Avortement inscrit dans la Constitution : "Une victoire, qui devra être mise en application par des moyens", pour le Planning familial de la Marne

Accueillir et écouter les femmes qui voudraient recourir à l’interruption volontaire de grossesse, c’est une des missions du Planning familial de la Marne. L’inscription de l’avortement dans la Constitution ce 4 mars 2024 est donc une victoire pour l’association, même si les militantes espèrent que l’accès à l’avortement en sera d'autant plus facilité pour celles qui le souhaitent.

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Dans la petite salle du Planning familial où Anne-Marie Rodier, la présidente de l'antenne marnaise, a l’habitude de recevoir des femmes en recherche d’écoute et de bienveillance, il y a partout des affichettes, des prospectus, des posters qui rappellent que l’avortement est un droit. "Oui, le droit d’avorter est garanti par la loi", peut-on lire sur ce dépliant. "Avorter, est un droit fondamental", peut-on lire encore sur cette affiche au fond vert. Et fondamental, ce droit l’est encore plus depuis ce lundi 4 mars 2024, date à laquelle le Parlement français a voté en congrès à Versailles, l’inscription dans la Constitution de "la liberté garantie pour la femme de recourir à l’interruption volontaire de grossesse". Le recours à l'avortement est donc désormais protégé par la Constitution de la 5ème République.

Pour Anne-Marie Rodier, la présidente du Planning familial de la Marne, cette inscription de l’IVG dans le texte de 1958, c’est un peu la consécration de longues luttes féministes : "Quand on est militante féministe, comme moi, on apprend l’histoire des femmes, l’histoire du droit des femmes et l’histoire de l’avortement. On sait qu’il a été interdit en 1920, au sortir de la guerre, par une loi qui a ensuite été renforcée sous Vichy. Il y avait encore dans la Constitution, à ce moment-là, l’interdiction d’avorter, explique-t-elle. Elle poursuit : "Il a déjà fallu du temps pour faire sortir l’interdiction d’avorter de la Constitution, aujourd’hui, il est écrit que les femmes ont la liberté de le faire. C’est une victoire".

Nous n’aurons plus peur qu’il y ait un retour en arrière et que, de nouveau, des femmes meurent suite à des avortements clandestins parce que le droit à l’avortement aurait été supprimé.

Anne-Marie Rodier, présidente du Planning familial de Reims

Déculpabiliser celles qui font le choix d’avorter

Le planning familial de la Marne, comme toutes les autres antennes de cette association en France, a pour vocation d’accompagner les femmes et de les informer sur leurs droits, dans les domaines qui touchent aux relations ou à la sexualité. Et il n’est pas rare, pour Anne-Marie Rodier, comme pour toutes les militantes qui accueillent ces femmes qui souhaitent avorter, de constater que parmi les freins, le regard de l’entourage ou de la société peut énormément peser. "Nous accompagnons des personnes qui voudraient recourir à l’interruption volontaire de grossesse. Nous ne sommes pas là pour donner des conseils, rappelle Anne-Marie Rodier, mais bien pour accueillir et écouter ces femmes. Dans la plupart des cas, leur situation personnelle ne leur permet pas de poursuivre leur grossesse, mais moralement, elles n’osent pas avorter, c’est encore un tabou pour certaines personnes".

Et la présidente de rappeler et rappeler encore ce que dit chaque affichette, chaque prospectus, chaque dépliant : avorter est un droit, garanti par la loi Veil de 1974. Mais avec l’inscription de cette liberté dans la Constitution, "cela va vraiment changer notre façon d’envisager la rencontre avec ses femmes. Pour celles qui ont l’impression de faire quelque chose de mal, mais qui ont besoin de le faire, on va pouvoir leur dire que la Constitution protège ce droit, que députés et sénateurs ont voté pour qu’il devienne irréfragable".

C’est devenu une force pour que les femmes puissent se sentir libres.

Anne-Marie Rodier, présidente du Planning familial de Reims

Rester vigilant.es

Indéniablement, l’inscription de l’IVG dans la Constitution sera donc un soutien au quotidien pour légitimer le choix des femmes d’avoir recours ou non à l’avortement. D’autant que les mouvements qui refusent aux femmes ce droit de choisir sont de plus en plus présents et virulents, selon la présidente du Planning familial. "Avec tous les mouvements anti-choix qui se développent, et notamment sur les réseaux sociaux, il y a quand même une critique très grave et très présente de l’avortement, constate Anne-Marie Rodier. Quand on voit ce que les sénateurs et députés ont reçu comme courriers, avec de petits embryons en plastique, il y a quand même un lobbying contre l’avortement qui existe en France, et cela pèse sur le choix des femmes".  

Les militantes et militants du Planning familial espèrent donc que cette inscription dans la Constitution permettra de faire évoluer les mentalités, et qu’elle ne restera pas lettre morte. "Ici à Reims, ou dans la Marne, il y a encore des difficultés, pour les femmes, de trouver un lieu pour l’avortement. Parfois, des femmes sont obligées de se rendre dans d’autres départements, de faire des kilomètres alors que l’IVG nécessite plusieurs rendez-vous. Donc oui, cette inscription, c’est une victoire pour les femmes, mais en même temps, il faut que cette victoire soit mise en application par des moyens".

Pour l’association, cela signifie donc plus de centres dédiés, plus de médecins, plus d’accompagnement et d’information. Pour que la liberté d’avoir recours à l’interruption volontaire de grossesse ne soit pas qu’un article dans un texte de 1958, mais bien une réalité pour les femmes d’aujourd’hui et de demain.

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