Le faucon pélerin niche dans nos contrées, juste au dessus de nos têtes. Menacé d'extinction il y a 50 ans, il se porte beaucoup mieux. On compte désormais sept couples dans l'Eurométropole et une soixantaine en Alsace.
Le faucon pèlerin est l'oiseau le plus rapide au monde en piqué, avec une vitesse de 320 km/h. Il est possible de l'apercevoir, muni de jumelles, ou parfois même à l'oeil nu, sans avoir besoin de partir à la campagne ou dans les Vosges. Mais simplement en scrutant le ciel de l'Eurométropole de Strasbourg, ou certains édifices. Sept couples ont été recensés sur l’ensemble de l'intercommunalité et une soixantaine en Alsace.
Pourtant, les faucons ont failli disparaître dans les années 70. "Le faucon étant au sommet de la chaîne alimentaire, il se nourrit d’oiseaux qui se nourrissent dans les champs, donc il s’est retrouvé intoxiqué par les forts taux de pesticides qui étaient répandus dans les champs. Depuis que les pesticides sont, on va dire, mieux contrôlés, même s’il y en a encore beaucoup, le pèlerin se porte à nouveau mieux. C’était un indicateur de l’état sanitaire des populations d’oiseaux qui lui servent de proies. Voir que le pèlerin se porte mieux, c’est plutôt réjouissant", explique Olivier Steck, coordinateur du suivi de faucon pèlerin à la LPO Alsace.
Et la présence du rapace en ville n'est finalement pas si incongrue que ce que l'on pourrait croire. "Le faucon avait survécu dans les années où ses effectifs étaient en chute libre, il avait survécu dans les montages qui sont ses sites de nidification de prédiction, et les sites les moins accessibles pour l’homme. Mais il était déjà présent en plaine, ou en bord de mer".
Un site en hauteur et une réserve de nourriture suffisante
Avec l'amélioration des pratiques agricoles, ces oiseaux ont fait leur retour en plaine il y a une vingtaine d'années, avant de conquérir d'autres territoires, au coeur des métropoles. La Tour de Chimie, haute de 73 mètres sur le campus de l'Esplanade à Strasbourg, a ainsi été le premier site urbain de France a avoir été squatté par le rapace, "attiré par les édifices de grande hauteur".Vivre en ville ne le lui pose donc pas de problème. Tant qu'il peut trouver suffisamment de nourriture, son régime alimentaire se compose exclusivement d’oiseaux qu’il attrape en vol, et élever ses jeunes sereinement. "Comme il est territorial et très casanier, il s’habitue à tous les bruits qu’il y autour de son territoire, bruits de routes, de tram qui passe, ne vont pas le déranger, comme les cloches qui sonnent toutes les heures. Par contre le premier bruit inhabituel va lui faire peur et risque de le faire partir pour un moment, mais il reviendra sur son territoire".
Pas de risque de surpopulation
Cette adaptation du rapace au milieu urbain annonce-t-elle une surpopulation à venir ? Selon Olivier Steck, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. "On ne sera jamais envahi, le faucon fait le ménage sur son territoire. Un territoire c’est un couple qui élève ses jeunes et les jeunes s’en vont ensuite. On pensait que Strasbourg était déjà saturé, on a un nouveau couple qui s’est encore installé à Cronenbourg".Pour les observer, plusieurs possibilités existent. A Illkirch-Graffenstaden par exemple, du côté de l'église, "il faut passer ou tôt le matin ou le soir vers 20h, selon les périodes", détaille Michel Wagner. Cet ornithologue amateur a découvert en 2013 qu'un couple de cette espèce protégée habite sur le clocher. Mais il faut aussi être patient et certainement un peu chanceux. "Malgré leur envergure d’environ 90 centimètres, ils passent inaperçus". Autre choix : regarder la webcam qui filme depuis cinq ans, en direct et 24h/24, les aventures de Valentine, la première femelle à s'y être installée.