L'annonce est tombée hier soir. Les stations de ski ne rouvriront pas leurs remontées mécaniques le 1er février. Une catastrophe pour les professionnels alsaciens du secteur qui voient se profiler une saison blanche.
C'est décidé, les remontées mécaniques des stations de ski ne rouvriront pas le 1er février. Face à une situation sanitaire qui ne s'améliore pas, les professionnels des stations de ski alsaciennes ont reçu l'annonce sans surprise. La décision a été annoncée le mercredi 20 janvier, après un énième conseil de défense consacré aux "mesures de freinage" de la pandémie de coronavirus. Les professionnels du secteur sont inquiets et s'attendent déjà à une saison blanche.
Au-delà du domaine skiable, toutes les autres activités gravitant autour sont touchées. C'est donc un nouveau coup dur pour les directeurs d'exploitation, qui ont déjà payé le prix fort avec une fermeture à Noël et durant tout le mois de janvier.
Vers une saison blanche
"On a produit 80.000 m3 de neige, damé et renforcé le manteau neigeux, poursuivi la maintenance des remontées mécaniques... ça représente plus de 150.000 euros de dépenses. Ça a un coût, mais on a zéro recette", lance Patrice Perrin, exploitant des remontées mécaniques de la station du Lac blanc (Haut-Rhin). Dans cette station, les frais ont été engagés pour être prêt le jour de la réouverture. Mais depuis décembre, Patrice Perrin doit se plier aux multiples reports annoncés par le gouvernement. "D'abord, on nous a dit ouverture à Noël, puis le 7 janvier, puis le 20 janvier", poursuit-il.
À quelques semaines des vacances d'hiver, du 28 février au 8 mars, l'incertitude pèse toujours autant. L'exploitant craint déjà le pire, et il a raison. "Une réouverture mi ou fin février paraît hautement improbable", a déclaré Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat chargé du tourisme."'Hautement improbable', c’est ni oui ni non. On est toujours dans le brouillard. Depuis le mois de décembre, on reçoit des informations au compte-goutte, c’est tout le temps imprécis", souffle Patrice Perrin.
L'année dernière, c'était une année verte, on n'avait pas de neige. Cette année, on va juste la regarder
Du côté du Champ du feu (Haut-Rhin), les professionnels du secteur n'ont pas plus d'espoir. "Même si on dit que ce n’est pas confirmé, je n’ai pas beaucoup d’espoir, ce serait un miracle. L'année dernière c'était une année verte, on n'avait pas de neige. Cette année, on va la regarder", estime Henri Morel, directeur de la station. Pour ces professionnels, la période est pourtant cruciale. Au Lac Blanc, les vacances de février représentent 50% du chiffre d'affaires. Alors pour survivre, tous attendent les aides de l'Etat.
Des "canons à indemnisation"
"Les canons à neige ne vont pas fonctionner, les canons à indemnisation doivent être au rendez-vous", a d'ores et déjà annoncé le secrétaire d'État au tourisme. Rien de très rassurant pour Patrice Perrin, qui "préférerait travailler que d’être indemnisé. Il faut que ce soit à la hauteur du préjudice. On joue notre année sur 3 mois." Les professionnels du secteur attendent beaucoup des annonces du gouvernement dans les prochains jours. Un plan d'indemnisations doit être mis en place pour compenser la perte d'activité. "Sans les remontées mécaniques, c'est zéro chiffre d'affaires. Le risque, c'est de ne pas être au rendez-vous l'hiver prochain. Il faut que le dispositif d'aides soit d'un niveau suffisant. Parce que la vie d'une station, c'est ça, plein de petites activités qui représentent un gros chiffre d'affaires", explique Henri Morel. Et parmi ces activités, il y a celles des magasins de location de matériels de ski. Depuis le mois de décembre, les locations sont en chute libre.
Si le gouvernement explique la fermeture des remontées mécaniques par les risques liés au "brassage de populations" dans les stations, Patrice Perrin estime au contraire que "le résultat est pire que ce qui était craint. Il y a beaucoup de personnes en montagne, on concentre du monde sur des petites zones, avec zéro geste barrière. Il n’y a aucun contrôle. Sur les remontées mécaniques, le protocole était très strict."
Mais en Alsace, l'activité n'est pas complètement à l'arrêt. La montagne attire de nombreux promeneurs et lugeurs le week-end. "Il faut être positif, nous avons un massif très fréquenté", relativise le directeur du Champ du feu.