Suite aux attentats de janvier 2015, la France fait face au terrorisme. En retrait depuis la suspension du service militaire en 1996, l’armée est redevenue une priorité nationale. L’opération Sentinelle lui a demandé une mobilisation exceptionnelle. Quel impact dans le Grand Est?
La région Grand Est se situe au cœur de la nouvelle stratégie de la France, une « terre de richesses militaires » comme l’armée aime l’afficher dans ses plaquettes promotionnelles. Au regard des chiffres, on veut bien le croire. Le Nord-Est de la France (de la Champagne-Ardenne à l’Alsace, du Nord à la Bourgogne) compte 50.000 militaires et agents civils, 5.300 réservistes, 76.000 hectares de terrain, 12 grands commandements et Etats-majors, 31 régiments, quatre bases aériennes. Ici, plus qu’ailleurs, une armée sur tous les fronts.
Face aux nouveaux enjeux, les besoins sont immenses. Des matériels militaires « dernière génération » arriveront prochainement dans le cadre de la loi de programmation militaire, mais l’armée a surtout besoin de recruter, l’armée de terre en particulier.
Une armée exceptionnellement jeune dans le monde. Sa moyenne d’âge est inférieure à 30 ans et cela pose parfois quelques soucis. Les jeunes soldats restent moins longtemps qu’avant. Fini le temps où l’on se projetait sur une carrière militaire. Les recrues recherchent désormais une expérience à faire valoir ultérieurement dans le secteur privé.
La professionnalisation de l’armée est-elle en danger ?
Pour ce nouveau numéro d’Enquêtes de région, nous avons rencontré Gilles Lillo, officier général de la zone de défense et de sécurité Est. Il est aussi commandant de la zone Terre Nord-Est. Quel genre de soldats cherchons-nous aujourd’hui en France ? Des geeks ? Des hommes de valeur ?« Je vais peut-être vous étonner, mais finalement, je ne cherche pas un soldat en particulier. Je prends des volontaires. Après, on en fera le soldat dont on a besoin ! ». L’armée veut rester un escalier social, un milieu où un simple palefrenier peut devenir un pilote d’hélicoptère. « Fabriquer » un soldat passe donc d’abord par les valeurs, « valeurs de courage, d’abnégation, de sens du collectif, de bienveillance, mais en même temps de rigueur quand il le faut… "
La valeur que je mettrais en avant, c’est cette fraternité permanente »
- Gilles Lillo -officier général de la zone de défense et de sécurité Est
Entraînement et formation
Face à la complexité du recrutement aujourd’hui, l’armée mise beaucoup sur la formation et l’entraînement. Nous sommes allés au centre d’entraînement (Centac) de Mailly-Le-Camp dans l’Aube : on y apprend le combat de haute intensité. « Le creuset de ce qui se fait de plus exigeant dans la mise en situation de nos unités opérationnelles, dans la préparation avant de les envoyer en opérations extérieures », se plaît à rappeler le général Lafont-Rapnouil, commandant du Pôle Champagne dont fait partie le Centac. « C’est le même soldat qu’on envoie au Mali, sur le territoire national, en Irak ou au Liban. Le point commun, c’est la formation et l’entrainement qu’on lui offre. On développe chez lui des savoir-faire, mais également un savoir-être qui lui permet de s’adapter à n’importe quel type d’environnement ». Au Centac, on travaille les fondamentaux du combat. Tous les soldats de l’armée de terre ou presque y passent. Ils apprennent et réapprennent tout au long de leur vie militaire.
[#exclusivité] Le @CENTACOfficiel ? a accueilli les 4 et 5 mars une équipe de tournage de @France3CA pour l'émission "Enquêtes de région" consacrée aux militaires du Grand Est ? Une belle expérience sur votre ? le 17 avril après le Soir 3!!! (?CENTAC) @armeeszne @armeedeterre pic.twitter.com/sTcQclWHip
— CENTAC-1er BCP (@CENTACOfficiel) 7 mars 2019
Désormais, la logique de formation et d’entraînement va plus loin. L’armée veut avoir un coup d’avance en allant chercher les jeunes plus tôt encore dans leur cursus. Nous avons suivi la première apprentie issue du milieu civil formée sur la base aérienne de Saint-Dizier en Haute-Marne. A seulement 16 ans, Marine sait qu’elle aime les avions. Voudra-t-elle vraiment devenir soldat ?
Enquêtes de région, « L’armée sur tous les fronts », mercredi 17 avril après le Soir 3
Une émission des rédactions de France 3 Alsace, France 3 Lorraine et France 3 Champagne-Ardenne.