Le samedi 1er février 2025, un policier a été blessé au cours d'une intervention à Chaumont (Haute-Marne). Le suspect d'origine afghane en situation régulière a été incarcéré en attendant son procès.
Un policier en service a été blessé au cours d'une intervention. Les faits se sont produits le samedi 1er février 2025, à Chaumont (Haute-Marne).
Denis Devallois, le procureur de la République chaumontais, a confirmé à France 3 Champagne-Ardenne plusieurs des informations révélées par le média en ligne Actu17, traitant des actualités policières. Deux policiers procédaient à l'interpellation d'une personne de nationalité afghane, qui se trouvait en situation régulière sur le territoire français, au moyen d'un titre de séjour "conforme".
Les circonstances précises de l'intervention sur la voie publique n'ont pas été divulguées par le parquet, mais ce dernier confirme que l'un des policiers a été blessé. Il lui a été reconnu six jours d'interruption totale de travail (ITT).
Une date de procès fixée
Le suspect, dont l'état de santé physique ou psychique n'a pas été indiqué, a été placé en garde à vue pour "rébellion". Ce délit est prévu à l'article 433-6 du code pénal, qui dispose que "constitue une rébellion le fait d'opposer une résistance violente à une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public agissant, dans l'exercice de ses fonctions, pour l'exécution des lois, des ordres de l'autorité publique, des décisions ou mandats de justice".
L'article précise qu'une peine de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende est prévue si la culpabilité est reconnue. Aucune indication n'a été fournie sur les risques éventuels pesant sur son permis de séjour, mais le cas échéant, un retour en Afghanistan pourrait constituer un risque grave selon une ONG spécialisée.
Après cette garde à vue, il a été entendu en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel. Son procès a finalement été renvoyé au lundi 24 mars 2025, ce qui est permis aux prévenus souhaitant disposer de plus de temps pour organiser leur défense, ou bien pour mener des expertises complémentaires. Dans l'attente de ce procès, l'individu a été placé en détention provisoire, c'est-à-dire incarcéré, au sein de la maison d'arrêt de Chaumont.
Des coups violents
Le procureur a précisé que le suspect est "défavorablement connu des forces de l'ordre". Sollicité par France 3 Champagne-Ardenne, le syndicat policier Unité (Un1té), manifestait à Paris pour faire entendre ses réclamations concernant le budget de la police. Son secrétaire national pour la zone est, Stéphane Morisse, a tout de même pu expliquer que "lors de troubles à l'ordre public, notre collègue est intervenu. Il a été pris à partie par un individu d'origine afghane." Le policier aurait voulu faire cesser des cris, ou alors des jets de pierre, selon les versions (voir la localisation de la ville de commission des faits sur la carte ci-dessous).
"Une intervention banale de police", donc. "L'individu s'en est pris violemment à notre collègue. Il l'a frappé à plusieurs reprises au visage. Il est littéralement défiguré", précise le responsable syndical, rappelant les six jours d'ITT. La violence des coups se reflète dans deux photographies de la victime, diffusées sur la page Facebook du syndicat. Elles ont été légèrement retouchées pour préserver a minima le droit à l'image et la vie privée du policier concerné.
"Ça va aller, pour le policier", essaye de positiver son collègue. "Mais quand on est agressé dans la rue, on rentre avec l'agression à la maison. C'est un collègue avec des enfants en bas âge : quand ils voient leur papa complètement défiguré, l'œil noir et l'arcade sourcilière ouverte, ça laisse des traces." L'impact psychologique n'est donc pas à minimiser.
Pas assez d'effectifs policiers
"C'était une intervention dangereuse", admoneste Stéphane Morisse, "dans des conditions toujours difficiles. À Chaumont, on a toujours un problème d'effectifs qu'on dénonce. On n'arrête pas de demander un réajustement des effectifs de brigade à l'administration, parce qu'en l'état actuel, nos collègues ne peuvent pas travailler en sécurité. Là, ça s'est démontré."
Nos collègues ne peuvent pas travailler en sécurité.
Stéphane Morisse, secrétaire national du syndicat policier Unité pour la zone est
Il tient à préciser : "à Chaumont, ils sont cinq dans le corps d'encadrement et d'application. Ce sont des gardiens de la paix ou des gradés. Cinq par brigade, alors que normalement, comme on le réclame, ils devraient être six. Mais depuis 2023, les administrations successives à Chaumont ne veulent pas nous donner raison. Or, aujourd'hui, c'est malheureusement nous qui avons raison."
"Avec un effectif supplémentaire, on aurait pu sécuriser davantage. Ils auraient pu être trois ou quatre titulaires. Là, on n'a eu 'que' des coups au visage, mais ça aurait pu être bien plus dangereux. "
Le policier blessé sera partie civile au procès. "On accompagne notre collègue à toutes les étapes judiciaires. C'est notre rôle. Cette agression est inacceptable, et on espère de la justice un soutien sans faille pour les forces de police, avec une sanction exemplaire. On espère qu'il sera pénalement responsable, car il est déjà connu défavorablement des services, et qu'il sera sanctionné à la hauteur des faits commis. Commettre des violences contre un policier, c'est attaquer la République." La réponse sera connue le lundi 24 mars.