ce lundi 13 janvier, Lucie Laurent, bénévole de Lianes et sa golden retriever Swann étaient en visite pour la première fois à la maison de retraite.
La psychologue de l'EHPAD, Sarah Delesse, explique sa démarche : "On s'est rendu compte qu'il n'y avait pas d'activités qui permettaient d'aller vers les résidents les plus isolés ou vers ceux qui ont des troubles cognitifs. Là, l'objectif c'est le bien-être moral des résidents. Mais aussi le travail du langage et de la mémoire."
Des résultats flagrants
Pendant une heure, Swann et sa maîtresse Lucie, vont de chambre en chambre à la rencontre des résidents souhaitant les rencontrer. Caresses, friandises, éclats de rire et anecdotes... Toute la maison de retraite s'anime au contact de l'animal.
Lors d'une pause dans un couloir, un homme arrive en courant et manque de tomber en se précipitant pour caresser Swann. "Ce monsieur, il ne reste que dans sa chambre ou dans le salon, pour aller fumer. Il ne participe à aucune activité," confie Sarah Delesse en aparté. "Mais dès qu'il y a un chien, il sort."
Françoise, résidente depuis le mois d'août, demande même à être prise en photo avec "parce qu'il est beau". Avant d'ajouter : "Tous les jours, j'aimerais qu'il y ait [des animaux] pour les caresser."
Les familles de résidents s'enthousiasment aussi de ces séances de médiation animale. C'est le cas de Fabienne, dont le père se retrouve seul depuis le décès de sa femme en novembre : "Ma mère adorait les visites de chien. Mon père, ce n'est pas dans son caractère de le montrer, mais je sais que ça lui fait du bien. C'est important, ces caresses, ce calme..."
Un échange privilégié avec la bénévole
Et si certains résidents sont dans un état trop catatonique pour se rendre compte de la présence du chien, d'autres profitent de ce moment pour avoir de longues discussions avec Lucie, la bénévole.
Pour cette Strasbourgeoise aussi, l'expérience est enrichissante : "Au quotidien, on n'a pas toujours la chance de distribuer des sourires comme ça. [...] Cette activité associative, c'est pour partager l'amour des animaux."
Quant à Swann, l'expérience semble avoir aussi été plaisante, bien qu'un peu fatigante. Au programme, du repos, avant de venir à nouveau offrir ses loyaux services d'ici un mois.