"On ne sait plus quoi faire" : quand un incendie révèle la détresse de la famille d'Idris, atteint d'autisme sévère

Une semaine après l'incendie de leur appartement au centre-ville de Mulhouse, la famille Brahimi appelle à l'aide. Leur fils Idris étant atteint d'autisme sévère, leurs conditions d'hébergement, même temporaires, ressemblent à la goutte d'eau qui va faire déborder le vase.

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Inlassablement, Idris revient vers cette poignée de porte. Il veut sortir. Ses parents et son frère ont essayé de lui faire comprendre la gravité de la situation, de lui rappeler que leur appartement avait brûlé dans l'incendie du 28 janvier au centre-ville de Mulhouse (Haut-Rhin), qu'ils étaient temporairement logés dans un hôtel Formule 1 en attendant le relogement définitif. Mais rien n'y fait : Idris veut sortir. "Il ne comprend pas pourquoi on n'est pas chez nous, confie sa mère Corinne Brahimi. Pourtant il était là quand le feu a pris. Il a tout vu. Mais il est quand même perdu."

Le problème, c'est qu'Idris Brahimi souffre d'une forme sévère de l'autisme : il communique seulement de façon non-verbale, peut être sujet à des accès de violence, et est susceptible de se mettre en danger. C'est la raison pour laquelle leur ancien appartement était spécifiquement équipé pour prévenir ce genre de mésaventure. "Nous avions installé des poignées à clé pour pouvoir fermer toutes les portes de l'intérieur, des caméras de vidéosurveillance pour pouvoir sortir sans risque."

Autant d'outils dont les proches d'Idris sont désormais privés pour un temps indéterminé, et ce en pleine période de bouleversement conséquent pour toute la famille, puisqu'elle sera sans doute amenée à changer à plusieurs reprises de domicile dans les prochaines semaines, dans le sillage de l'incendie. "On est dépassés par les événements, souffle Corinne Brahimi, elle-même atteinte d'une grave maladie cardiaque. Il faut que notre fils soit pris en charge par une structure spécialisée, ça devient urgent. Je ne sais pas ce qui peut arriver car on ne contrôle plus grand-chose."

Idris refusé dans plusieurs structures spécialisées

Cette impression de se trouver sur une ligne de crête quelques jours après l'incendie de leur appartement, a sans doute contribué au choix des proches d'Idris de faire la lumière sur leur situation. Dans un courrier adressé aux élus locaux, à trois ministres et à plusieurs médias, la famille d'Idris estime avoir été hébergée "dans des conditions indignes et dangereuses" compte tenu de leurs "besoins médicaux reconnus". Au nom du "droit à l'hébergement digne", elle réclame un relogement rapide et adapté d'un côté, et de l'autre une prise en charge spécifique pour leur fils Idriss.

Face à ce cri de colère, la Ville de Mulhouse, la collectivité publique en charge de l'hébergement d'urgence sur son territoire, reconnaît "une situation dramatique". "Mais la procédure d'accompagnement se fait de concert avec les familles, précise Marie Corneille, adjointe au maire déléguée aux solidarités. Dans certains cas, le dialogue est difficile." Les Brahimi seront transférés dès le 5 février vers un hôtel plus proche de leur ancien appartement, pour que l'environnement soit "plus familier" pour Idris. Mais l'angoisse d'un accident prédominera quand même, selon sa mère Corinne Brahimi.

Soit on nous dit qu'il est trop âgé pour intégrer des structures dédiées aux enfants, soit on ne nous donne aucune justification

Corinne Brahimi, mère d'Idris et victime d'un incendie à Mulhouse

Le problème est en réalité bien plus profond et lointain que celui de la mise à l'abri après l'incendie. Depuis l'âge de 10 ans, les parents d'Idris essuient refus sur refus de la part des structures spécialisées dans la prise en charge de l'autisme. "Soit on nous dit qu'il est trop âgé pour intégrer des structures dédiées aux enfants, soit on ne nous donne aucune justification", déplore Corinne Brahimi. Le degré d'autisme de son fils, ainsi que l'investissement conséquent nécessaire pour sa prise en charge, pourraient avoir dissuadé certaines d'entre elles, selon ses proches.

La France a été jugée "en violation" de la Charte sociale européenne à deux reprises, en 2004 et 2014, suite à une saisine de l'association Autisme-Europe pour dénoncer une "prise en charge insuffisante" de l'éducation des enfants et adultes autistes. Le gouvernement s'est engagé à "déployer de nouveaux lieux de vie pour les adultes autistes ayant un profil très complexe" dans sa stratégie nationale 2023-2027 pour les troubles du neurodéveloppement. La situation de détresse dans laquelle est plongée la famille Brahimi depuis l'incendie du 28 janvier rappelle à quel point ces mesures sont primordiales. 

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