Après le CHU de Reims, Grand Est Europe, le conseil régional du Grand Est vient d'annoncer son départ du réseau social X. Quitter X ou pas, c'est la question que se pose nombre de médias, de femmes et d'hommes politiques. Pour la Région Grand Est, le pas est franchi.
À la veille de l'investiture de Donald Trump, ce lundi 20 janvier, et avec elle, l'arrivée "au pouvoir" d'Elon Musk comme ministre de l'efficacité gouvernementale, nombreux sont ceux, hommes ou femmes publiques ou pas, à quitter X. Une question de valeur, d'éthique évoquent-ils. Il en irait de la démocratie. Certains pensent aussi qu'il faut rester pour lutter. D'autres imaginent la lutte ailleurs et autrement.
La Région Grand Est, elle, a pris sa décision. Dans un communiqué de presse, Franck Leroy le président l'annonce ainsi : "Au revoir X, la Région Grand Est tourne la page. Au fil des années, la plateforme X (anciennement Twitter) s’est imposée comme un outil central pour nos missions publiques. Elle nous a permis d’échanger directement avec nos concitoyens, journalistes, médias, d’informer sans filtre et de faire vivre les débats démocratiques. Mais aujourd’hui, force est de constater que cet outil s’est transformé en un vecteur de division. Rester sur X en 2025, c’est fermer les yeux sur une dérive préoccupante : celle d’une plateforme où l’algorithme amplifie la haine, le racisme, promeut les mensonges et valorise les discours extrémistes. C’est cautionner un système qui contribue au recul des libertés individuelles, des droits sociaux et des valeurs démocratiques".
Construire des outils numériques éthiques
La région Grand Est ne ferme pas son compte "afin de ne pas être usurpés par d’autres utilisateurs" et continuera à exister sur les réseaux sociaux; "Nous continuerons à dialoguer activement avec nos concitoyens sur d’autres plateformes comme Facebook, Instagram, LinkedIn et BlueSky..Nous resterons également vigilants quant à leur évolution. Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans le débat public, et nous n’hésiterons pas à réévaluer notre présence si ces outils venaient à adopter des logiques similaires à celles de X".
Si le compte de la région Grand Est est désactivé, celui de Franck Leroy le sera aussi. "Cette décision ne signifie pas un retrait des espaces numériques. Nous continuerons d’assurer notre mission d’information et de dialogue par d’autres moyens. Les canaux régionaux, avec notre magazine et ses éditions régionalisées, nos rencontres sur le terrain, et nos échanges directs permettront de maintenir un lien fort avec les habitants de la Région".
Dans un entretien paru lundi 13 janvier sur le site internet de France 3, Alexis Levrier, maître de conférences à l'Université de Reims et historien de la presse et des médias expliquait : "Si on y reste c'est une illusion de pluralisme, c'est une illusion de débat. Les règles seront définies par quelqu'un qui veut de manière explicite faire gagner ces idées. Il n'y a que des mauvaises solutions. Fuir, ce n'est pas la garantie qu'on trouve l'équivalent et rester, c'est accepter leurs règles. C'est être dans un match de foot où l'arbitre va constamment valoriser l'équipe adverse. Est-ce que ça vaut le coup de jouer quand même ? C'est la question qu'on peut se poser: faut-il renoncer à jouer ce match quitte à être considéré comme un perdant... Il n'y a que des mauvaises réponses à cette question."
Franck Leroy, le président de la région Grand Est va plus loin encore. Il en appelle à l'ensemble des acteurs publics et privés et leur demande "d'engager une réflexion sur l’avenir des espaces numériques. Il nous faut construire des outils numériques éthiques, respectueux des citoyens et au service de la démocratie. En quittant X, nous affirmons notre volonté de rester fidèles à nos valeurs et de contribuer, à notre échelle, à un débat public plus serein et respectueux".