Les fusions de communes ne sont pas choses faciles. Dans les Vosges, Aumontzey et Granges-sur-Vologne doivent s'unir pour le meilleur et pour le pire le 1er janvier 2016. Mais certains habitants d'Aumontzey, la plus petite des deux, voient surtout le pire.
Il y a les arguments comptables : la ville de Granges est endettée, l'eau y est plus chère... les protestataires d'Aumontzey craignent de payer pour les autres. Le maire, qui a lancé cette fusion au pas de charge, dément. Et avance au contraire une hausse de la dotation de l'Etat, "récompense" pour les communes qui s'unissent.
Mais le refus de la fusion c'est aussi - et peut-être surtout - une question d'identité. En perdant son hôtel de ville et son maire, le village va-t-il disparaître ?
Philippe Petitgenet, maire pour encore trois mois, balaye ces arguments. Les Azmontains resteront Azmontains (la commune nouvelle s'appellera Granges-Aumontzey). L'élu voit surtout dans cette entité de 2800 habitants l'opportunité d'une dynamique économique renforcée. Et en passant, Aumontzey tourne le dos à la communauté de communes de Bruyères pour rejoindre celle de Gérardmer, plus opulente...
Reportage à Aumontzey
Des unions peu fréquentes
La fusion a longtemps été le moyen privilégié par l'Etat pour diminuer le nombre de communes en France (36 000, record d'Europe) et en particulier le nombre de petites communes, souvent peu viables. Mais malgré des incitations financières, la procédure n'a jamais eu un grand succès : à titre d'exemple, deux fusions ces vingt dernières années dans les Vosges (532 communes). Les freins sont plus souvent psychologiques que politiques ou économiques. Certaines fusions se sont même terminées par des reprises "d'indépendance" quelques années plus tard.Actuellement les préfets encouragent plutôt les communautés de communes ou d'agglomération. C'est même devenu obligatoire, aucune commune aujourd'hui n'échappe à ces regroupements. Ce qui leur permet de mettre les moyens en commun, tout en conservant chacune son conseil municipal et son maire.
Des maires qui, dans les villages, perdent du coup leurs compétences : voirie, assainissement, ordures ménagères, zones artisanales voire urbanisme : les "com.com" gèrent presque tout. Bientôt, les "petits maires" n'auront plus que... les mariages.