C'est ce que révèle Norbert Hericord, 90 ans, un agriculteur périgourdin. Après avoir vécu 72 ans avec ce lourd secret, il a décidé de soulager sa conscience en racontant l'assassinat auquel il a assisté en juillet 1944, celui d'une Alsacienne que des maquisards ont confondu avec une Allemande.
En juillet 1944, Norbert Hericord rend visite à des amis du maquis installés dans une ferme près de chez lui à une vingtaine de kilomètres de Périgueux. Quand il arrive dans la cour de la ferme, il voit une jeune femme d'une vingtaine d'année qui tourne en rond dans la cour, talonnée par un maquisard fusil pointé et doigt sur la cachette.
Le jeune Norbert se renseigne, la jeune femme est une Alsacienne, elle a été arrêtée un peu plus tôt à la gare du village où elle était descendue. Elle aurait déclaré être venue de Périgueux pour rendre visite à son bébé élevé dans une famille d’accueil de Saint-Geyrac, à trois kilomètres de là.
« Il y avait des maquisards, ce matin-là sur le quai de la gare, ils ont dû lui dire deux ou trois bêtises, et elle a eu tort de répondre » déclare Norbert Hericord. En effet, l’accent alsacien de la jeune femme éveille les soupçons des maquisards. Ils décident de l’interpeller et la font monter à pied dans la ferme qui leur sert de repère sur les hauteurs du village.
Là, un tribunal improvisé est appelé à décider du sort de la malheureuse. Mais auparavant, l’un des maquisards Robert Daubisse ordonne de creuser un trou. « Vous comprenez, ils ont creusé le trou, avant de la juger. Elle était déjà condamnée ! » s’indigne Norbert.
Au terme d’un interrogatoire de dix minutes, la jeune femme sort de la ferme en pleurant. Deux maquisards, la prennent par le bras et l’emmènent derrière la grange. Norbert entend deux détonations. Il ne reverra plus la jeune femme.