Mère Alphonse-Marie est officiellement devenue la première religieuse alsacienne à être béatifiée au sein du diocèse de Strasbourg. La cérémonie s’est déroulée ce dimanche 9 septembre devant un parterre d’invités et de fidèles.
Le 9 septembre restera à jamais gravé dans l’histoire du diocèse de Strasbourg. Cela faisait 20 siècles qu’une béatification n’y avait pas été célébrée. Première à ouvrir le bal, Mère Alphonse-Marie, originaire de Niederbronn-les-Bains, vient d’être élevée au rang de bienheureuse au cours d’une cérémonie à laquelle 1700 invités été conviés. Parmi eux, de nombreux évêques, représentants diplomatiques, élus locaux, mais aussi plus d’un millier de sœurs venues du monde entier, issues de la congrégation des Sœurs du Très Saint Sauveur, fondée par Mère Alphonse-Marie en 1849. "Je trouve que c’est très bien que ça se passe en France et en particulier à Strasbourg. C’est important pour toutes les sœurs" affirme l’une d’elles, venue d’Oberbronn.
Pourtant sur le papier, ce n’était pas gagné. D’une part, il a fallu presque 70 ans d’enquête fouillée pour que la guérison miraculeuse attribuée à Mère Alphonse-Marie soit reconnue comme authentique par la papauté. D’autre part, il a fallu attendre que le Vatican délocalise les cérémonies dans les diocèses d’origines des candidats à la béatification.
Dans les premiers rangs de la cathédrale bondée, quelques membres de la famille d’Elisabeth Eppinger ont eux aussi fait le déplacement. Comme ce cousin lointain venu des États-Unis "C’est quelque chose de grandiose. On espère même qu’elle sera à l’avenir élevée au rang de Sainte, mais il faudrait un deuxième miracle" plaisante-t-il. Dans l’assemblée silencieuse et communiante, l'émotion est palpable. Une ambiance qui tranche avec l’agitation des abords de la cathédrale. A chaque porte d’entrée, les fidèles se pressent pour essayer d’avoir leur place aux premières loges.
"Je n’ai jamais assisté à une telle chose, je voudrais bien voir ça" confie Anne, déçue de se faire refouler, comme tant d’autres, par le service d’ordre. "Nous aussi on est chrétiens, nous aussi on a le droit d’entrer" peste Jean-Luc, lui aussi invité à laisser tomber. Il faut dire que pouvoir assister à une béatification, on est d’accord, ça n’arrive pas tous les jours. "Tout se passe à Rome, pour une fois c’est Strasbourg" se réjouit Isabelle, avant de rejoindre la fan zone installée Place du Château. "Ah bon, comme pour les matches de foot. Ils sont sérieux ?" s’interroge un jeune homme. Sur le côté de l’édifice, des agents de sécurité fouillent les sacs et laissent entrer au compte-gouttes les spectateurs. Un écran géant est installé, pour ne rien rater de la béatification, qui commence enfin avec trente minutes de retard, présidée par le cardinal Giovanni Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour la cause des saints au Saint- Siège, représentant officiel du pape François.
Des centaines de personnes sont rassemblées. Des descendants de la famille de Mère Alphonse-Marie qui ne se sont pas fait connaître auprès des services officiels sont assis sur des sièges d’appoint depuis plusieurs heures. "C’est surtout par la rareté de l’événement que c’est important. C’est la consécration d’une œuvre. C’est bien que l’on soit tous là pour lui rendre hommage" argumente Françoise Eppinger. Pendant plus de deux heures, tous suivent chaque prière, chaque prise de parole. "C’est un événement considérable pour l’Alsace et le diocèse. C’est émouvant, touchant. Ça permet de penser à nos racines lointaines" conclut pour nous un fidèle, les larmes aux yeux.
Un événement qui est certes le premier en Alsace, mais qui ne sera pas le dernier. Après Mère Alphonse Marie, un autre alsacien, Christian de Chergé, sera bientôt honoré. Originaire de Colmar, il est l'un des sept moines de Thibirine, pris en otage et assassinés en Algérie en 1996.