A Vieux-Thann, l'association Mobilité Mod'Emploi aide des demandeurs d'emploi en situation de précarité à mieux pouvoir se déplacer. Elle propose, entre autres, des ateliers d'apprentissage du code de la route et des leçons de conduite adaptées.
Par Sabine Pfeiffer
A l'origine de la création de Mobilité Mod'Emploi, un constat : le frein principal pour trouver du travail dans le pays Thur Doller, c'est la mobilité. En effet, dans ce territoire semi-rural de 46 communes et près de 70.000 habitants, beaucoup de demandeurs d'emploi peinent à trouver ou retrouver un emploi, faute de moyens de déplacement.
Sur la base de ces constats, dès 2013, la Maison de l'Emploi et de la formation de Mulhouse Sud Alsace a mis en place une série de dispositifs et d'accompagnements adaptés. Et dès l'année suivante, l'association Mobilité Mod'Emploi a vu le jour, afin de prendre le relai. Parmi les aides proposées: un accompagnement personnalisé, des ateliers de préparation au code, des cours de conduite accompagnée, et bien d'autres choses encore.
Des ateliers mieux adaptés pour apprendre le code de la route
J'ai découvert cet atelier par ma conseillère pour l'emploi. Je vais acquérir beaucoup de choses, ici.
Brigitte Folk, participante
Les participants arrivent ici par le biais de travailleurs sociaux, de Pôle emploi ou d'associations d'entraide comme Emmaüs. Tous sont en recherche d'emploi, mais freinés parce qu'ils n'ont pas le permis. "J'ai découvert cet atelier par ma conseillère pour l'emploi. Je vais acquérir beaucoup de choses, ici. Mais c'est plus détendu qu'en ville" estime Brigitte Folk, l'une des participantes. Mobilité Mod'Emploi propose ce type d'ateliers dans ses locaux à Vieux-Thann, mais également à Thann, Altkirch, Guebwiller, et dans plusieurs Esat, à l'attention de travailleurs en situation de handicap.
Les participants peuvent y prendre part aussi longtemps qu'ils le souhaitent, sans limites financières, puisqu'il ne leur est demandé que 10 euros d'adhésion annuelle à l'association. "D'un point de vue tarifaire, c'est plus bénéfique. Pour des personnes qui ont des difficultés, c'est beaucoup plus avantageux" reconnait Patricia Keller, une autre participante.
Cette quasi-gratuité est rendue possible par des subventions, et par le bénévolat des animateurs – généralement des travailleurs sociaux retraités, comme Bernard Schellenberger. Pour lui, malgré les apparences, ce service n'est en rien concurrent à la mission des auto-écoles. Bien au contraire : "Les personnes que nous accueillons ici préparent le code avec nous" explique-t-il. "Mais quand elles sont prêtes, elles retournent à l'auto-école pour passer leur examen avec un inspecteur. Au contraire, nous sommes complémentaires." En permettant à des personnes fragiles, qui ont souvent connu des situations d'échec, de finir par réussir malgré tout, grâce à des leçons-ateliers moins anxiogènes et mieux adaptés à leur niveau.
Des leçons de conduite complémentaires et moins chères
Pour éviter les échec, l'association Mobilité Mod'Emploi tient aussi compte d'autres facteurs. Aux personnes particulièrement sensibles qui perdent leurs moyens devant un examinateur, elle propose quelques séances avec un psychologue. "On organise des stages anti-stress" raconte Noël Knibihler "pour qu'elles s'habituent à parler, à prendre de l'assurance. Et ça les aide beaucoup à affronter l'examen." L'association fait aussi des formation auprès des assistantes sociales du Haut-Rhin, afin de mieux les sensibiliser à toutes ces questions liées au déplacement.
En six années d'existence, Mobilité Mod'Emploi a déjà accompagné près de 700 personnes. Chaque nouvel arrivant bénéficie d'un bilan personnalisé, réalisé par l'une des deux conseillères en mobilité insertion (les deux seules salariées de l'association). "Celui qui vient, on doit tout d'abord comprendre quel est son véritable problème" explique Noël Knibihler. Il peut aussi arriver à l'association d'aider certains bénéficiaires à mieux trouver et utiliser les transports en commun existants. Ou de les soutenir dans l'achat d'un véhicule, grâce à un partenariat avec une banque.
Par ailleurs, l'association souhaite aussi développer la mobilité douce. En partenariat avec Emmaüs, elle propose des vélos aux bénéficiaires en attente de l'obtention du permis. Et elle réfléchit à développer l'usage de vélos électriques et, pourquoi pas, de trottinettes.