En 2001, Laurence Fritz, 25 ans, meurt dans un accident de voiture. Sa famille crée une association de prévention, puis une autre, d'aide aux victimes de la route, et lutte pour faire évoluer les pratiques et les mentalités. Dix-huit ans plus tard, sa mère Monique raconte ce combat dans un livre.
18 ans plus tard, il est temps pour elle de partager cette expérience par le biais d'un livre. "Le temps d'y réfléchir, et d'en faire quelque chose pour les autres". Même si elle n'a pas attendu tout ce temps pour transformer son deuil en courage, et son désespoir en force de lutte, au profit d'autrui.
Depuis 18 ans, un combat pour la vérité et pour les autres
Car très vite, à peine quelques semaines après la mort de Laurence, les questions surgissent : pourquoi des arbres plantés aussi près de la route où Laurence a péri ? Pourquoi n'y a-t-il pas de glissière de sécurité ? Quelles mesures concrètes sont prises pour améliorer la sécurité routière ? Pourquoi l'Education nationale offre-t-elle seulement trois jours de congés pour la perte d'un enfant ? Quelle est la place du deuil dans la société ? Après un tel drame, "le regard sur la société change du tout au tout, explique Monique Fritz, et on commence à se demander qui ment."
Elle reprend donc la plume, en quête de vraies réponses. Ecrit d'innombrables lettres et mails aux hommes politiques, à l'Education nationale, à l'administration. Insiste, téléphone, recommence, tant qu'elle se heurte à des silences ou de la langue de bois. Dix-huit ans plus tard, bon nombre de ses questionnements restent ouverts : "J'attends toujours la réponse de l'Education nationale concernant le nombre d'heures obligatoires d'enseignement de la sécurité routière dans les collèges et les lycées", confie-t-elle. Le best of de ces courriers et de leurs (non-) réponses figure dans la deuxième partie du livre.
Deux associations : pour la prévention, et l'aide aux victimes
Mais rapidement, ils comprennent que plusieurs associations font de la prévention, alors que personne ne s'occupe des victimes blessées et de leurs familles. D'où la création, dès 2004, de l'association, AIVAR (Association d'Aide aux Victimes des Accidents de la route). Totalement indépendante, elle propose des aides juridiques, mais aussi un soutien psychologique, dont un groupe de parole où les personnes peuvent partager leurs préoccupations et leur souffrance.
En outre, l'AIVAR poursuit son travail de prévention, en préférant les actions symboliques et les messages positifs aux images chocs qui peuvent rebuter. Parmi les manifestations organisées par l'association : des chaises vides disposées place Kléber à Strasbourg, une par personne victime d'un accident de la route dans le Bas-Rhin sur une année. "Parfois il y en a 40, parfois 60, explique Monique Fritz. Les passants en voient donc le nombre en un coup d'œil." D'ordinaire, dans les rubriques "faits divers" des journaux, il est fait mention d' "un tué" ou d' "un blessé grave". "Mais si on les additionne, ça en fait beaucoup. Et leur chaise restera toujours vide, une vie entière."
L'ensemble des actions déjà menées, et des courriers déjà envoyés par Monique Fritz pourrait bien lui servir de base à un second livre. Pour l'instant, elle vient de présenter le premier à la librairie Kléber à Strasbourg, afin de faire connaître ce combat le plus largement possible. "Et ça va continuer tant que je vivrai", promet-elle.